Maybe {TOME 1 et 2} - TERMINÉ

-25-

Wayne

Novembre

— ­­Ne frappe pas comme ça, me corrige mon père, la force ne fait pas tous.

— Dans tous les combats, si tu es plus fort, tu gagnes à tous les coups, fis-je le malin en tapant plus fort dans le sac.

— Je vais te prouver le contraire.

Je le vois monter sur le ring à côté, il se retourne m'interrogeant du regard, «tu comptes venir ?». Je secoue la tête négativement.

— Je ne me battrai pas avec toi, déclarais-je.

Il se mit à rire de bon cœur, mais une pointe de malice si dissimule.

— Tu crains de faire mal à ton vieux père ? Aller arrête de discuter, je n'ai pas toute la journée.

— Ne te plains pas si je te blesse, le mis-je en garde.

Ma défense est haute, je n'attaque pas le premier. C'est ce qu'il m'a appris, «jamais taper le premier». Je recule d'un pas quand il tente de s'avancer et échappe de peu à sa droite qui allait se fracasser contre ma joue.

Si tu veux la jouer comme ça père.

Un passement de jambe et je me retrouve derrière lui, je suis prêt à lui mettre un poing quand celui-ci s'écrase dans sa main.

Il a arrêté ma frappe ?

Déboussolé, je n'ai même pas le temps de comprendre que son poing rencontre ma joue droite. Je titube mais je ne tombe pas.

— Tu as plus de force, c'est vrai, intervient mon père. Mais j'ai quelque chose que tu n'utilises pas...

— Quoi, dis-je en remontant ma garde.

Il ne répond pas tout de suite, ses yeux qui ressemblent tant au mien me fixent et attendent une action de ma part. On se tourne autour pendant ce qui me semble une éternité. Je perds patience, profitant d'un déséquilibre de sa part, je m'élance pour le frapper dans le ventre. Un petit saut à droite et il esquive une nouvelle fois mon coup. Énervé par sa petite mascarade, je ne réfléchis plus sur la délicatesse de mon mouvement, je baisse ma garde pour le frapper au visage. Cette fois-ci, il ne le voit pas venir et c'est à son tour de tituber. Je triomphe un peu trop vite, et d'un coup de balayette je me retrouve au sol.

Un coup de pied ?

Mes yeux rencontrent de nouveau les siens, un sourire triomphe sur son visage. Il reprend son souffle avant de dire :

— La force n'est pas essentielle mon garçon, commence-t-il en me tendant une main. Un homme qui utilise son cerveau te vaincra toujours.

Silence.

— J'ai joué avec ton égo, et j'ai gagné.

La tête baissée, j'écoute les sages paroles de mon père.

— Rappelle-toi que dans un combat qu'il soit sur un ring ou dans ta vie, ce qu'il y a là-dedans, dit-il en indiquant ma tête de son doigt, et là, en désignant mon cœur, sera toujours ta meilleure chance de vaincre tes ennemis.

Il s'éloigne, me laissant miroiter seul sur ces derniers mots.

Je tape de plus en plus fort dans les protections de Tyler, chassant ces souvenirs qui se permettent de revenir sans y être invités. Il ne me dit rien, jusqu'à la frappe de trop qui le fait tomber au sol.