|Lien brisé|•

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Tochi: Tu as beaucoup grandi..

Je haussai mollement les épaules sans oser le regarder.
Cette discussion ne nous mènerait nulle part. Pourquoi étais-je là ?

Tochi: Je suis désolé qu'on se retrouve dans un endroit comme celui-ci. Ce n'est pas ce que j'avais imaginé..

Je croisai son regard en fronçant légèrement les sourcils. Sa jambe continuait de s'agiter et il chipotait à ses doigts avec nervosité.

(T/p): Parce que t'imaginais qu'une rencontre dans d'autres circonstances était possible ?
J'trouve ça déjà vachement incroyable que tu te retrouves ici seulement maintenant après tout ce que tu dois déjà avoir consommé depuis ces dernières années.

Mon père passa une main tremblante sur son crâne rasé en vérifiant que les tables alentours ne m'avait pas entendue.

Tochi: J'ai fréquenté les mauvaises personnes (T/p)..

(T/p): Et maintenant t'en fais partie.
Il est beau le résultat. C'est pour me montrer ça que tu m'as fait venir ?

Je ne sais pas si je parlais de cette manière par colère ou par pure déception.
Mais quoiqu'il en soit, je n'avais pas la patience de l'écouter exprimer ses regrets et ses beaux discours.

Il chipota nerveusement à sa lèvre avant de soupirer.
De toute évidence, il ne savait pas quoi dire.

Considérant avec attention l'état lamentable dans lequel il se trouvait, je croisai mes mains entre-elles et regardai le sol en cédant finalement à baisser d'un ton.

(T/p): T'es ici pour combien de temps ?

Pas que ça me préoccupait vraiment de connaître la réponse. Simplement, je posais la question par principe.

Il s'éclaircit la gorge et toussa légèrement avant de répondre.

Tochi: Un an.. Un an ou je paye trois milles sept-cent cinquante euros..

(T/p): Glorieux. Et il te reste quoi sur ton compte ?

L'ironie que je faisais me permettait de garder mon calme. Mais j'étais à deux doigts d'exploser.

Mon père baissa les yeux en arrachant une peau à son doigt, qui fit perler une goutte de sang.

Tochi: Je suis presque en négatif..

Un rictus de panique traversa mes lèvres alors que je tournais la tête pour ne plus croiser son regard.

(T/p): Tout est parti dans la drogue donc.
Ta santé, ton travail, ton argent..
L'avenir s'annonce terne.

Son poing se serra et il contracta la mâchoire devant la réalité que je lui exposais.

Tochi: J-je suis aidé ! Je suis une cure de désintoxication et j'ai un suivi psychosocial !
Mais-..

Mon père retrouva son calme en soupirant par le nez et ferma les yeux avant de me regarder de nouveau.

Tochi: M-mais je peux pas guérir tout de suite, tu comprends ?

Il gratta nerveusement son crâne sans cesser d'agiter sa jambe, avant de mordiller sa lèvre. Il mit ensuite rapidement sa main sur sa bouche en détournant le regard, me donnant ainsi l'impression qu'il se retenait de vomir.
Après avoir dégluti, il soupira puis reprit.

Tochi: Regarde dans quel état ça me met. J'suis en manque bordel ! Je me soigne d'accord, mais je peux pas arrêter comme ça, d'un coup. Ça me rend malade, je vomis comme un chien, je suis ultra nerveux et j'arrive plus à dormir putain, regarde la gueule que j'ai !

Je sursautai presque lorsqu'il haussa le ton et, mordillant ma joue, j'observai son visage sans avoir le courage d'ajouter quoi que ce soit.

Il finit par se rendre compte que son attitude ne convenait pas et il récupéra son calme en baissant le ton de sa voix.

Tochi: E-écoute, (T/p). J'ai besoin de toi.
Ils vont me buter si ça continue. Je- J'en ai besoin, tu comprends ? Il faut que tu m'amènes de quoi.. me détendre lorsque tu me rends visite..

Dans ma main, il plaça discrètement un petit tube en verre qui contenait un papier, certainement une liste des choses qu'il désirait.

Cette fois-ci, c'est moi qui me retins de vomir face à sa demande. La colère monta et je serrai le poing sur la table en le fusillant du regard, me faisant force pour ne pas parler fort.

(T/p): T'es sérieux ? T'es conscient de ce que tu me demandes, là ?! T'as vécu toute ta putain de vie comme un rat, sans jamais te soucier de ce que je devenais. Et maintenant qu't'es profondément dans la merde, tu te souviens qu't'as une gamine qui est pas derrière les barreaux et en plus, tu t'imagines qu'elle peut t'apporter de quoi te piquer ?!

Mon père voulu en placer une en posant une main tremblante sur mon poing que je dégageai vivement.

(T/p): Et ne me touche surtout pas !

Me levant d'une manière assez brutale, je lui adressai un regard empli de colère, peinant encore à réaliser la raison du pourquoi il m'avait demandé de venir le voir.

(T/p): Tu n'es pas toi-même.
Tu ne seras plus jamais toi-même.
Ne compte pas sur moi pour revenir.

Tochi: (T/p), j-je t'en prie..

Je détournai les yeux du regard suppliant de mon père et secouai la tête en mordillant ma lèvre.

(T/p): Navrée que tu ais gâché ta liste de visite en inscrivant une personne qui t'a rayé de sa vie il y a bien longtemps..

Ne supportant pas davantage la situation, je me dirigeai en vitesse vers la sortie et, une fois dehors, je dû mordre le dos de ma main pour m'empêcher de crier. Je regrettais profondément d'être venue, songeant qu'à partir de maintenant, je ne verrai plus jamais mon père autrement qu'en homme malade, addicte et privé de liberté.
Une image pour le moins médiocre.

Me rendant compte que le tube en verre était toujours entre mes doigts, je le lançai rageusement contre un mur et le fis éclater en une multitude de morceaux.

Je sortis rapidement mon téléphone, dans l'espoir de trouver un vain réconfort, mais je n'avais rien reçu de la part de Shoto en réponse à mon message.

Passant une main dans mes cheveux, je mordillai ma lèvre pour retenir les larmes qui ne méritaient pas de couler pour mon père.
Je m'accroupis contre le mur, joignant mes mains entre-elles pour laisser reposer mon front dessus.
Mes jambes tremblaient, ma vision se troublait et ce n'était pas l'envie de hurler qui me manquait.

Je relevai cependant la tête en sentant une présence s'accroupir à mes côtés, et ce fût comme si le temps s'était figé.

Shoto: J'ai demandé une autorisation de sortie dès que j'ai vu ton message. Et j'ai attendu un peu plus loin, le temps que tu sortes. Je.. Je ne savais pas si tu préférais être seule ou-

Il ne poursuivit pas sa phrase lorsqu'il senti mes bras se serrer autour de sa nuque avec force.
Sans doute savait-il que ce n'était plus nécessaire de continuer, étant donné que sa simple présence avait suffit à me faire craquer.

Il mit ses bras autour de moi et me serra en retour, portant une main à mes cheveux pour les caresser en douceur et ainsi tenter d'apaiser mes pleurs.

Lui resta dans le silence.
Il partagea ma douleur.
Et finit même par l'éteindre.

•Crying is a way your eyes speak when your mouth can't explain how broken your heart is•
~
•Pleurer est un moyen pour tes yeux de parler lorsque ta bouche ne sait pas expliquer à quel point ton cœur est brisé•

•I need a real home• [ShotoXreader] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant