Le réveil d'un héros

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Rogue se glissa jusqu'aux derniers présents encore vaillants et pas trop blessés. Il observait les liches, perplexe. C'était affreux et aussi merveilleux.

— Et Mémé, murmura Castor. Pourquoi elle a disparu aussi ! Hein ?

Hermione s'assit à côté de Castor et tenta de l'abaisser. Castor renifla. Il redressa la tête.

— Sur les terres lointaines, chantonna-t-il, la voix enrouée, sous la lune argentée,
Nait un enfant des ombres, d'un mage hérité.
Sans amour il grandit, en solitaire banni,
Mais d'un sang si puissant, que la nuit même frémit.

Petit mage, grand destin,
Marqué d'un serpent sur le sein.
Un trône t'attend, loin d'ici,
Règne sur le jour et la nuit.

Dans un château caché, où les ténèbres dansent,
Une famille noble le prend sous sa défense.
Leur nom est une ombre, leur cœur est sans lumière,
Ils guident l'enfant seul vers sa grandeur première.

Petit mage, grand destin,
Marqué d'un serpent sur le sein.
Un trône t'attend, loin d'ici,
Règne sur le jour et la nuit.

Sa force est une étoile qui jamais ne s'éteint,
Ses ennemis s'inclinent, son aura est sans teint.
Sur son trône élevé, il gouverne mille ans,
Sur les vivants, les morts, sur tous les continents.

Petit mage, grand destin,
Marqué d'un serpent sur le sein.
Un trône t'attend, loin d'ici,
Règne sur le jour et la nuit.

Castor renifla.

— Qu'est ce que...? Bredouilla Hermione.

— C'est une vieille comptine, dit Castor. Ma grand-mère me la chantait quand j'étais gosse... La chanson de l'Héritier de Serpentard. Je croyais que c'était Caius.

Rogue leva les yeux. Il ne bougea pas quand Markus Selwyn, le bras en écharpe, le visage marqué par le combat se glissa à côté de lui.

Il observait les liches restantes, les sourcils froncés, un mélange d'incrédulité et d'émerveillement dans les yeux. Le silence pesant de la cour rendait les derniers flocons de neige plus visibles, illuminant les silhouettes figées des serviteurs de Caius. Leur maître était tombé, mais ils restaient là, debout, animés par une force mystérieuse.

— C'est impossible, murmura Selwyn pour lui-même, le regard fixé sur les liches. Un proverbe résonnait dans son esprit : « Nécromancien meurt, les morts ne sont plus vivants. »

Rogue fronça des sourcils à son tour, et fixa l'ancien chef du département des Aurors.

— Qu'est-ce qui est impossible ?

Les trois autres les remarquèrent alors et se tournèrent vers Markus.

— Leur maître est mort et...

Il se tut et fixa alors la foule qui revenait. Elle avait même grossi.

Les pas lointains de la foule se rapprochaient comme un grondement qui brisait le silence enneigé. Les combattants portaient toujours le corps de Caius en tête du cortège. Pourtant, les liches restaient immobiles, figées comme des statues.

Markus Selwyn les fixa, sa confusion s'approfondissant en une lueur d'émerveillement.

— Leur maître est mort, et pourtant, elles tiennent encore, murmura-t-il, presque pour lui-même.

Rogue tourna son regard vers la foule qui grossissait dans la cour, prête à rendre hommage à Caius. Les cris d'admiration s'élevaient déjà, emplis de douleur et de gratitude. Il vit les visages familiers des professeurs de Poudlard et des combattants. Les élèves, petits et grands, ceux qui avaient été mis à l'abris avaient rejoint le cortège avec leurs parents. Rogue retourna à l'intérieur, se sentant de trop. Markus, Harry, Castor et Hermione durent s'écarter.

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