Une évasion spectaculaire

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La veille, après une dernière mise au point en compagnie de leur nouvel allié, Castor Borgin, ils se couchèrent tard. Harry, qui dormait à présent dans la chambre de Sirius, était allongé dans son lit – la lumière de sa baguette dirigée vers la vieille photo représentant son père, Sirius, Lupin et Pettigrow –, et passa à nouveau dix minutes à se répéter leur plan à voix basse. Mais lorsqu'il éteignit sa baguette, il ne pensait plus au Polynectar, aux pastilles de Gerbe ou aux robes grise des vigiles et à celles noires de la Langue-de-Plomb que Castor avait réussi à « emprunter » à sa nouvelle petite-amie. Il songeait plutôt à Gregorovitch, le fabricant de baguettes, en se demandant combien de temps il parviendrait à rester caché, alors que Voldemort le recherchait avec tant d'obstination.

L'aube sembla succéder à la nuit avec une précipitation proche de l'indécence.

— Tu as une mine épouvantable, lui lança Ron en guise de salutations quand il entra dans la chambre pour réveiller Harry.

— Plus pour longtemps, répliqua celui-ci en bâillant.

Ils retrouvèrent Hermione dans la cuisine. Elle se faisait servir du café et des petits pains chauds par Kreattur et affichait l'expression un peu démente que Harry lui voyait ordinairement quand elle révisait ses examens.

— Robes, dit-elle à mi-voix, en les saluant d'un signe de tête nerveux.

Elle était absorbée dans l'inspection du contenu de son sac en perles.

— Polynectar... cape d'invisibilité... Leurres Explosifs... Vous devriez en prendre deux chacun, au cas où... Pastilles de Gerbe, nougats Néansang, Oreilles à rallonge...

Ils avalèrent leur petit déjeuner et remontèrent l'escalier. Kreattur s'inclina sur leur passage en leur promettant une tourte au bœuf et aux rognons, à leur retour.

— Qu'il soit béni, dit Ron d'un ton affectueux. Quand je pense qu'à un moment, je m'étais mis dans l'idée de lui couper la tête et de l'accrocher au mur...

Ils sortirent sur le perron avec d'infinies précautions. Deux Mangemorts aux yeux bouffis observaient la maison sur la place baignée de brume. Hermione transplana la première avec Ron, puis revint pour emmener Harry.

Après l'habituelle sensation d'étouffement et le bref passage dans l'obscurité, Harry se retrouva dans une minuscule ruelle où devait se dérouler la première phase de leur plan. Pour l'instant, à l'exception de deux grosses poubelles, elle était totalement vide. Les premiers employés du ministère ne se montraient généralement pas avant huit heures, au plus tôt. Mais on était le samedi et à part les vigiles, il n'y avait encore moins de monde.

— Castor est déjà là, remarqua Hermione. Bien, ajouta-t-elle en consultant sa montre. Il devrait être là dans cinq minutes. Dès que je l'aurai stupéfixé...

— Hermione, on sait, l'interrompit Ron d'un ton sévère. Et je croyais qu'on devait ouvrir la porte avant qu'il arrive ?

Hermione poussa un petit cri.

— J'ai failli oublier ! Reculez-vous...

Juste à côté d'eux, la porte d'une issue de secours, couverte de graffiti, était fermée par un cadenas. Hermione pointa sa baguette et le panneau métallique s'ouvrit avec fracas. Comme ils le savaient déjà, grâce à leurs repérages méticuleux, le couloir sombre qui se trouvait derrière menait à un théâtre vide. Hermione tira la porte vers elle pour qu'elle paraisse toujours fermée.

— Maintenant, dit-elle, en se tournant vers les deux autres, on remet la cape d'invisibilité...

— ... et on attend, acheva Ron qui regarda Harry, les yeux au ciel, en jetant la cape sur la tête d'Hermione comme une housse sur la cage d'une perruche.

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