𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟏

50 5 2
                                    

Dortoir, 3ème jour de l'Hiver

Je me réveille entre deux eaux. Je me sens étrange. Ma vision est trouble mais nette à la fois, comme si mon esprit était embué. Je sors de ma chambre machinalement, sans vraiment me contrôler. Dans le petit salon, sur le mur en face des portes de chambres, un tableau retient mon attention. Je ne l'avais jamais vu. Il n'est pas là normalement. Habituellement j'adore l'art ; tous les types de peintures et les différentes techniques, mais celui-ci est particulièrement sombre. On y voit une femme aux cheveux noirs se faire arracher son nouveau-né par une immense ombre. Celle-ci dégage vraiment une énergie négative, presque de mort. Le bébé est endormi et le femme pleure et semble même hurler. Une scène horrible.

Soudainement j'entends quelqu'un crier...hurler. Une voix se déchire. Ça ne vient pas des couloirs, mais plutôt des chambres. Le cri se transforme en appels à l'aide, la personne semble souffrir. Je presse mon pas et me dirige vers les portes. Le hurlement vient de celle d'Orion. J'ouvre la porte en fracas.

Rien... l'obscurité, le néant. Plus aucun bruit. Un silence écrasant, assourdissant. Le brun, lui, est bien là. Assis sur son lit, il me regarde d'un air déconcerté. Je ne bouge plus, j'ai le regard vide. Je ne comprends pas. Il va bien.

Je ne peux pas bouger, je n'y arrive pas. J'analyse la pièce, je ne suis plus dans ma chambre, mon esprit n'est plus embué, je vois normalement. Je ne me rappelle de rien, comment suis-je arrivée ici ? Orion est là, il me regarde. Il descend de son lit et s'approche, l'air préoccupé. Il me prend les épaules, comme pour m'ancrer dans la réalité. Ce contact me fait frissonner.

- Reyna, est-ce que tout va bien ? me demande-t-il.

- Euh... ouai ? je réponds, hésitante.

- Qu'est-ce que tu fais ici à 3 heures du matin, complètement désorienté ?

- J'en ai aucune idée... Il est aussi tard ?

Je relève les yeux vers lui. Son regard est rempli d'inquiétude, ce qui me fait paniquer encore un peu plus.

- Tu as bu ? As-tu reçu un sort ? il positionne sa main gauche sur mon cœur, et sa main droite sur mon front. Elles sont chaudes. Elles me canalisent.

Il vérifie que je ne sois sous aucun enchantement. Il en déduit que la réponse est non.

- J'ai dû être somnambule. Ça m'arrive parfois. Je lui révèle.

- Tu es sûre que ça va ?

- Je t'ai dit que oui ! je m'agace, en enlevant ses mains de mon corps.

Il s'assoit sur le bord de son lit, je fais de même.

- Eh bien fais comme chez toi ! dit le brun.

- Je n'ai pas envie de retourner me coucher.

Il hoche la et détourne le regard. Je regarde mes jambes... nues... Par Aphrodite ! Je suis encore en pyjama ! Quelle honte. Je n'ai qu'un t-shirt et une culotte. Je bondis et me cache du mieux que je peux en tirant sur mon t-shirt. Il rigole et me dit :

- Ne t'inquiète pas, j'ai à peine regardé !

Il rigole de plus belle, de manière arrogante et sexy, je me l'avoue enfin.

- Prends ça si tu veux. Dit-il en pointant un jogging gros posé sur son fauteuil.

Je me retourne et m'empresse de l'enfiler. Une fois couverte, je rougis en sentant son parfum venir à moi. Je fais de nouveau face à lui, et lui demande :

- La dernière fois après la fête de Samhain, tu te rappelle ce que tu as fait ?

- C'est très vague, je me suis emporté sur les cocktails. Pourquoi tu me demandes ça ?

- Tu étais saoul...

- J'ai mal parlé de quelqu'un ? Je me suis battu ? Quand je suis sous alcool, je suis trop honnête.

- Tu n'as rien dit d'embarrassant, ne t'inquiètes pas.

- Dis-moi ce que j'ai fait.

- Je pense pas que tu vas me croire.

- Parles donc ! S'exclame-t-il, impatient.

- Tuasvoulum'embrasser ! Dis-je rapidement.

Il me regarde, indécis. Il plonge dans ses pensées vu son regard vide. Une longue minute embarrassante plus tard, il dit soudainement :

- Je crois que tu devrais vraiment aller te recoucher. On a cours tôt demain.

Je le regarde, clairement déçue de sa réponse. Je ne m'attendais pas à grand-chose, mais déjà plus que ça.

- Bien.

Je me lève du lit et ouvre la porte de sa chambre. Avant de partir je pince légèrement son jogging et dis :

- Je peux te le rendre demain?

- Oui si tu veux, il répond avec douceur.

- Merci Orion, bonne nuit et désolée.

- Toi aussi Reyna.

Je ferme la porte, sans voix. C'est la première fois qu'il est si doux. Je n'avais jamais découvert cette part de lui. Je retourne dans ma chambre, enlève son jogging gris, et m'enfonce dans mon lit redevenu froid.

𝐇𝐚𝐮𝐧𝐭𝐞𝐝 𝐇𝐞𝐚𝐫𝐭𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant