|Dévoiler ses faiblesses|•

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Samedi, 9h30

Lia: (T/p), lève-toi, il est l'heure.

Une main ébouriffa mes cheveux en douceur et un léger grognement m'échappai alors que j'ouvrais péniblement les yeux. Ma mère ouvrit bien grand les rideaux qui laissèrent la fenêtre filtrer la lumière du jour en un clin d'œil, m'aveuglant au passage.

(T/p): Mmh...

Lia: Je t'ai déjà préparé ton café, ne perd pas trop de temps pour descendre.

D'un hochement tête, je lui fis comprendre que je n'allais pas tarder et ma mère quitta ma chambre avec un léger soupir.

Soupir de soulagement ou vaine tentative de se détendre ? Etait-elle anxieuse ou soulagée de savoir où je me rendais aujourd'hui ?
Aucune idée, je n'ai pas cherché à savoir.

Je pris le temps de m'étirer longuement en baillant, avant de fixer mon plafond plusieurs minutes, tentant de trouver une raison pour me motiver à me lever.
Honnêtement je n'en voyais aucune.
Du moins, je n'avais pas l'envie d'en voir une.

Cela fait longtemps maintenant que j'ai perdu l'envie. L'envie de faire quelque chose, l'envie de parler, l'envie de bouger.
En fait, c'est l'énergie qui est partie.
Et elle a entraîné avec elle ma motivation.

Si on reprend tout depuis le début, je suis née sans alter. Sur les quatre-vingts pourcents de la population doté de super pouvoirs, je fais partie des vingt pourcents sans alter. Autant être clair et dire que, dès le début, j'ai compris que je n'aurai pas vraiment de chance dans la vie.
Je suis donc entrée dans une école banale, avec des profs banals et des élèves tout aussi banals. Ajoutons à cela le poids pesant du dégoût de toutes ces personnes faisant partie des vingt pourcents exclus, si on peut dire. Et imaginez à présent la glorieuse scène.

Ouais. La routine s'est tristement teintée.

Un jean que l'on met souvent à la machine finit par se délaver. À mes yeux, la vie a fini par se délaver, elle aussi.
Elle a perdu de son éclat.
J'ai perdu de ma force.
Elle s'est plongée dans un silence pesant.
Je me suis faite couler au plus profond d'un burn-out.

Avec un effort qui me sembla bien trop fatiguant, je me levai et m'habillai sans réelle application. Je descendis les marches d'un pas lent, ne manquant pas de traîner des pieds en frottant mes yeux encore gonflés de sommeil. Ma route se poursuivit jusqu'à la cuisine, puis jusqu'à la table où m'attendait ma tasse de café. Du coin de l'oeil, j'aperçus le mouvement de ma mère qui s'appuyait contre l'évier et il me sembla qu'elle regardait le vide de longues minutes sans rien dire. Son regard pesant, étrangement lourd sur mes épaules, me fit tourner la tête dans sa direction.
Elle soupira légèrement.

Lia: Comment tu te sens ?

Un haussement d'épaules lui amena réponse tandis que je tournais la tête vers la fenêtre en pensant que cette question était vraiment stupide.

Lia: Je sais que tu n'as pas envie d'y aller... mais ça va peut-être t'aider, tu sais ?

Second haussement d'épaules, accompagné cette fois d'un froncement de sourcils.

(T/p): À quoi ça sert que je raconte ma vie à des inconnus de toute manière ?

Lia: Ils sont ou ont été dans la même situation que toi, (T/p). Ils t'apporteront certainement l'aide que je ne suis pas capable de t'offrir.

Mes yeux rencontrèrent les siens et je pus y lire tout le désolement qu'elle avait pour moi.
D'une certaine manière, ça m'irrita sans que je ne sache vraiment pourquoi. Je sortis donc de la cuisine pour enfiler mes chaussures ainsi qu'une veste avant de me diriger vers l'extérieur pour rejoindre la voiture. Ma mère ne tarda pas à me rejoindre et la Polo démarra en même temps que cette angoisse qui ne quittait plus mon corps. Mettant mes écouteurs pour tenter de me détendre, je fixai le décors qui défilait sous mes yeux. Aucun mot ne fût échangé durant le trajet et, une fois arrivées, ma mère me lança "Je viens te rechercher dans une heure. Courage !", me laissant ainsi seule avec mes angoisses.

•I need a real home• [ShotoXreader] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant