Maybe {TOME 1 et 2} - TERMINÉ

-3-

Amber

Au bout de temps d'année, la pression s'accumule toujours dans mon ventre quand je vais les voir. C'est bizarre à dire, ou penser, alors en général je n'en parle à personne. Mais le reste du temps, je vis ma vie comme s'ils n'étaient pas morts. Mon cerveau ne s'y est jamais fait. J'ai toujours préféré me dire qu'ils étaient partis juste un long moment et qu'ils viendraient me retrouver, ou moi plutôt.

Cet endroit me rappelle qu'ils ne reviendront plus jamais. Ils sont juste partis pour la vie.

Mon cœur se resserre quand je passe l'entrée du cimetière. Ce lieu où règne la mort, la tristesse, la colère et tant d'autres sentiments. Je suis passée par tous que ce soit le sentiment d'impuissance, ou encore celui de leur en vouloir de m'avoir abandonné. Aujourd'hui, je suis arrivée au stade de l'acceptation ++.

Quand on perd ces parents aussi jeunes, nous perdons notre repère. Les personnes qui sont censés nous accompagner dans les grands moments de notre vie. Je n'ai jamais eu le sentiment d'être seule. Grand-mère a comblé une partie du vide que je ressentais mais j'ai toujours trouvé important de lister une liste.

La liste de toutes les choses qu'ils ont manqué dans ma vie et quand je viens les voir, je leur raconte. De cette manière, je suis persuadée de ne rien oublier. Même si je suis convaincue qu'il m'accompagne dans ma vie à chaque instant.

J'emprunte le sentier habituel. Mes pieds traînent dans les petits graviers blancs, j'y vais un peu à reculons. Mes parents ne m'en tiennent pas rigueur, je le sais, je le sens...

Le vent commence à se lever quand je m'approche de leur tombe. Et une larme se niche au coin de mon œil quand je lis leur nom « Maria et Peter BLEACK, 13/03/2017, partient main dans la main ». Un petit sourire se glisse sur mes lèvres à la lecture de cette phrase que j'ai choisi sept ans plutôt. Je me souviens bien du jour de mon choix. J'ai pleuré toutes les larmes que je possédais à la lecture des phrases toutes faites :

· Parti trop tôt.

· On ne vous oubliera pas.

Tu restes à jamais dans nos cœurs.Tout passe, tout s'efface, sauf le souvenir.Repose en paix mon ange.

Je ne pouvais graver cela sur leur tombe. Ils méritaient une phrase authentique, rien que pour eux.

Mes parents m'ont aimé chaque jour un peu plus mais ce qu'ils les faisaient vivre c'est eux-mêmes. L'amour qu'ils se portaient était démesuré ou immesurable. Il n'était pas trop, ils ne s'aimaient pas trop. Mais juste assez, comme ils aimaient tant le répéter.

— Bonjour papa et maman, ça fait longtemps, m'asseyais-je auprès deux.

Évidemment, seul le silence me répondit. Malgré tout, le soleil qui perse les nuages de mars me dit qu'ils sont là. Prêt à écouter tout ce que j'ai à leur raconter.

— Si vous le voulez bien, je vais commencer par lire notre histoire. Pour... un sanglot m'échappa.

Le plus dur c'est de faire comme s'ils me répondaient. Ma gorge se noue, je prends quelques instants pour pleurer.

— Je suis désolée de ne pas être venue, éclatais-je. Tous les ans je vous fais la promesse de venir plus mais... mais j'en suis incapable, finissais-je les joues pleines de larmes.

A cet instant précis, le soleil dominait la totalité du ciel. Plus aucun nuage ne venait occulter sa lumière. Lui seul brillait et il réchauffa d'abord mon corps puis mon cœur.

— Merci... essuyais-je mes larmes. Je suis prête.

A peine eussé-je commencer à ouvrir notre livre, que j'étais déjà replongée dans mes souvenirs.