Tonia Mussini
Je n'y croyais pas, ou plutôt je ne voulais pas y croire. Rien qu'à la vue de Riley, je n'avais qu'une seule envie : me barrer de cette chambre. Il fallait croire que la pensée était partagée, étant donné qu'elle ne semblait pas apprécier ma présence en ces lieux. Passant de la colère à la résignation, Riley finit par m'adresser la parole froidement.
— Qu'est-ce que tu fais là, Mussini ?
— On m'a dit que je devais rester au dortoir pour un temps indéfini. Apparemment, je partage cette chambre avec toi, dis-je en refermant la porte derrière moi à contrecœur.
De toute façon, il fallait bien s'y faire, que cela me plaise ou non. Relevant ensuite mon regard vers elle, Riley finit par éclater d'un rire sans joie.
— Bien sûr. Comme si ma vie n'était pas déjà assez compliquée, maintenant je dois supporter ta présence jour et nuit.
Je restai silencieuse, je n'avais aucune envie de me prendre le bec avec elle dès mon arrivée au dortoir. Une journée entière de torture est amplement suffisante, alors pas la peine d'en rajouter inutilement.
Après quelques secondes de silence, je la vis ramasser ses vêtements éparpillés sur son lit avant de se diriger vers moi en me lançant un regard noir. Un regard complètement dénué d'empathie, mais pourtant si perçant à mes yeux.
— Écoute bien, Tonia. Cette chambre, c'est mon territoire. Tu restes de ton côté et je reste du mien. Pas de bavardages, pas d'interactions, rien. C'est clair ?
J'acquiesçai silencieusement. Riley sembla satisfaite de ma soumission et se dirigea vers la salle de bain en claquant la porte derrière elle. Je soupirai et commençai à déballer mes affaires. Je sentais bien que cette colocation n'allait pas être de tout repos, qui plus est, je devais désormais voir ma tortionnaire jour et nuit. Quelle plaie.
Bien plus tard, j'avais réussi à déballer toutes mes affaires. J'étais donc allongée dans mon lit, AirPods dans les oreilles, essayant d'oublier ce que je venais de vivre à l'instant. Suite à cela, je finis par tomber dans les bras de Morphée sans m'en rendre compte.
Comme à chaque fois, je rêvais de la même chose. Lorsque je fermais l'œil, ce rêve blessant refaisait surface sans que je m'y attende. C'était le jour où Riley m'avait enfin montré son vrai visage, le jour où tous mes malheurs au lycée ont commencé. Voici ce qu'il en était...
Ce jour-là, j'avais pris une décision après maintes hésitations. J'avais posé le pour et le contre, réfléchi aux potentiels risques. Cependant, je n'avais pas pensé à la possibilité que cela impliquerait réellement bien plus tard.
J'étais là, livre à la main, adossée contre un arbre à l'arrière du lycée. Si je ne me trompais pas, j'avais laissé un mot dans le casier de Riley lui disant de me rejoindre exactement à la fin des cours à l'endroit où je me trouvais. Le temps passait et je remarquais qu'elle était en retard d'environ quinze minutes. Si ça continuait, je finirais par me faire enfermer dans l'établissement.
Décidant d'attendre encore un peu, une demi-heure passa. D'un soupir, je fermai mon livre d'un coup en m'apprêtant à partir, mais...
— Attends. Tu voulais me voir ? lança une voix dans mon dos.
Me retournant, je vis Riley juste à quelques mètres de moi, les bras croisés, tenant ma lettre entre ses doigts.
— Euh... Exact, dis-je en sentant mon cœur se serrer dans ma poitrine.
— Et donc ?
Face à ce regard persistant, je ne sus quoi dire à cet instant. On m'avait toujours dit que les déclarations étaient la chose la plus difficile à faire lorsqu'on n'était pas confiant. Eh bien, à ce moment-là, je compris ce que ces mots voulaient dire. J'étais pétrifiée. Mais je devais au moins tenter, au risque d'échouer.
— Je voulais te parler de quelque chose... C'est-à-dire que... tentai-je en balbutiant, gênée.
Riley ne disait rien, elle me laissait finir ma phrase sans m'interrompre. Je pris mon courage à deux mains et lui lançai les mots suivants, presque en criant :
— Je... Je t'aime Riley Parker !
À cet instant, je crus voir une expression de surprise qui disparut aussi vite qu'elle était venue sur son visage. Je pensais avoir mal discerné son expression puisqu'à ce moment-là, elle me regardait d'un air impassible et glacé à la fois. Le ton de sa voix fut cassant et blessant à un point où je sentais une vive douleur au cœur.
— Ne prends pas tes rêves pour la réalité. À mes yeux, tu n'es rien, tu n'es personne. Tu m'es insignifiante, Tonia. Je n'ai jamais voulu être ton amie.
— Pourquoi ? lançai-je en baissant mon regard embué de larmes.
Riley se mit à rire d'un ton moqueur. Je ne comprenais pas sa réaction. C'était surtout cruel de sa part.
— Tu me demandes sérieusement pourquoi ? Oh franchement, dit-elle en marquant une pause avant de poursuivre, mon père m'a demandé d'être gentille avec toi uniquement parce que tu étais nouvelle. Ne crois pas un seul instant que je te considérais comme une amie. Qui plus est, tu me dégoûtes, dit-elle en partant, me laissant seule dans mes tourments.
C'était officiellement clair, je venais, pour la première fois, d'avoir le cœur brisé. Je n'étais pas seulement brisée par son rejet violent, mais plus par sa révélation outrageante. Je venais de goûter à la trahison et là je me suis dit que jamais je n'aurais dû lui accorder ma confiance. J'aurais mieux fait de continuer mes routines seule sans personne pour m'embêter. Au moins dans ces cas-là, mes livres et ma musique pouvaient me tenir compagnie sans me blesser.
C'était depuis ce jour que Riley avait commencé à me harceler. Allez savoir pourquoi d'ailleurs. Je me demandais intérieurement parfois si c'était vraiment à cause de ça qu'elle s'attaquait à moi. Pourtant, une déclaration n'incite pas réellement les autres à violenter, si ? Qui plus est, j'avais la drôle d'impression qu'elle n'était pas indifférente à ma déclaration. Elle me semblait avoir refoulé quelque chose lorsque j'ai cru voir une expression de surprise lors de ma confession. Une question se pose : que veut-elle réellement ?
Puis, j'ouvris lentement mes yeux en croyant apercevoir une silhouette à mon chevet. Je sentais une main parcourir délicatement mon visage. J'étais encore assez embrumée par le sommeil, alors je ne pus voir qui c'était. Et au moment où je repris complètement conscience, je me redressai en voyant Riley sortir en trombe de la chambre sans oublier de claquer la porte derrière elle. Apportant une main à ma joue où j'avais senti ce drôle de contact, je regardais toujours la porte par où Riley était sortie.
— Mais qu'est-ce que...
Une pensée traversa mon esprit. Serait-il possible que la silhouette de tout à l'heure soit Riley ? Et qu'elle m'ait... Comment dire ? Délicatement caressé le visage ? Non, c'est purement impossible à concevoir. Riley Parker ? Devenir délicate avec sa victime ? C'est complètement insensé !
Et pourtant, une partie de moi voulait y croire malgré le fait qu'il puisse s'agir d'une simple illusion.
— Riley... Que veux-tu à la fin ? Si tu me détestes, pourquoi agis-tu tendrement lorsque je ne le vois pas ? pensai-je, le regard baissé.
À SUIVRE,...
N/A : Bon, nouveau chapitre ! Un peu plus court que le premier, mais j'en suis fière ! Je dois dire que j'ai bossé toute la soirée sur l'écriture de celui-là pour la rendre plus attrayante et peut-être bien profonde ? En tout cas, j'espère que ça vous a plu ! Hésitez pas à me donner vos avis, je vous lis toujours. Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit car moi je suis claquée ! Il est temps pour moi d'aller faire un somme. À la prochaine !
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𝕱𝖔𝖗𝖊𝖛𝖊𝖗 𝖔𝖗 𝖓𝖔𝖙 ? [wlw]
Roman pour AdolescentsDécouvrez "Forever or not ?", un récit poignant sur la vie de Tonia, une lycéenne de 16 ans, et Riley, sa colocataire populaire qui se révèle être sa harceleuse. Plongez dans leurs histoires entremêlées de cruauté et d'espoir, et explorez les vérité...