Précédemment : Suite à la mort de son prédécesseur Gaëtan Sevré, tué par Madrec, le lieutenant Vassilo Sappho est choisi par le roi Eunart pour le remplacer. Devenu le nouveau commandant de la seconde légion, Vassilo prononce un discours virulent contre Madrec, promettant de lourdes représailles à son encontre ainsi qu'à tous ses complices. Parallèlement, il n'oublie pas la mystérieuse quête que lui a confiée son maître.
*
Dans les recoins lugubres de la cité royale, Vassilo avançait d'un pas feutré, son cœur battant un rythme qui trahissait son mélange d'excitation et d'appréhension. Dissimulé sous une cape sombre, il pénétra dans une obscure piece où régnait un silence souverain. D'un mouvement sec, il laissa tomber sa cape, dévoilant un visage empreint d'une résolution glaciale, ourlé de doutes.
Au coeur de la pénombre, il extrait de sa poche une fiole, l'éclat du sang captant la faible lumière. Avec précaution, il répandit le liquide qui épousa le sol en un symbole sinistre. Murmurant des incantations d'une voix qui semblait effleurer les ombres, ses yeux brillaient d'une lueur inquiétante. Le sang tracé s'illuminait d'un rouge profond, plongeant la pièce dans une atmosphère oppressante.
La réalisation des conséquences frappa Vassilo, une perle de sueur traçant une ligne sur sa joue. Le sol se déroba brusquement, l'entraînant dans les profondeurs d'un abîme qui se referma, effaçant le symbole comme s'il n'avait jamais existé. Tandis qu'il chutait dans l'obscurité, une question éphémère lui traversa l'esprit : "Et si les informations étaient erronées ?"
Reprenant conscience, Vassilo se tenait dans un espace insolite, effleuré par l'ombre de la mort. Sans blessure apparente, il se redressa délicatement. Ses yeux parcouraient le lieu mystérieux, révélant un corridor jonché de fresques narratrices d'une épopée ancienne. Les murs racontaient la lutte acharnée de deux factions : d'un côté, des guerriers farouches, casques cornus et haches en main, assaillant une cité majestueuse; de l'autre, des combattants nobles, défenseurs de la forteresse. Mais ce qui captiva Vassilo fut l'immense créature volante à forme reptilienne, émergeant avec véhémence du firmament, menaçant de s'abattre sur les deux camps. Il reconnut là l'écho de la guerre légendaire opposant Davallion à la suprématie de Gasiria.
La scène qui s'offrait à lui n'était que le commencement d'une révélation ahurissante. Guidé par une curiosité tenace, Vassilo fut happé par un éclat rougeoyant émanant d'une porte au fond du corridor. Il l'entrouvrit prudemment, la lumière sanguine filtrant à travers, sa main droite caressant le pommeau de son épée, prête à être brandie. Ce qu'il découvrit alors dépassait l'entendement : une salle qui semblait dédiée à d'anciens rituels.
Autour d'un gouffre qui plonger dans les entrailles de la terre, des corps dénudés, marqués de symboles terrifiants, lévitaient dans une danse macabre. Le sang s'écoulait de leurs veines comme d'une source inépuisable, se déversant dans l'abime. Vassilo en dénombra cinq, probablement les utilisateurs de magie, victimes des manigances du conseiller Naark.
Il s'avança, l'œil aiguisé, et remarqua que chaque victime portait une entaille nette à la nuque, signe d'une exécution méthodique et impitoyable.
"Quelle spectacle répugnant. On nous peint en monstres, mais l'hypocrisie de ce royaume est bien plus fascinante", songea-t-il avec un sourire narquois.
Les directives de son informateur en tête, il arracha les poignards des corps inertes, mettant fin au rituel macabre. Les dépouilles s'effondrèrent, brisant le silence de la salle.
Un rugissement terrifiant s'éleva aussitôt du puits, faisant trembler les fondations mêmes de la pièce. Vassilo, saisi d'étonnement, observa une créature colossale s'extirper des ténèbres. Enchaînée mais imposante, le dragon blanc émergea, celui-là même qui avait jadis mis un terme à la guerre, sculpté dans l'éternité sur les murs du corridor.
Immobile face au dragon, Vassilo mesurait l'ampleur de la situation. La créature, irrité, lui lança un rugissement perçant.
— Pourquoi le Parnore envoie-t-il son laquais ? gronda-t-il.
— Comment sais-tu que je le sers ? demanda ce dernier en pleine stupeur, son cœur battant la chamade.
— Ne prends pas mon intelligence à la légère, être mortel, cracha le dragon avec mépris. L'odeur du sang maudit de ton maître imprègne ton être.
— Alors, tu connais la raison de ma venue, articula l'enfant du sang , sa voix trahissant sa peur. Comment puis-je accéder au grand secret du royaume ?
— Penses-tu vraiment que je te révélerai cela sans rien en retour ? ricana la créature ancestrale. Libère-moi d'abord !
— Et comment briser ces chaînes ? murmura Vassilo, scrutant les entraves massives qui retenaient la bête.
— Si cela était aisé, je les aurais déjà anéanties, pauvre imbécile, rétorqua le dragon avec arrogance. Pour les détruire, tu dois éliminer leur créateur, le sorcier connu sous le nom de Rayvan Naark !
— Comment puis-je être sûr de ta parole ? interrogea Vassilo, l'œil soupçonneux.
— Tu as l'esprit vif. Le Parnore à bien éduqué ses chiots, se moqua le monstre primordial. Il arracha alors l'une de ses dents et la lança aux pieds de Vassilo, où elle rétrécit par magie. Conserve-la, elle te sera utile.
— Tu me fais l'honneur de me confier ta dent ? s'étonna Vassilo.
— Elle s'évanouira une fois notre marché honoré, gronda le dragon. Mais prends garde, ma détention est le pilier de ce royaume. Ma libération signifierait sa ruine.
— La fin de ce royaume n'est que le commencement de celle du monde, répliqua Vassilo, un rictus aux lèvres.
— Et comment envisages-tu de te débarrasser du sorcier ? demanda la bête enchaînée, une lueur d'intérêt dans le regard.
— J'ai bien une idée... répondit-il, souriant.
*****
Rayvan Naark, le conseiller du roi, était plongé dans l'obscurité de son vaste manoir. Autour de lui, un endroit d'objets mystiques et de reliques chargées d'histoire. Les murs, drapés de tapisseries, narraient des batailles d'un autre âge et des créatures d'un monde oublié. La lumière tremblante des chandeliers en fer forgé jetait des ombres fuyantes sur les lieux. Au cœur de cette atmosphère sombre trônait un siège imposant, une œuvre d'art funeste en os et marbre noir.
Dans son antre, le conseiller s'affairait sur un breuvage aux allures de potion. Lorsque la porte s'entrouvrit avec précaution, une silhouette s'insinua dans la pièce, ses pas discrets à peine perceptibles sur le sol de pierre froide, se rapprochant inexorablement de Rayvan.
— Gavad, où étais-tu passé ? s'enquit le maître des lieux en se retournant vers son serviteur. J'ai été contraint de concocter la mixture moi-même.
Gavad, l'esprit manifestement ailleurs, garda le silence. Exaspéré, Rayvan lui asséna une gifle.
— Regarde-moi lorsque je m'adresse à toi, misérable esclave ! tonna-t-il. Pour ton insolence, tu recevras trente coups de fouet.
Cependant, Gavad demeurait muet. En retirant sa main, Rayvan fut glacé par la froideur du visage inexpressif de son serviteur. Dans un geste brusque et inattendu, Gavad brandit un poignard et le planta dans l'abdomen de son maître.
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Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstres
FantasyMadrec Marca, un jeune homme marqué par une tragédie, se lance dans une odyssée sombre pour découvrir les mystères qui entourent son existence. Dans sa quête, il se confronte à d'anciennes entités malveillantes, tapis dans l'ombre, qui manipulent la...