Chapitre 3 : L'auberge de la coupe dorée

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Poema n'avait jamais reçu un accueil aussi chaleureux que celui-ci, la jeune fille était aux anges !

Jack, ses deux frères Kaï et Derreck, leur mère Élise, ainsi que le reste de leur famille s'empressèrent d'aller aider Blake et Poema en voyant leur état. Ils se ressemblaient beaucoup : cheveux bruns plutôt courts et yeux espiègles : on voyait immédiatement qu'ils faisaient partie d'une seule et même famille !

- Mais que faisiez-vous dehors à cette heure ? Mes pauvres chéris... Vous devez être affamés, allez vite vous changer à l'étage pendant que je cours vous préparer un dîner bien chaud, fit la mère des garçons en leur tendant des serviettes.

- Il y a de quoi vous changer dans ma chambre, je vous accompagne, ajouta Jack (qui était l'aîné).

- Merci pour votre accueil, je ne le mérite pas... répondit Blake, ému.

- Mais si, tu as tellement fait pour nous, tu devrais savoir que tu fais partie de la famille depuis longtemps, le contredit Élise. Filez-vous changer !

Ils s'apprêtèrent à suivre Jack, mais sa mère retint Blake par le bras et ajouta discrètement :

-Et surtout, promets-moi que tu ne la feras pas souffrir.

- Je vous le promets, assura-t-il à voix basse.

Une fois en haut, Jack leur montra une armoire :

- Vous pouvez mettre les habits que vous voulez, cette armoire est remplie de plein de trucs, alors servez-vous.

- Merci, Jack, souffla Blake.

Plein de reconnaissance, il sourit à son ami et lui tapota l'épaule.

- Toujours là pour toi, monsieur le prince, rit le garçon en faisant la révérence. Et ne fais pas de bêtises ! Poema, s'il t'embête, viens me voir, d'accord ?

- D'accord, merci !

- Comment ça ? Je ne t'ai jamais embêtée, moi.

- Ça, j'en doute, je te connais, Blake. Elle a raison de se méfier, pouffa Jack. Allez, je vous laisse entre amoureux.

Tous les deux virèrent au rouge pivoine en entendant ces mots. L'ancien prince se racla la gorge, gêné.

Quand Jack referma la porte, la sirène ouvrit l'armoire, curieuse.

- Tu trouves quelque chose de joli ? s'enquit alors Blake.

- Mmm... Cette robe et ce pull m'ont l'air pas mal... J'aime beaucoup le rose, le tissu et la laine sont agréables... Je prends !

- Je pense que tu pourras les garder, si je me souviens bien, ça appartient à une cliente qui n'est jamais revenue. Moi, je vais opter pour cette chemise blanche, cette veste noire et... Ces pantalons en toile ! Je suis sûr qu'ils font partie des préférés de Jack, ça lui apprendra à me taquiner comme ça.

Il retira son haut et vit que Poema s'était retournée.

- Tu n'as jamais vu un homme torse nu ? lui demanda-t-il en s'approchant.

- Si mais... C'est pas pareil, là. En plus, tu ne vas pas enlever que ta chemise, je ne veux pas voir ça !

- Tu es sûre ? fit-il en l'attrapant par derrière.

- Ah ! s'écria Poema par surprise.

- Vous allez bien, là-dedans ? Je t'ai dit de ne pas faire de bêtises ! le gronda Jack de l'autre côté de la porte.

- Tu n'étais pas parti ?! Ne rentre pas, on n'a pas fini de se changer ! Tout va bien, alors laisse-nous tranquille.

- OK, je m'en vais, mais je pose d'abord une question à Poema. Est-ce que tu es en danger ? Si oui, fais-moi signe !

- Jack !! cria Blake en colère.

- C'était une blague, ça va ! Allez, tout le monde vous attend, leur dit le garçon en riant avant de partir pour de bon.

- Qu'est-ce qu'il peut être énervant... marmonna Blake, qui n'avait pas lâché la jeune fille.

- Moi, ça m'a fait rire. J'ai failli lui dire que j'étais en danger mais je me suis abstenue en me rappelant que tu étais torse nu. S'il nous aurait vus comme ça, il se serait fait des idées !

- Je ne te pensais pas si farceuse... De toute façon, il sait que nous sommes un couple, pas besoin de le cacher, ça se voit ! Faudra bien qu'on leur annonce qu'on est ensemble, non ? J'ai bien vu comment tu me regardes...

- Mais bien sûr, s'il a compris, ce n'est pas à cause de moi, c'est certain ! Et on verra quand leur dire plus tard. Allez, lâche-moi, nous devons nous dépêcher, luiordonna-t-elle.

- Ah... D'accord, d'accord, mais tu n'as pas de cœur ! soupira Blake en déposant un baiser dans le cou de Poema avant de la lâcher.

- Tu aimes m'embêter tant que ça ?

- Enfin tu l'as remarqué ! C'est ce que la chose que je préfère, affirma Blake en agitant les bras d'un air théâtral.

- Tu es insupportable, mais c'est pour ça que je t'adore.

Pendant que Poema se changeait, son bien-aimé luttait contre l'envie de la regarder. "Si je me retourne, je vais le regretter. On sera forcément en retard. Ah, mais qu'est-ce que tu m'as fait ?" se lamentait Blake.

Sans le savoir, ils pensaient la même chose : la sirène ne le montrait pas, mais il lui faisait beaucoup d'effet. Oui, elle l'aimait de tout son cœur.

- Tu as fini ? demanda enfin le garçon.

- Oui, allons-y !

Blake tendit sa main à la jeune fille et celle-ci l'attrapa avec douceur.

Ils pouvaient enfin rejoindre la joyeuse famille de Jack et les clients de l'auberge de "La coupe dorée".


Cependant, ce qu'ils ne savaient pas, c'était qu'au palais du prince, nommé le "Le Palais du Soleil", la panique régnait. Une réunion d'urgence avait été organisée malgré l'heure tardive.

- Monsieur le conseiller, que devons-nous faire ? demanda l'un des ministres.

- Nous ne voulions pas en arriver là, mais le peuple de la mer a été trop loin. Le prince est introuvable depuis des heures... Nous devons nous rendre à l'évidence : c'est la sirène qui l'a capturé. Le prince Aaron aurait dû écouter nos conseils et s'en méfier, mais il était aveuglé... Depuis la mort de son père il y a quelques années, il n'en fait qu'à sa tête. Mais cette fois-ci, ce n'est pas une simple fugue : il a été enlevé.

- Comment pouvez-vous en être si sûr ?

- On vient de me rapporter les affaires du prince et de la sirène, elles traînaient près de la mer.

La surprise frappa tous ceux présents à la réunion.

Le bras droit du prince, qui avait pour mission de prendre les décisions en l'absence de son souverain, prit la parole :

- Alors c'était vrai, ces rumeurs... Il est temps d'agir. Ce conflit silencieux entre nos peuples a trop duré, nous devons nous débarrasser d'eux. Je propose un vote : ceux qui veulent déclarer la guerre, faites un signe de la main.

Tous votèrent pour, à l'unanimité.

- Cette assemblée étant confidentielle, je vous prie de ne rien dire avant l'annonce officielle demain. À midi, vous préviendrez la cour ainsi que notre peuple : dites-leur de se rassembler le soir devant "Le Palais du Soleil", j'y tiendrai mon discours. Sur ce, l'assemblée est terminée. Bonne nuit à tous.

Les lumières du grand palais aux murs blancs s'éteignirent. Et l'espoir d'une future paix aussi.

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