𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟓

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Trigger Warning : Violence.


Couloirs, 4ème jour de l'Hiver 

A la fin de la journée, la chair de poule sur mes bras ne m'a toujours pas quitté. Au contraire, elle s'accentue de plus en plus. Quelque chose ne va pas et mon instinct ne se trompe jamais. Mes camarades sont également agités, certains sur les nerfs, se chamaillant dans les couloirs, d'autres, angoissés, cachés en sécurité dans leurs chambres. J'entends des murmures de rumeurs infondées et des fausses prédictions reçues lors des séances de divination ou de tirages. Si l'orage énergétique n'était pas au-dessus de nos têtes, je me serais plus inquiétée.

Sur le chemin du retour au dortoir, dans les couloirs froids et humides, j'aperçois Orion marcher d'un pas rapide et alarmé dans la direction opposée. Ses sourcils froncés et les perles de sueurs inquiétantes sur son front, que j'aperçois lorsqu'il me dépasse, me surprennent. D'ordinaire il est plus calme dans sa démarche, moins paniqué, même quand il est en retard au cours du Professeur Barlow. De plus, il n'a pas l'air de m'avoir remarqué. Il continue sa course sans broncher davantage, comme s'il était seul dans ce couloir. Il arrivera bientôt à l'aile centrale du manoir.

Intriguée, je décide de le suivre, tout en laissant une certaine distance entre nous.

Après quelques virages et regards inquiets, je le regarde entrer dans les cuisines du Réfectoire d'un pas assuré et furieux. Il pousse le battant de la grande porte en bois foncé, mais une fois franchi, il reste entre-ouvert. Personne ne rentre dans les cuisines, et encore moins de cette manière, il manigance forcément quelque chose.

Je m'avance, prudente, et jette un œil à l'intérieur de la pièce. Comme je l'imaginais, la cuisine est grande, froide, sombre. Les plans de travail en pierre sont en face de la porte, des grands réfrigérateurs sont alignés, et des tables en inox permettent de réfléchir la moindre faible lumière qui réussit à se glisser des meurtrières partiellement bouchées par des vitraux. Ils sont de couleur verte et rouge, qui reflète une aura presque sinistre sur le sol fait de dalles sombres. Aucun élève n'a accès à la cuisine, du moins, personne n'y rentre. En journée elles sont gardées par le staff du manoir.

En évitant le champ de vision d'Orion, et en me faisant la plus silencieuse possible, je me faufile à l'intérieur. Je me mets sous une table, au fond de la pièce pour me cacher. En dessous du bois, je regarde ce que trafic le brun. Ses mains soutiennent le haut de son corps, appuyées contre le plan de travail. La tête baissée je ne vois pas son visage, mais son attitude m'inquiète toujours. On dirait que quelque chose le tracasse.

D'un mouvement brusque, Orion déboutonne le premier bouton de sa chemise, puis se frotte le visage. Il a l'air hésitant, frustré... affamé. Il regarde un réfrigérateur, mais ne boude pas.

Le bruit criard de la grande porte lui fait relever la tête. De là où je suis je ne vois pas qui vient de rentrer, mais Orion se retourne vivement. Ses yeux sont sombres, comme si le blanc avait laissé place à du néant.

- Qu'est-ce que tu fous là Mathew ? Arrète de me suivre putain ! s'écrit Orion, les poings serrés.

Le blond entre dans mon champ de vision à son tour. Il a l'air étonnamment sûr de lui, calme. Je ne le reconnais pas. Un petit sourire en coin orne ses lèvres, lui donnant un air sournois. Un vertige me prend légèrement. Les voir tous les deux dans la même pièce , avec cette aura sombre et malveillante qui hante cette pièce, ça ne me dit rien qui vaille.

- Orion... Pourquoi est-ce que tu t'énerves... ne te défoules-tu jamais ? Même avec toutes ces filles que tu baises, les bagarres que tu provoques, les bouteilles que tu vides ?

𝐇𝐚𝐮𝐧𝐭𝐞𝐝 𝐇𝐞𝐚𝐫𝐭𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant