|Et le ciel s'assombrit|•2

73 5 4
                                    

Assise sur ma chaise, j'essaye tant bien que mal de renvoyer l'image de Katsuki.
Calme. Confiante. Blasée.
La musique continue de marteler mes tympans, mais j'ai fini par m'habituer au son et c'est pas ça qui retient mon attention maintenant.

Katsuki: Alors comme ça, vous êtes pas totalement asservis à Shigaraki? Ou bien vous faites le mur ?

J'essaye de ne pas tiquer, mais les pupilles turquoises de Crématorium me transpercent et je suis sûre qu'il a remarqué le léger soubresaut de ma paupière.
J'aurais pu me montrer plus sereine si chaque mot qui sortait de la bouche de Katsuki ne nous faisait pas faire un pas de plus vers la mort.

Dabi: Parle pour vous. Pas monnaie courante de trouver deux gosses de Yuei sans la flopée de Héros qui leur colle aux bask'.

Le ricanement de Mr. Compress me donne des envies de violences et quand je risque un regard dans sa direction, je le vois appuyé sur ses coudes, ses mains prenant son visage en coupe comme s'il s'enquerrait vraiment d'une quelconque réponse.

(T/p): Qu'est-ce que vous nous voulez, putain.

Le juron m'a échappé avant même que je puisse songer à le retenir. Je suis trop tendue, et ça me trahit.
Mais Crématorium ne fait que ricaner en replongeant ses yeux perfides sur moi.

Dabi: Bah tiens, la gosse se décide à parler! Je craignais que tu m'aies ramené une petite timide, Atsuhiro.

Il m'envoie un sourire qui fait s'écouler de nouvelles gouttes de sang au coin de ses lèvres, alors que son collègue se marre à côté.

Mon pied s'agite, j'ai envie de me barrer.

Dabi: Enfin, rien de spécial. On fait passer le temps. Tiens d'ailleurs, que pensez-vous de... Notre nouveau compagnon?

Crématorium croise ses jambes sur la table et fait danser le liquide au creux du verre qu'il tient dans la main. Je sens la colère forcer mes traits en comprenant qu'il parle du Wendigo.

Dabi: Quelle entrée en scène il a faite, hein?

Mr. Compress: Ouais, vous vous y attendiez pas à celle-là, hein?

Leurs rictus me percent les tympans plus que la musique et tout ça commence vraiment à me taper sur le système. Je constate que ça fait le même effet à Katsuki, quand je vois le sang pulser dans la veine de sa tempe à chaque fois qu'il contracte la mâchoire. Et je sais pas comment il fait pour garder cet étrange calme.
Moi j'ai l'impression de bouillir sur ma chaise.

Katsuki: Putain, vous êtes vraiment tordus. Y'a vraiment qu'ça pour vous amuser ? La mort ?

Nos interlocuteurs hurlent à nouveau de rire comme si Katsuki venait de faire la blague du siècle et je serre les poings si fort pour me contenir que je sens mes ongles transpercer ma chair.

Mr. Compress: Ah! c'est là la question! Telle est effectivement la question: That is the question ! comme je lisais dernièrement dans le journal.

Et il repart dans un rire si aigu que je crains que Katsuki ne lui saute à la gorge.

Dabi: Vous vous fourvoyez, les gosses. C'est pas la mort qui nous amuse. C'est ce qui vient après; la souffrance, les pleurs de ceux qui restent, le désespoir. Le genre de réaction que vous avez eue quand le p'tit Shoto s'est pas relevé après l'attaque.

Une seconde est passée. Une seule durant laquelle s'est immiscé un flash-back dans ma tête.
J'ai vrillé. J'ai senti ce truc qui brûlait dans ma poitrine et je me suis levée de ma chaise avec tant de violence qu'elle a valdingué bruyamment derrière moi.
Je savais à son petit sourire fier que c'était de la pure provocation et que j'aurais mieux fait de me contenir.
Mais j'ai pas su.
Du coin de l'œil, j'ai aperçu le mouvement qu'esquissait Katsuki pour me retenir mais déjà, j'envoyais voler le verre que Crématorium avait devant lui.
Il éclata au sol au moment où mon poignet était saisit.

•I need a real home• [ShotoXreader] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant