|Et le ciel s'assombrit|•

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Musutafu centre,
19h10

Ça fait une minute que mon téléphone vibre dans ma poche, mais j'ose pas le sortir pour décrocher, trop occupée à épier le moindre recoin de mes yeux pour m'assurer qu'aucun autre villain ne se cache dans l'ombre pour nous tomber dessus.
Et je cherche désespérément une échappatoire.
Mais aucun portail ne se profile sous mes yeux.

Mr. Compress: Allons les enfants, ne soyez pas timides, exprimez-vous!

L'homme nous jette un regard par-dessus son épaule, et son masque qui semble afficher un sourire permanent me nargue.

Katsuki: On n'est pas d'humeur bavarde.

Le ton sec de Katsuki m'impressionne toujours, mais je le suis d'autant plus maintenant qu'il s'exprime de cette façon face à un membre de l'alliance des super-villains.
À croire qu'il redoute vraiment personne.

Les vibrations dans ma poche continuent, à tempo irrégulier; signe qu'on est en train de m'envoyer une tonne de messages à la seconde. Mais je décroche toujours pas les yeux de celui qui nous escorte, incapable de prendre le risque de me faire enfermée dans l'une de ces stupides billes qu'il fait tourner entre ses doigts.

Mr. Compress: Est-ce que seulement le jeune Bakugo est d'humeur quelconque habituellement ?

L'homme exhale un rictus narquois, et j'ai peur de ce qu'il adviendra de nous si Katsuki renchérit. Mais le blond se contente de serrer le poing jusqu'à en faire blanchir ses phalanges et je jurerai qu'il se mord la joue pour se forcer à ne pas répliquer.

Ne sachant pas ce que Mr. Compress garde enfermé dans ses billes, il est à redouter deux fois plus qu'un autre.
Je suis rassurée de constater que Katsuki l'a compris aussi et qu'il ne décide pas de jouer avec le feu, pour une fois.

Je continue d'étudier les endroits pas lesquels on passe, mais je commence à penser que je suis maudite parce qu'aucun portail ne daigne se dévoiler.
La main que Katsuki enserre délicatement autour de mon poignet me fait légèrement sursauter, et je me rends compte que j'ai les poings serrés par l'angoisse depuis bien trop longtemps; mes doigts sont tout engourdis.
Je vois dans le regard du blond qu'il tente de me rassurer et la détermination qui anime ses yeux me rend un peu de courage. Un demi sourire se forme sur mes lèvres alors que je serre sa main pour le remercier avant de le lâcher.

Mr. Compress: Et voilà! nous y sommes mes moineaux!

Joignant le geste à son ton enjoué qui n'amuse que lui, il étend les bras de façon théâtrale en indiquant un café décrépit qui faisait sûrement déjà pas de folie quand la ville était encore habitée.
Je vois les sourcils de Katsuki se froncer et son visage laisser paraître une pointe de dégoût quant au bâtiment qu'on nous présente.

Pourtant, du milieu de la chaussée où on se tient, la musique qui en émane parvient jusqu'à nous. Une espèce de musique tecktonik complètement dépassée qui fait trembler les fenêtres à chaque onde qui les percute.
Et c'est bien parce qu'on est escorté par un membre de l'alliance et que je suis pas vraiment sereine que je lance pas un pari avec Katsuki pour voir combien de temps va encore tenir cette bicoque avant de s'effondrer à cause des basses.

Mr. Compress finit par pousser la porte et se met de côté avant de nous intimer à rentrer avec une révérence. Katsuki est le premier à se glisser à l'intérieur, et j'ai bien vu à son regard que l'idée de cracher sur les chaussures brillantes de Mr. Compress lui avait traversée l'esprit. C'est presque avec un soupir de soulagement que je le regarde tracer sa route en s'abstenant de faire quoi que ce soit.
Je rentre à mon tour, et je peux pas m'empêcher de grimacer quant au choix de musique déplorable. Je pensais être submergée par la peur, mais comme le cadre s'y prête pas vraiment, je me sens même assez confiante.

•I need a real home• [ShotoXreader] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant