Maybe {TOME 1 et 2} - TERMINÉ

-15-

Amber

Octobre

L'eau coule le long de mon corps, ma peau se réchauffe tout doucement. J'ai rêvé de cette douche il y a une éternité. Mes yeux se posent sur les fenêtres juste devant moi. Le paysage est vraiment magnifique, je ne connaissais pas cette partie de Portland. Mon reflet m'apparait. Je parcours alors mon corps avant de m'arrêter sur ces marques fraîches qui sont venues marquer mon poignet. Une larme s'échappe et vient se mêler à l'eau. Comme si elle n'avait jamais existé, elle disparaît très rapidement. Mais, la douleur qui se cache derrière est toujours bien présente. Un bruit retentit derrière moi, me faisant sursauter. Je bascule la tête à droite, pour voir qui est entré dans l'appartement. Le rouge me monte aux joues, à l'instant où je vois des yeux verts me fixer.

Me fixer est une façon de parler, ce sont plutôt mes jambes dénudées qu'il relooke. Un sentiment de malaise s'empare de moi. Ses pupilles me parcourent, me dévorent tout entière. Les siennes accrochées aux miennes, nos regards ne forment plus qu'un.

Je fonds littéralement dedans.

Plusieurs sentiments se battent à l'intérieur de moi. Pourtant, je n'arrive pas à décoller mon regard de lui. Son torse se soulève de quelques centimètres me prouvant que son souffle est aussi saccadé que le mien. J'ignore combien de temps il reste là à me fixer, mais à la vue de ses mains, la réalité me frappe de plein fouet. 

—     Ferme les yeux, lui ordonné-je.

Un petit sursaut et un sourire en coin apparaît sur son visage.

—     Ne fais pas genre princesse, répond-il.

—     Ferme les yeux, hurlé-je

—     Argh, quel rabat-joie.

Un long soupire plus tard, ses yeux se détournent enfin de moi. Je porte alors un peu plus d'attention à la pièce, à la recherche de quoi me sécher. L'eau étant éteinte, le froid s'empare de mon corps me faisant frissonner. Je pose mes mains sur mes bras, pour me procurer un peu de chaleur. Au même moment, mes yeux se posent sur la serviette que j'aperçois derrière le bloc de muscle en face de moi. Les yeux fermés, il paraît presque différent. La haine que j'ai pour lui s'évapore quand ses lèvres s'écartent.

—     Tu me fixes là ? me demande-t-il en ricanant.

Il est beau seulement quand il n'ouvre pas la bouche. Quel con !

—     Passe-moi la serviette, s'il te plaît, murmuré-je ces derniers mots.

—     Je ne peux pas, rétorque-t-il.

—     Arrête de jouer au con Wayne, elle est juste derrière toi.

—     Mais regarde, j'ai les yeux fermés, sa main passe devant ses yeux pour me l'indiquer.

—     Aller, insisté-je.

Il se met à exploser de rire. Un sourcil arqué, mon incompréhension augmente.

—     Ne me donne pas d'ordre princesse, finit-il par répondre.

Mes poils se hérissent au son de sa voix suave. Il avait employé le même ton cet après-midi : « Personne ne me manque de respect ». Un frisson s'empare de mon corps, me protégeant ainsi du danger en face de moi. Sans dire un mot de plus, je décide de me diriger moi-même vers la serviette. Je fais attention de ne pas tomber avec la petite marche du bac à douche en me tenant à la vitre transparente. Wayne recule plus proche de mon butin.

Il me fait chier jusqu'au bout.

Mon cœur tambourine à l'idée de passer aussi proche de lui complètement nue. Plus que quelques pas... Le grand brun s'adosse alors sur le petit meuble où se trouve la serviette. Mes ongles s'enfoncent dans mes paumes, et mon cœur s'emballe tellement que je le suspecte de pouvoir percevoir les battements.