|Et la mort semble se rire de nous|•

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Hôpital Musutafu,
00h02

J'avançai d'un pas lourd dans les couloirs, évitant tout ce qui aurait tendance à me renvoyer l'image déplorable de mon reflet.

Les scènes que j'avais vécues plus tôt défilaient en boucle dans ma tête et j'étais incapable de les refouler.

Je revoyais les griffes de la bête. Sanglantes.
Le corps de Shoto.
Transpercé.
La chambre d'hôpital.
Étouffante.
Les larmes d'Endeavor.
Abattu.

Tous ces flash-back martelaient ma tête sans pitié, m'ôtant le sommeil, creusant mes yeux.
Tout me semblait si misérablement triste.
C'était comme si j'avais cette main autour du cou qui ensserrait ma gorge en permanence pour m'empêcher de dire quoi que ce soit.
J'étais vide.
Et je n'avais même plus de larmes pour pleurer.

*

PDV Eijiro:

J'ouvris les yeux sans parvenir à réprimer un soupir.
Le sommeil me fuyait.
Ou peut-être était-ce la peur qui m'empêchait de m'abandonner à lui.
Les médecins ne cessaient de faire des allées et venues dans les couloirs, ramenant et s'occupant de toujours plus de blessés.
L'hôpital n'était que lamentations, pleurs, ordres jetés en l'air, bruits de talons qui claquent sèchement le sol avec précipitation, comme s'il restait encore quelque chose à fuir.
La mort, peut-être.

Au milieu de ce vacarme, deux médecins, le souffle court, avaient passé leur tête à travers la porte de ma chambre, à des intervalles différents, pour vérifier que je n'avais besoin de rien.
Parmi eux, le docteur Yushio. L'un des chirurgiens ayant pris part à l'intervention visant à reconstituer le diaphragme déchiré de Shoto. Ainsi j'avais tragiquement appris que l'un de mes amis était plongé dans le coma, et ça m'avait fait l'effet d'une bombe. Tiraillé par l'angoisse, j'avais demandé au docteur Yushio un rapide compte-rendu sur l'état de santé des autres élèves de la seconde A et, Shoto et moi mis à part, les autres étaient principalement en salle de repos pour blessures superficielles.

Le second médecin ayant précédé la visite du docteur Yushio était la jeune femme aux cheveux argentés que j'avais rencontrée à mon réveil dans la chambre, après m'être évanoui dans les bras de Mashirao une fois que j'avais traversé le portail de (T/p).

- Artère fémorale touchée. Tu as eu beaucoup de chance, c'est pas passé loin gamin, m'avait-elle adressé avec une moue embêtée. Le regard qu'elle avait ensuite glissé sur ma cuisse gauche m'avait incité à faire de même, et j'avais ainsi constaté le remplacement du garrot de fortune qu'avait fait mon amie par un solide bandage soigneusement enroulé autour de ma jambe.

Aizawa n'avait pas tardé à suivre et s'était assuré que je me remettais doucement.
Je crois que jamais encore je n'avais vu mon professeur aussi... abattu.

Poussant un profond soupir, je tournai la tête vers la fenêtre, observant un ciel dénué d'étoile. A croire que même elles, avaient fui pour ne pas avoir à observer notre état lamentable.

Le cliquetis de la porte me fit tourner la tête vers l'autre côté de la pièce et l'ombre de (T/p), exposée par la lumière du couloir, se dessina sur le sol de ma chambre. J'ai relevé un peu plus les yeux et j'ai croisé ses deux pupilles (c/y) qui semblaient vidées de leur vie.

Eijiro: (T/p)-

Un truc dans ma gorge s'est bloqué.
J'ai senti mes lèvres trembler.
Je m'étais pourtant promis d'être fort pour elle. Mais quand elle s'est effondrée dans mes bras, j'ai pas su me contrôler.
Je me suis mis à pleurer.

•I need a real home• [ShotoXreader] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant