Maybe {TOME 1 et 2} - TERMINÉ

-5-

Amber

1 heure

Le temps passe si lentement que j'ai l'impression d'être dans une autre dimension. Les battements de mon cœur sont irréguliers comme s'il avait oublié comment fonctionner. Assise sur cette chaise d'hôpital, les infirmiers, médecins, chirurgiens, tous s'activent autour de moi. Je fixe cette porte, sans jamais la lâcher de vu. Quand elle s'ouvre, j'espère que l'on va m'annoncer une bonne nouvelle.

Les paroles du médecin résonnent encore en moi :

— Votre grand-mère a eu un très gros traumatisme, nous devons l'opérer sur le champ.

A ce moment-là, mes pieds se sont effondrés. Le sol est devenu mouvant, me faisant perdre espoir. Mais rien n'a eu plus d'impact que les mots qui ont suivis :

— Elle a environ 50% de chance de s'en sortir. Nous ferons notre possible.

Les larmes coulent sur mes joues. Et la douleur dans ma poitrine est indescriptible. J'ai l'impression de recevoir des milliers d'aiguilles dans le cœur, comme si la vie était heureuse de m'enlever chaque personne dans ma vie.

— Si tu m'enlèves mon chat, je ne peux pas me retrouver sans ma grand-mère, sanglotais-je en regardant vers le haut.

Mais aucun signe ne met envoyer, rien.

J'ai toujours une infime partie de moi qui espère voir du soutien passer cette porte, mais je n'ai pas le cœur d'appeler qui que ce soit. Et Wayne... Wayne est loin, il m'a laissé lui aussi.

Il essaye de sauver ton chat, tu ne peux pas dire ça.

Cette situation me fait perdre la tête. J'ai besoin de dormir, il le faut. Pour elle, pour mon petit chat.

Il faut que je sois forte.

Mais sur ces mots, les larmes coulent de plus belles. Je ne suis pas forte si elle n'est plus avec moi.

Je rabats les genoux prêts de ma poitrine, désespérant qu'on traverse cette pièce pour m'apporter de bonnes nouvelles.

2 heures

Debout devant la fenêtre, je remarque que la pluie ne sait pas arrêter un seul instant. Les gouttes tapent forts sur la vitre. Comme si elle allait se briser. Se fendre en deux, comme mon cœur. L'eau commence à s'accumuler sur la route, elle devient très dangereuse.

Je me suis rapprochée un peu plus de la porte qui me sépare de grand-mère, espérant lui donner envie de rester. Ne me laisse pas, ai-je envie de lui crier dessus. Les va-et-vient dans le bloc opératoire s'accentuent, sans jamais s'arrêter. L'opération me semble plus longue que prévu et un mauvais pressentiment s'empare de moi.

— Amber !

Mon cerveau n'a aucun temps de latence, je reconnais cette voix remplie d'inquiétude.

Ma meilleure amie se précipite sur moi, suivis de près par Andrew et Tina. Elle ne me demande rien, ne pose aucune question, elle fond dans mes bras. Nos corps s'enlacent comme s'ils ne faisaient qu'un. Je n'ai pas besoin d'être forte devant elle, elle le sait.

J'explose alors, je ne retiens aucune larme, aucun tremblement, je laisse sortir ce que j'ai gardé toute la soirée.

— Je suis là, caresse-t-elle mes cheveux.

Je reste alors dans ces bras de nombreuses minutes, absorbant la moindre goutte de son réconfort.

— Je ne peux pas la perdre, prononçais-je enfin.

— C'est une battante, Denise reviendra plus en forme que jamais.

Sa voix se casse, et ses yeux remplis de larmes, me disent qu'elle essaye de s'en convaincre aussi. Ma grand-mère et Grace, c'est une grande histoire d'amour. Ce sont des femmes pleines de caractères, des femmes fortes, elles se ressemblent tellement.