Hôpital Musutafu,
10h35PDV Katsuki:
Les médecins m'avaient enfin lâché la grappe et j'avais qu'une idée en tête; trouver (T/p).
J'avais dû faire une batterie d'examens qu'je savais pas nécessaire au vu du peu d'blessures que mon corps présentait.
Mais le moral. Putain le moral il y était pas.On nous a proposé un suivi psychologique.
Comme si j'en avais quelque chose à foutre.
Ils pensent qu'on l'trouve où, le temps?
Y'a une bête mangeuse d'hommes qui arpente les rues et ils espèrent que j'vais aller m'asseoir dans un fauteuil pour chialer sur mon sort ?
Ou sur celui de Shoto, qu'j'ai vu s'écrouler devant moi?
Avec ça, j'aurais sûrement assez d'cauchemars pour le reste de ma vie, mais j'calcule pas.
Le monde entier pourrait bien être en train de crever, mon objectif resterait le même.
J'devais trouver (T/p) et m'assurer qu'elle tienne le coup.
Parce que le coup, il avait été rude.*
Katsuki: Eiji.
J'avais certainement ouvert la porte un peu trop brutalement puisque mon ami sursauta sur son lit, renversant une partie du verre d'eau qu'il tenait serré dans sa main avant de me sourire maladroitement.
Mes yeux se fixèrent ensuite sur (T/p), assise en boule sur l'appui de fenêtre depuis ce qui semblait être un temps infiniment long, le regard perdu au travers de la vitre.
Elle ne m'adressa pas un regard.Éclaircissant ma gorge, je fermai la porte avec ce qui se rapprochait le plus de la délicatesse et je pris place sur la chaise positionnée à côté du lit d'Eijiro, les deux coudes posés sur les genoux et les mains jointes pour essayer de donner l'impression que j'étais pas anxieux.
Katsuki: Comment ça va, mon vieux ?
J'ai senti que ma voix sonnait comme pas très à l'aise. Limite accablée. J'savais qu'c'était une question stupide; C'était pas passé loin pour lui non plus.
Mais Eiji étant Eiji, il n'a pas pris la peine de m'faire la remarque que ma question c'était d'la merde et qu'je disais ça juste parc'que j'savais pas quoi dire d'autre dans un moment aussi tendu qu'était celui qu'on était en train d'vivre.
Nan au lieu d'ça, pour la deuxième fois, il m'a souri.
Ouais parc'que personne avait plus trop le cœur à mettre des mots.
Et (T/p) bougeait toujours pas.J'ai observé son dos arrondis qui se dressait devant moi, le léger souffle qui le faisait monter et descendre. Ses cheveux emmêlés qui cachaient la moitié de son visage, alors que l'autre se reflétait tristement dans la fenêtre. Elle mordait la manche de son pull, et j'ai pas saisi si c'était pour s'empêcher de crier ou pour se forcer à rester murée dans le silence.
Pas une fois, ses yeux ne se déposèrent sur moi. À croire qu'elle avait même pas senti que j'étais rentré dans la pièce.Alors j'ai jeté un regard soucieux à Eiji, parc'que ouais, pour une fois dans ma vie j'étais inquiet pour quelqu'un d'autre que moi-même. Mais il a juste secoué lentement la tête en baissant les yeux pour me faire comprendre qu'il avait pas eu droit à plus de regards ou de mots.
Mes yeux sont tombés vers le sol et s'y sont fixés, parc'que j'pouvais pas supporter la vision de (T/p) figée comme elle était, les yeux rougis par les pleurs, la couleur de son visage qui la rendait si pleine de vie bouffée par la fatigue. Ses vêtements encore tachés d'un sang qui était même pas le sien.
J'savais pas quoi faire ou dire sans qu'ça paraisse stupide. Mais j'me suis quand même levé de cette foutue chaise qui grinçait et transperçait le silence chaque fois que je remuais un cil.
Il fallait bien que quelqu'un dise quelque chose. N'importe quoi.
Sinon, on allait juste continuer à s'laisser faire bouffer l'esprit par nos tourments.
Et Shoto, il aurait pas voulu ça.Katsuki: Ils ont décidé de faire évacuer la ville.
J'étais derrière elle, les mains dans les poches parc'que j'savais pas quoi faire de mes dix putain de doigts et, du haut du quatrième étage sur lequel on se tenait, j'ai regardé les gens d'en bas s'agiter dans tous les sens pour rassembler leurs affaires.
Une véritable flopée de mouches qui savent pas où s'poser.
J'me doute que (T/p) avait déjà bien saisi la situation, vu qu'elle les fixait depuis bien trop longtemps déjà.
Mais j'sais pas, j'voulais juste la faire réagir. Quitte à c'qu'elle me dise de la boucler pour pas troubler davantage son silence.
Mais elle a rien dit.
Le léger son dans lequel se mua sa voix resta indiscernable. Et ses yeux n'ont pas décroché du vide dans lequel ils s'étaient plongés.J'ai tendu une main sans réellement réfléchir. Mes doigts se sont prudemment glissés entre ses mèches de cheveux alors que je cueillais l'arrière de sa tête dans le creux de ma paume, et j'ai senti qu'elle y mettait tout son poids, comme si sa tête pesait trop lourd à porter.
PDV (T/p):
Mes yeux se sont fermés tout seuls. Ce fut presque un soulagement de sentir que je n'avais plus à porter le poids de mes sombres idées toute seule.
Elle est puissante, cette impression qu'on vous insuffle un nouveau souffle de vie par le biais d'un simple contact.Eijiro: Ça va faire bizarre, une ville toute vide...
J'ai rouvert les yeux pour les poser à nouveau sur le nombre incalculable de gens qui s'agitaient dans tous les sens, au bas de la fenêtre. D'aucun d'eux n'a daigné relevé les siens vers nous.
Ils faisaient tous leurs bagages, ils fuyaient au plus vite vers une échappatoire qui ne nous était pas destinée.
Et quelque part, je leur en ai voulu.Parce qu'il était certain qu'eux allaient vivre, ne serait-ce qu'un peu plus longtemps que nous. Et parmis tous ces fuyards, j'ai détesté le fait qu'aucun d'eux ne montre une once de compassion pour nous, les pauvres héros condamnés qui restaient.
Ont-ils seulement eu une pensée pour nous? Pour nous qui, à dix-sept ans seulement, allions nous sacrifier pour sauver la vie de ceux qui nous oublient aussi vite qu'un message balayé par la mer sur le sable?J'ai tourné la tête pour empêcher mes yeux d'envier ce dont nous étions privés, et la larme de rage qui dévala ma joue sembla tracer le chemin d'une longue brûlure.
Katsuki: Ce sera plus simple sans eux. On aura qu'une seule cible à attaquer et personne à défendre. Seulement nous-même.
J'ai senti la déception dans sa voix.
Parce que, même si le chemin des Héros c'était celui qu'on avait choisi...La confrontation brutale avec la mort donne l'envie de fuir à tout le monde.
Mais avant, on s'en rendait pas compte. On se sentait forts avec nos alters.
On se sentait à part.
Et puis c'est quand l'un de nous se retrouve pendu au fil si fin qu'est celui de la vie qu'on se rend compte qu'on n'est pas inatteignable.
Le coma de Shoto avait fait volé en éclats notre avenir idyllique.
Et jamais encore, le ciel ne m'avait paru aussi gris.
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•I need a real home• [ShotoXreader]
Fanfic(T/p) (T/n) est une jeune femme faisant partie des 20% de la population dépourvue de pouvoir. C'est dans une période difficile de sa vie qu'elle fera la connaissance d'Eijiro Kirishima, un jeune homme qui la prendra précieusement sous son aile pour...