L'Imperator

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Après un week-end à étudier, Caius se sentait en pleine forme pour commencer une nouvelle semaine. Il quitta le dortoir et descendit l'escalier. Il était arrivés au milieu de la pièce commune éclairée d'une lumière verdâtre douce depuis les fenêtres qui offraient une magnifique vue dans les profondeurs du lac, lorsqu'il remarqua un petit groupe d'élèves rassemblés devant le panneau d'affichage de Serpentard.

Un grand écriteau y était placardé, si grand qu'il avait recouvert tout le reste – la liste des grimoires d'occasion à vendre, les habituels rappels au règlement d'Argus Rusard, le programme des séances d'entraînement de Quidditch, les propositions d'échange de cartes de Chocogrenouille, les petites annonces, les horaires des différents clubs, les dates des week-ends à Pré-au-Lard et les messages concernant des objets trouvés ou perdus. L'écriteau était imprimé en grandes lettres noires et un sceau à l'aspect très officiel y était apposé, à côté d'une signature ronde et nette.

PAR ORDRE DE LA GRANDE INQUISITRICE DE POUDLARD

Toutes les organisations, associations, équipes, groupes et clubs d'élèves sont dissous à compter de ce jour.
Une organisation, association, équipe, groupe ou club se définit par le rassemblement à intervalles réguliers de trois élèves ou plus.

L'autorisation de former à nouveau de tels rassemblements doit être demandée à la Grande Inquisitrice (professeur Ombrage). Aucune organisation, association, équipe, groupe ou club d'élèves ne peut exister sans l'approbation de la Grande Inquisitrice. Tout élève fondateur ou membre d'une organisation, association, équipe, groupe ou club qui n'aurait pas été approuvé par la Grande Inquisitrice serait immédiatement renvoyé de l'école.

Les mesures ci-dessus sont prises conformément au décret d'éducation numéro vingt-quatre.

Signé : Dolores, Jane, Ombrage, Grande Inquisitrice

Caius croisa ses bras. La réponse était à la hauteur de cette femme.

— Ça ne change rien pour nous, hein ? Demanda Crabble.

Malfoy se tourna vers Caius qui hocha de la tête. En effet, leurs petites réunions dans la salle de bain des garçons continuaient.

— À vendredi, alors, dit le blondinet.

Caius s'éloigna. Il imaginait déjà Potter se préparer à réunir ses camarades. Le meilleur endroit était la Salle sur Demande au septième étage. Ombrage avait oublié une règle fondamentale : les interdits étaient souvent contestés et surtout peu suivies, encore plus par des adolescents. Interdire quelque chose, c'était l'encourager à le faire. Il y avait toujours des rebelles ou des marginaux prêts à être dans l'illégalité.

Il entra dans la Grande Salle, et remarqua que le nouveau décret faisait sensation. Une intensité particulière animait les conversations et l'on remarquait davantage de mouvement que d'habitude, les élèves passant d'une table à l'autre pour discuter de ce qu'ils venaient de lire. Caius observa surtout Potter. À peine ce dernier et ses amis s'étaient à peine assis que les enfants Weasley fondirent sur eux.

Ils avaient l'air de paniquer. Caius sourit alors en voyant le regard sûr de Potter dire quelque chose aux autres. Ils allaient continuer. Bien évidemment. Chacun se préparait à la future guerre. Caius s'y préparait depuis enfant.

Il leva les yeux vers le plafond alors que les hiboux et chouettes venaient de surgirent dans un courant d'air. Il eut une petite pensée pour sa grand-mère, légèrement souriant : morte en vivante, rien ne changeait pour lui. Il n'avait jamais attendu le moindre courrier.

Il décida d'aller devant la salle de classe de Binns, avant tout le monde. Caius n'aimait pas les mouvements de foule. En fait, il n'aimait pas les gens. Il ne les comprenait pas vraiment, malgré des heures de leçon de sa grand-mère sur les sentiments et émotions, les reconnaître, et surtout apprendre à y répondre. C'était sa malédiction. Il en était conscient que ça pouvait être handicapant et qu'il lui manquait quelque chose par rapport aux autres. Il n'avait jamais su rendre l'amour de sa grand-mère. Il n'avait jamais réussi à être malheureux sur le destin tragique de sa mère, ou en colère contre son père. Il ne savait pas ce que cela signifiait, et finalement, ça avait comblé sa grand-mère. Il était comme une machine, à entraîner. C'était tout.

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