Maybe {TOME 1 et 2} - TERMINÉ

-16-

"Si on veut obtenir quelque chose que l'on n'a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l'on n'a jamais fait."

Périclès

Amber

Octobre

J'ignore comment je me suis retrouvée là, dans ce couloir. Devant ces trois appartements. Mes pieds ont sans doute avancé tout seuls sans que mon cerveau réagisse. Mes yeux parcourent les trois portes devant moi, trois endroits réservés à chacun d'entre nous. Quelques années plus tôt, j'aurais rêvé d'une colocation entre nous, mais de nombreux évènements se sont passés. Wayne, malgré mon attirance qui refait surface pour lui, me fait terriblement peur. Je le perçois dans ses yeux, il ne sait pas sur quels pieds danser.

Il est perdu et inhumain.

Mais, une partie de moi lutte pour que je me laisse aller. Ce côté qui ne peut pas s'empêcher de comprendre pourquoi il a changé tout à coup. Cette volonté qu'ont mes sentiments de remonter à la surface à chaque fois qu'il s'approche un peu trop près.

Cette volonté de croire qu'il n'a pas eu le choix de nous rayer de sa vie.

De me rayer.

J'avance d'un pas.

J'ai encore tellement de questions à lui poser.

Arrivée devant sa porte, le bras battant, à de doigts de toquer, mon cœur tambourine contre ma cage thoracique. Si fort qu'il m'en coupe la respiration.

Tu vas lui dire quoi ? J'ai besoin de réponses, est-ce que c'est à cause de cela qu'il m'a abandonné ?

Mes mains tremblent et mon bras retombent le long de mon corps. Faire de nouveau face aux démons du passé fait très mal, notamment un qui t'a brisé le cœur.

Il t'aurait abandonnée dans tous les cas Amber.

Je secoue vivement la tête, laissant toutes ces pensées douloureuses au passé. Une larme s'échappe de mon œil quand je décide enfin de retourner dans ma chambre. Je claque à mon tour ma porte, un autre obstacle dressé entre nous. La pièce est sombre, la nuit est tombée et je n'ai même pas vu la journée passée. J'allume alors la lumière pour y voir plus clair.

Si je dois habiter là, autant faire comme chez moi.

L'appartement est spacieux et comme celui de Wayne, il n'y a pas vraiment de mur, juste de grandes fenêtres. Quelques heures auparavant, je n'aurai pas été rassuré dans un endroit avec aussi peu d'intimité. Mais, depuis l'effraction, je ne pense pas que l'intimité veuille dire grand-chose, si elle peut être brisée aussi rapidement. Les meubles sont très poussiéreux et peu chaleureux. La pièce est toute blanche, aucun signe de vie, aucun cadre, ni plante. Il n'y a pas de couleur, seuls les meubles sont noirs. L'appartement est très épuré et bien loin de celui qu'on partageait avec Grace.

Grace !

Comme une alarme qui résonne, je me souviens alors que je ne lui ai pas donné de nouvelles. La dernière fois que j'ai voulu la prévenir, mon téléphone affichait 0%.

Comme toujours quand j'en ai besoin.

À la recherche d'un chargeur, je remarque que l'appartement est configuré pareil que le sien. La cuisine à gauche de l'entrée, la chambre au fond et un salon qui sert de salle à manger par la même occasion. La salle de bain est de l'autre côté de la tête de lit, séparée d'une cloison, comme la sienne. D'ailleurs, je remarque qu'une seule différence, ce n'est pas une douche, mais une baignoire dans cet appartement.