Maybe {TOME 1 et 2} - TERMINÉ

-6-

Amber

            Assise au bord de son lit, je sens son cœur battre sous mes doigts. La main posée sur sa poitrine, je m'assure qu'il ne s'arrête pas un seul instant de battre. Les médecins m'ont dit qu'elle était sortie d'affaire, qu'elle ne risquait plus rien, mais c'est trop dur pour moi de les croire. J'ai failli perdre deux fois ma grand-mère en une seule soirée, je refuse de ne pas voir venir la troisième fois potentielle.

            En regardant autour de moi, mon cœur se réchauffe. Chacun de mes amis est auprès de moi. Tina est profondément endormie dans le fauteuil du fond de la chambre, tandis que Grace est posée sur les genoux d'Andrew, les deux dorment collés, ce qui me rappelle des souvenirs merveilleux. J'ai le sourire aux lèvres, quand je repense à la façon dont lui et moi dormions chaque nuit. Pas une seule seconde, nos corps n'étaient pas emboités, pendant la nuit, on fusionnait, il n'y a pas d'autres mots.

            Le croyant endormi lui aussi, je le regarde. Il dépasse de la chaise sur laquelle il est posé, les bras croisés, ces muscles ressortent. Une mèche de cheveux brunes lui tombe sur les yeux, et je ne résiste pas quand l'envie de me lever me prend. Un petit ricanement m'échappe quand j'observe la position, si peu confortable, dans laquelle il dort. Sa tête tombe sur le côté et ces jambes sont étendues en long. Son dos doit taper sur le bois de la chaise, mais cela ne semble pas le gêner.

            Quand j'arrive à sa hauteur, mes doigts parlent pour mon cœur, pour ce qui me consume. Ils trouvent son visage et rangent délicatement cette mèche de cheveux qui cache ses jolis yeux. Sans le vouloir, ma vision se pose sur sa bouche charnue, et je rêve que d'une chose c'est de m'y fondre. 

            Mon cœur se resserre quand j'ai conscience que ma grand-mère est là par ma faute, mais aussi la sienne. Appartenir à son monde est dangereux.

—   Est-ce que je suis prête pour ça, murmurais-je comme s'il allait me répondre.

Wayne se met délicatement à bouger, et sa tête a vacillé comme s'il allait tomber dans le vide. Il se réveille alors, et ses yeux se plongent dans les miens. Ma main est toujours posée dans ces cheveux, prise la main dans le sac.

            Je me précipite d'enlever ma main, mais il la rattrape sans trop de difficulté. Ses pupilles plongées dans les miennes, j'ai l'impression qu'on est plus que nous deux dans la pièce. Son visage se décontracte quand il s'aperçoit que c'est moi, et son sourire fait battre mon cœur un peu plus vite. Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau.

            Et quand celui-ci disparait, j'ai envie de lui crier de continuer. Il ouvre la bouche mais la referme la seconde d'après, interrogée par ce qu'il allait dire, j'incline la tête légèrement. Il semble pensif, mais quelques secondes après, incertain, il se lance :

—   Garde ta main dans mes cheveux, ils m'ont manqué... il marque une pause. Je veux dire tes câlins m'ont manqué.

Mon cœur rate un battement et comme si j'avais une nouvelle fois quinze ans, des papillons s'accumulent dans mon ventre. Les mots me manquent, alors je ne préfère rien dire. Ma main se détache de son bras pour aller caresser sa joue.

Et à ce moment-là, il plie sa tête contre mes doigts, comme s'il craignait que je reparte. Son geste équivaut celui d'un enfant de cinq ans et pourtant, il me fait fondre entièrement. J'ai envie de lui dire que je ne partirai plus, mais j'en suis incapable. Incapable de formuler une promesse que ça se trouve je ne tiendrai jamais.

—   Je ne te demande pas de me répondre, juste ne t'en va plus.

Comme s'il lisait dans mes pensées, il prononce ces mots qui me réchauffe un peu. J'hoche la tête, je ne peux peut-être pas être avec lui, mais je ne partirai pas pour autant.