En tant que futur fou il m'est aisé de ruminer des pensées dans mon esprit. Tout comme une grande majorité des hommes de ce monde il est aisé pour moi de m'imaginer les pires scénarios de vie. Tout au long de ce carnet vous allez découvrir certaines de ces pensées car ce sont les plus intéressantes à rendre agréables.
Je tiens évidemment à vous prévenir et vous prier de ne jamais laisser vos pensées les plus sombres vous succomber et de toujours regrouper vos forces pour une guérison : en communiquant vos maux et en vous tournant vers votre individuelle guérison saine.
Tout comme toutes discussions noires, ce texte peut réveiller en vous des sentiments, je vous prie donc de prendre soin de votre humeur.
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Le sein sous terre :C’était il y a une heure, je m’attendais à m’effondrer cependant je suis là, sur mon lit, à réviser mon examen du lendemain. Elle avait pris l’habitude passé dix heures, de venir me baiser la joue pendant que j’écrivais et récitais mes leçons. J’en espère encore un de ses congés, une de ces vacances improvisées où l'on dinait en famille et que je l’entendais encore grimper les escaliers en rigolant de sa voix aiguë. Je rêve d’avoir encore cette dernière chance pour lever mes yeux de ces feuilles mortes et ennuyeuses, pour la regarder une dernière fois, pour ne pas l’esquiver et la prendre dans mes bras, lui demandant qu’elle me pardonne de toutes ces fois où je n’étais pas commode.
Cette nuit-là j’avais beaucoup révisé, je vous la raconte ici comme si cela faisait longtemps, mais de mon siège de RER ces dernières heures m’ont parut mois et les heures parurent secondes. Une soirée d’une longueur fade, accompagnée d’un vide que n’importe quelle moitié ou amitié ne peut remplir. Une nuit à me rappeler Baudelaire plongé dans mon spleen, sachant que mon idéal est six pied sous terre comme les racines de tristesse abyssales. Une nuit à vivre, vivre et revivre ce que je m’étais enfoui dans la mémoire dans une case abandonnée ; et qui ressortent.
Je parle ici de mes câlins d’enfants, mes premières bouchées de ses prouesses culinaires, de mes premières lignes de vélo. Je me souviens également des révisions partagées, des dictées et poésies récitées avant l’école. Des balades que j’appréciais, celles où je me débattais et celles que je loupais. Pourquoi suis-je aussi primaire ? Pourquoi suis-je aussi exécrable ? J’ai vécu mon évolution en autodidacte enfermé en moi-même, en oubliant le principal et croyant chercher le paradis ? Est-ce simplement la douleur, la fatigue, le travail dur, les remords ? Simplement le vrai amour perdu à jamais.
Désormais je suis ici, je demeure sur ce siège, après une nuit à regarder le plafond blanc, seule place remplie des alentours. Je descends du transport et malgré les chansons joyeuses dans mes oreilles, un goût d’une amertume thalassique me caresse la gorge, une liqueur permanente, un breuvage qui ne fait oublier.
Je compose mon brouillon et ne pleure guère, je salue le professeur et ne pleure guère, compose à l’oral et ne pleure guère : la concentration avant le chagrin, le futur avant le passé. Je termine et reçois avec mon plus grand étonnement des félicitations… Le travail de la tête ne vaut pas celui du cœur. Ayant remarqué des écartements il me demande mon état.Le regardant de mes yeux plus vides que précédemment, je lui murmure : « Hier ma mère est décédée, je jouis de la fin de mon oration et je me languis de mon bain sec pour me vider de mes larmes de douleur ».
A dimanche prochain.
Je t'aime maman.