Riley Parker
Lorsque Tonia s'était assoupie, je m'étais écroulée sur mon lit en fixant le plafond. Je repensais à ce qui venait de se passer entre nous. Déjà que je ne m'attendais pas à partager une chambre avec elle, il fallait en plus que je perde mes moyens en sa présence. Je ne me suis pas acharnée sur elle durant des mois pour finir comme ça tout de même. Tout ce que je voulais, moi, c'était m'éloigner d'elle le plus possible.
Lorsque je l'avais plaquée contre ce mur, j'ai bien failli me trahir en voulant l'embrasser. En évitant son regard, j'ai quand même réussi à me contenir. Cependant, quelque chose m'avait perturbé. C'était le fait qu'elle ne daignait même pas se défendre ou même me détester. J'ai tout fait pour qu'elle me déteste, et pourtant elle m'a sorti une phrase du genre : « Riley. Je t'aime. Et ça ne changera pas, quoi que tu puisses me faire ».
À ce moment, je me suis demandée comment pouvait-on aimer à ce point une personne qui vous a malmenée jusqu'à vous faire pleurer. Mais la réponse était évidente et claire. Tonia m'aimait d'un amour sincère, tellement sincère que je n'arrivais même pas à la briser.
Comprennez-moi, je l'aime, mais je ne peux pas l'aimer. Ma vie ne serait que désastres si je m'autorisais cet amour. Surtout depuis ce fameux jour...
Deux ans auparavant, lorsque j'étais au collège en classe de troisième, je venais tout juste de découvrir qui j'étais réellement. En réalité, c'était dès le début du collège que j'avais eu des doutes sur moi-même. Je pensais être comme tout le monde alors je m'étais fixée uniquement sur le genre masculin. Mais arrivée en troisième, j'avais commencé à développer une étrange attirance pour les filles. C'était à cette époque que j'étais, pour la première fois de ma vie, sortie avec quelqu'un. Je l'aimais, ou plutôt on s'aimait. Par contre, je ne m'attendais pas à me heurter à un mur bien plus tard face à mes parents.
— Qu'est-ce que tu viens de dire ? a lancé mon père d'un air froid.
Pétrifiée, je regardais ailleurs en murmurant les mots suivants.
— J'aime les filles,...
Écarquillant les yeux, j'ai reçu une claque qui m'a fait valser contre la bibliothèque du bureau de mon père. La douleur était lancinante, au point où j'avais envie d'éclater en sanglots. C'était la première fois de ma vie que mon père m'avait fait une chose pareille.
— N'oublie pas qui tu es. Tu es une Parker. Par conséquent, je ne tolérerai pas une déviance de la sorte ! a-t-il hurlé d'un ton ferme.
— Mais,... ai-je tenté en vain.
— Ose encore prendre la parole et je te promets que tu le regretteras, a-t-il dit froidement.
Je me suis tue immédiatement en me mordant les lèvres. J'ai réprimé mes larmes en sachant que si je pleurais maintenant, la situation ne ferait que s'aggraver. Je me suis donc relevée et suis partie en trombe jusqu'à ma chambre en versant toutes les larmes de mon corps.
Le jour suivant, ma copine m'a saluée et tout comme d'habitude, mais moi, je l'ai ignorée. J'ai même fini par rompre avec elle, mais elle s'était tellement attachée que la seule solution qui me soit parvenue à l'esprit, c'était le fait de la harceler. Je ne prenais aucun plaisir à le faire, bien évidemment ce n'était pas humain. Mais je voulais qu'elle arrête de m'aimer et ça a marché. Traumatisée par mes actes, elle avait fini par changer d'établissement et depuis, je ne l'ai plus jamais revue.
Les années passèrent tranquillement jusqu'au jour où j'avais rencontré Tonia. Étant nouvelle, je l'avais en quelque sorte aidée à poser ses marques. Puis, on est devenue amie. Mon père n'avait rien contre mes amitiés, mais il était tout de même méfiant alors je prenais parfois mes distances avec les autres filles. Sauf que Tonia persistait à me tenir compagnie. Je n'avais rien contre alors je l'avais laissée faire.
Des mois après, j'avais trouvé une lettre provenant de Tonia dans mon casier. Elle me disait de la rejoindre derrière l'établissement à la fin des cours. Ayant une drôle d'appréhension, j'avais pris une demi-heure à me décider. Je finis par la rejoindre. Elle était sur le point de partir, mais je l'avais retenue.
— Je,..... Je t'aime Riley Parker !
Mes yeux se sont écarquillés face à cette déclaration. Mon cœur s'était serré. Non, pitié, pas encore. Je ne veux plus jamais avoir à faire ça. Intérieurement, je voulais lui dire oui et sauter dans ses bras pour l'embrasser, mais au lieu de cela, j'ai pris une expression neutre pour masquer mes véritables sentiments. Je l'avais violemment rejetée, qui plus est, je lui avais menti d'une manière cruelle.
Et pour être sûr qu'elle ne s'attache pas, j'ai commencé à la harceler. Je voulais qu'elle me déteste, qu'elle me haïsse de tout son être. J'ai tout fait pour cela et pourtant, elle persiste à m'aimer. Parfois je ne la comprends pas, comment peut-on aimer sa propre tortionnaire ? Surtout après toutes les horreurs que je lui ai fait subir. Je ne mérite même pas son amour.
Me redressant dans mon lit après avoir repensé à tout ça, des larmes coulaient sans le vouloir sur mes joues. Au fond, je savais que j'étais peinée de ne pas pouvoir clairement m'affirmer et être ce que je suis réellement. Ça me frustre de voir à quel point Tonia m'aime et que je ne peux pas l'aimer en retour. J'avais envie qu'elle m'aide à sortir de cette impasse, mais bien évidemment, puisqu'elle ne savait rien de tout ça, je serai peut-être condamnée à rester une personne que je ne suis pas.
Repliant mes genoux contre ma poitrine en les entourant de mes bras, j'y enfouissais ma tête d'un soupir.
— Si je le pouvais, je te dirai ceci : Je t'aime Tonia Mussini. Me dis-je à moi-même.
À SUIVRE,...
N/A : J'enchaîne les chapitres ! Je me suis dite qu'un petit point de vue selon Riley ne ferait pas de mal. Désormais que vous en savez plus, hésitez pas à me donner vos avis ! Que ce soit sur l'histoire jusqu'ici ou juste du chapitre.
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𝕱𝖔𝖗𝖊𝖛𝖊𝖗 𝖔𝖗 𝖓𝖔𝖙 ? [wlw]
Teen FictionDécouvrez "Forever or not ?", un récit poignant sur la vie de Tonia, une lycéenne de 16 ans, et Riley, sa colocataire populaire qui se révèle être sa harceleuse. Plongez dans leurs histoires entremêlées de cruauté et d'espoir, et explorez les vérité...