Maybe {TOME 1 et 2} - TERMINÉ

-8-

Wayne

Septembre

Plus nous nous éloignons de cette soirée, plus je m'aperçois de ce que je viens de faire. La faire monter dans ma voiture égalise sans doute la pire des idées, mais j'aurais été incapable de la laisser partir avec lui.

Je sens le cuir du volant se refermer sous mes doigts quand je l'imagine avec Chase. Jamais je n'ai été jaloux et ce ne sera pas de lui, mais cette impuissance que j'ai ressentie est encore trop forte. Le voir se battre à ma place... pour elle.

Si ce n'est pas pour la protéger, qu'est-ce que je fais encore dans sa vie ?

Amber n'a plus besoin de moi. Et, je crois que c'est en partie pour ça que je l'ai faite monter dans cette voiture... dans ma voiture.

Avec moi.

Encore une fois, je n'ai pensé qu'à ma personne et absolument pas aux répercussions que ça aura sur elle. Parce que c'est inévitable... Tout mon entourage est menacé de près ou de loin. Et, qu'est-ce qu'on pourrait dire d'elle ? Que pourrait-elle représenter pour le gang adverse ? Arriveraient-ils à me déstabiliser grâce à elle ?

Mes yeux ne peuvent pas s'empêcher de la regarder. Discrètement, je l'observe sans qu'elle me voie. Sa respiration n'est pas régulière, même plus saccadée qu'au départ. Son doux visage, marqué d'une vilaine plaie sur le front, ne mérite pas de se retrouver dans ce genre de situation. Chacune de ses taches de rousseurs mérite d'être embrassée par une personne qui les chérit, non pas d'être colorée de sang. Ce qui représente la seule chose que je pourrais lui donner...

Pourtant, la réponse aux trois questions est inévitable.

Ce serait leur meilleur atout.

—     On va où Wayne ?

Te raconter toute la vérité.

Parce qu'il est temps que tu saches. Je veux que tu me fuies de ton plein gré. Je ne mérite pas l'attention que tu me portes princesse.

Mais, est-ce que cela représente vraiment ce que je veux ?

Mon regard fait baisser le sien et je crains qu'elle ne comprenne pas ce que je veux dire. Pourtant, la vérité ne sort pas de ma bouche, elle est bien trop dure à avouer.

Comment suis-je censé lui dire ?

Le Wayne que tu connaissais n'existe plus, je tue pour vivre. Si ce n'est pas moi le premier à actionner la gâchette, je serai celui avec la balle entre les deux yeux. Personne ne mérite une telle vérité. Personne ne mérite d'avoir cette charge sans l'avoir consenti. Personne ne mérite de voir son père mourir et hériter d'un tel supplice.

Mais si tu ne l'avais pas fait, tu serais déjà six pieds sous terre, ainsi que toute ta famille.

Bienvenue dans le milieu. Si tu ne te bats pas, ils sont dénués de scrupule.

—     Wayne, arrête-toi.

Sa voix est plutôt calme, mais j'entends la supplication derrière ces quelques mots. Cependant, aujourd'hui, à cet instant précis, j'ai décidé que c'était fini. Ça fait longtemps que je n'ai plus le droit de vivre et je n'ai pas envie de la faire tomber avec moi.

S'il faut devenir un con, je le serai.

S'il faut qu'elle me déteste, j'agirai pour qu'elle le fasse.

Et, s'il faut que je brise cette lueur dans ses yeux, je m'exécuterai sans aucun scrupule.

Alors, je décide de faire tout le contraire de ce qu'elle me demande. Mon pied s'enfonce sur l'accélérateur, faisant ronronner le moteur au passage. Le paysage devient plus qu'une trainée de couleur noire éclairée par le petit rayon de la lune. Un peu comme mon cœur qui se transforme en pierre, plus rien ne semble avoir de sens.

Finalement, ce soir aura été la pire soirée de ma vie. Je viens de renoncer à la seule chose que je m'autorisais, rêver. Peu importe que ce soit elle ou une autre, je n'aimerai personne. Aimer représente ce qui ne sera jamais envisageable pour quelqu'un comme moi.

Désolé papa.

Un cri rempli de douleur me ramène sur Terre rapidement. Si strident que j'en ai le cœur renversé. Perdu dans mes pensées, j'en ai presque oublié qu'elle était là.

—     Par pitié arrête-toiiiii...

Les joues humides, le corps sans vie.

—     Amber...

Son doigt tremblant se met à pointer devant nous. Son autre main se porte à sa bouche quand je m'aperçois que machinalement, je nous ai conduits tout près du QG.

—     Le... le pont...

Ce mot suffit pour que je me rue sur le frein. J'ai envie de lui crier que ça va aller, que je suis là. Mais rien ne sort de ma putain de bouche.

La voiture est à peine arrêtée qu'elle sort rapidement. Je vois ses yeux se refermer, évacuer toutes les larmes qu'elle y gardait. Son corps tremble et tout comme elle, mon regard se relève en direction des bouquets de fleurs.

Cinq ans sont passés, mais elle vient toujours en déposer.

En l'espace de quelques minutes, je viens sans doute de la replonger dans son pire cauchemar. Le jour où elle a perdu ses parents... et moi par la même occasion.

Finalement, cela représente peut-être le signe que j'attendais. Celui qui marque le changement...

Le mien.

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Que dites-vous de ce chapitre ? Intense, non ?

Bisous, Rosa 😘