Chapitre 8

802 87 25
                                    

Ice


Un silence assourdissant retentit dans la villa après le départ d'Ella et Gold. Il  résonna autour de moi avec la force d'un coup de tonnerre. Malgré son extravagance, Gold veillerait sur elle au péril de sa vie, mais la voir s'éloigner de moi si peu de temps après l'avoir retrouvé et sans un regard en arrière me déchira les entrailles.

L'envie de tout détruire autour de moi me submergea dans un déferlement de violence telle qu'elle m'aurait effrayé dans une autre situation, mais je la laissai embraser mon âme pour me libérer de mes tourments. Un voile rouge incendiaire recouvrit mes rétines et de la lave en fusion circula dans mes veines pendant que je me dirigeai à grand pas rageurs vers le salon. Je soulevai le premier fauteuil qui me tomba sous la main pour l'envoyer valser à travers la pièce de toute la force de ma rage. Il percuta durement un mur et le bruit sourd de l'impact alimenta le monstre en soif de vengeance qui vivait en moi en cet instant, mais il en voulait plus, beaucoup plus. Il était avide de sang, de souffrance et de torture. Il voulait déchiqueter, broyer et pulvériser la chair des responsables des souffrances de ma femme et ma fille. Mais tout ce que je pouvais lui offrir à l'heure actuelle était des choses matériels. Toute la pièce y passa, la table basse, le canapé et même cette putain de table ridicule dans le coin gauche à l'angle de la baie vitrée. Je hurlai mon désespoir, mon chagrin, ma douleur et ma rage avec la même puissance que mes poings s'abattaient contre le mobilier.

Je n'étais plus le même qu'une heure auparavant, tout ce qui me définissait en tant qu'homme venait d'être ébranlé dans ses fondations par les révélations de mon ange. La douleur faisait saigner mon âme. J'écumais de rage contre Reed. Celui que j'avais toujours considéré comme un frère m'avait trahi de la pire des manières. Comment avait-il pu faire autant de mal à sa sœur sans que personne n'intervienne? Et surtout pourquoi Pope n'avait rien dit? J'avais une furieuse envie de chevaucher ma moto pour foncer à NY et exiger des explications à tous ces branleurs qui devaient protéger Skylar, mais qui avaient lamentablement échoués. Ma rage redoubla d'intensité. Mes mains étaient ravagées, du sang coulaient de mes phalanges déchirées, mais je ne sentais même pas la douleur.

L'adrénaline qui cavalait à toute allure dans mon organisme, alimentait la frénésie vengeresse qui circulait dans mes veines, et anesthésiait toute ma douleur physique. Je n'étais plus qu'un immense gouffre émotionnel, broyé par la mort et la lame tranchante de la trahison. La bile remonta de mon estomac et je n'eus que le réflexe de basculer en avant pour l'évacuer.

À bout de force, je me laissais glisser au sol et pleurai comme un putain de gamin perdu et malheureux. Je pleurai pour ma famille, pour Skylar et ma précieuse fille. Pour la première fois de ma vie j'autorisai mon chagrin a prendre le dessus parce qu'il était trop dévastateur, trop envahissant pour que je réussisse à l'étouffer plus longtemps. Mes émotions me submergeaient, et tout ce que je pouvais faire c'était serrer les dents et encaisser.

Une fois ma crise apaisée et même si ma santé mentale ne tenait encore qu'à un fil, je me forçai a me lever. Tel un robot je me dirigeais vers la cuisine, y attraper une bouteille de Glen Grant pure Malt avant de monter dans ma chambre. J'avais besoin d'alcool pour abrutir mon esprit, mais je devais d'abord rejoindre mes frères. Je fonçais dans la salle de bain et entrais sous l'eau froide.

Aucun de mes frères n'étaient intervenus même s'ils m'avaient tous entendus. Aucun d'entre eux ne me jugeraient et, même si je n'avais pas honte d'avoir craqué, je ne voulais pas en parler. Même le plus endurci des bikers ne pouvait rester insensible face à ce que je venais d'apprendre. Une fois habillé et mes mains sommairement soignées, je rejoignis mes frères, ma bouteille en main.

Hell's Shadows - SkylarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant