Un Tout Petit Saut

6 3 0
                                    

L'enfance est merveilleuse. Tel n'importe quel plaisir immense, quand on le vit et on ne souhaite que la marche suivante mais ce bonheur ne demeure pas. Nous passons tous par cette épreuve de devoir se lâcher à la vie, ne plus voir ses parents pour ses soucis ou ne plus pleurer en espérant que quelqu'un ne vienne nous bercer, même si ce souvenir et cette sensation remontent les eaux des plus fortes roches. Il est très déplaisant de se réveiller de cette couche rose de notre existence, notre père n'est plus la personne qui sait tout, pouvant tout faire et notre mère n'est plus une immortelle dotée d'une force sans limite.

J'ai rassemblé tous mes sentiments et mes mots pour vous mener à ce saut de nostalgie. Je vous en prie, suivez-moi.


_________________________________
Un tout petit saut :

Dans un modeste salon, des humbles luminaires laissent paraître un enfant grincheux assis sur le coin de sa chaise. Son père, Victor, sirote un Chardonnay de jeune cuve pendant que sa mère, Laura, le regarde. Sur la table en bois de sapin était posé une nappe rouge, avec dessus quatre bougies qui éclairent joyeusement le gibier cuisiné avec brio par le cuisinier de la maison (n’étant que Victor). Des étoiles dorées jonchaient la nappe et reflétaient les mille couleurs du sapin de noël. L’odeur de sanglier disparaissait à la même vitesse que les heures défilaient, et le petit bambin ne voulait pas dormir sous prétexte de manquer d’exercice pour la nuit blanche prévue pour le 24 au soir :

-Mais maman, comment je peux voir le papa noël si je m’endors devant la fenêtre ?

Sa mère en lui passant la main dans les cheveux lui répondit avec un léger sourire :

-Le père noël est très furtif la nuit, tu ne le verras que si tu en rêves, et pour rêver il faut s’endormir avec le sourire. En plus, à trop attendre tu finiras par être fatiguer et ne pas profiter du foie gras prévu pour le lendemain.

-Tu penses qu’il passera ?

-Mon amour tu as été très gentil avec nous pendant tout ce temps, du haut du mont blanc il t’a vu et il se réjouit que tu le laisse te mettre des étoiles dans les yeux. Mais maintenant il est l’heure de se brosser les dents et de dormir, demain on va au cirque comme chaque année.

Après quelques échanges signés d’une innocence enfantine et des rires légers des parents ravis, la petite famille se retrouvait dans la chambre du petit. Sa chambre était spacieuse si on y enlevait les pièges à loup que formaient ses jouets et livres sur le sol. Dans le coin de la chambre était posé un lit, avec des draps blanc sur lesquels étaient dessinés des petits personnages, il était également amusant de voir les coups de crayon qui n’étaient pas partis au lavage. Victor regardait Laura, assise sur le lit pendant que le petit se frottait les yeux. Ils avaient l’habitude, comme tous les parents, de lui chanter une musique douce avant de dormir : elle avait une magnifique voix qui se mariait à merveille au jeu du père au piano :

Frère Jacques, Frère Jacques

Dormez-vous ? Dormez-vous ?

Sonnez les…

Pendant que la musique raisonnait et se ralentissait, l’enfant laissait ses yeux tomber dans son nounours brun. Son sourire raisonna jusqu’au pôle nord comme prévu et il finit gâté par ses parents.

Ce court texte peut vous paraître simple, mais l’amour insouciant que la vie nous a permis de vivre durant la joyeuse période qu’est l’enfance est un cadeau que nul dieu ne pourra vous offrir à nouveau. La beauté simple du bien-être innocent est la vie que l’on a tous vécu, peu importe le bonheur qui en suivra, ce calme pesant, cette possibilité de courir aux jambes de sa mère en cas de pleurs, ces jeux d’enfants et cette chaleur qui entoure mon cœur en y pensant, rien ne nous ramènera à cet état. Bien que ceci est passé sans même que vous ne vous en rendiez compte ; il est important de se revoir minuscule pour se voir grandir.

Aussi, ne vous laissez pas trop murir, car les responsabilité et le sérieux ne plaisent qu’un temps.

            Il n’y a rien de plus enfantin que de vouloir jouer à l’adulte, maintenant que vous l’êtes, à quoi jouez-vous ?

A dimanche prochain.

Carnet d'un futur fouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant