20.1. « Ça a toujours été toi »

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JACOB

Enlacés dans le canapé du Studio, nous attendons le passage réglementaire au maquillage pour la séance photo du jour. Luan ronronne contre moi, assoupi sous une couverture. Il est encore tôt pour cette marmotte. Je caresse son ventre du bout de mon pouce, il frotte son nez dans mon cou en réponse, appréciateur.

— Tu aimes que je te touche ? lui chuchoté-je, audacieux.

— Hum... répond-il mollement, à demi endormi.

Je prolonge ce massage ambigu, me délectant de la douceur de sa peau, de son corps tout chaud, dont il me tarde de percer les secrets... Affamé de lui, je m'imprègne de ce rare moment d'intimité. Luan raffole de mes cajoleries et il ne faut pas me le demander deux fois.

Georges passe la tête dans l'entrebâillement de la porte, sans se formaliser de notre position :

— Qui est prêt en premier pour le maquillage ?

— Luan, j'y vais, pendant que tu finis ta nuit, d'accord ?

— Hum hum...

Je glisse mes doigts dans ses cheveux trop longs. Son joli minois endormi est une vision dont je ne me lasse pas.

— Luan ?

— Oui ?

— Si on ne déborde pas sur le planning, on ne terminera pas trop tard, pour la première fois depuis longtemps. Ça te dirait d'aller dîner ? proposé-je, plein d'espoir.

Parfois, je ressemble vraiment trop à Nate.

Il ouvre des yeux lumineux, un léger sourire teinte son visage ensommeillé.

— Épicé ? me supplie-t-il, avec une moue adorable.

Luan ne jure que par les plats qui enflamment les papilles, contrairement à moi. J'ai envie de lui faire plaisir. Par-dessus tout, je ne nourris qu'un seul désir, être avec lui. Dans un champ, sur la lune ou ailleurs...

— D'accord. Va pour de l'épicé.

— Merci, t'es le meilleur...

Après nous être contorsionnés dans toutes les positions possibles sous l'inspiration d'un photographe fantasque, tels deux pantins désarticulés, nous voilà libérés. Et il n'est pas minuit, j'emmène donc Luan à notre premier rendez-vous officiel. Le temps est orageux, ce soir. Toute la ville se presse pour s'abriter de ce ciel d'hiver menaçant, près de s'ouvrir sur nos têtes. La route est encore plus embouteillée que d'habitude dans le centre de L.A. Je souffle, agacé. Luan pose une main sur mon genoux qui tressaute nerveusement.

— On arrive. Tourne à la prochaine. Personne ne nous suit, t'inquiète. L'endroit n'est fréquenté que par la diaspora thaï.

— Tu connais bien ?

— Oui, car ils font un délicieux porc frit au basilic. Ma mère en serait jalouse. Hé, ne grimace pas, leur carte propose plein de plats différents.

— Tout ce qui te fera plaisir voyons, Cutie Pie, dis-je d'un ton suggestif.

Je détache mon attention de la route une seconde pour guetter sa réaction. Voilà une règle immuable : tant que Luan continue de rougir pour moi, tout ira bien. Tout ira bien. Sous ses yeux, une mince ligne de khôl mal démaquillée. Seigneur, il est sexy.

Quand nous arrivons dans le restaurant, l'odeur des plats traditionnels qui mijotent en cuisine honore immédiatement nos sens. Pas besoin d'aller très loin pour grappiller un peu du pays de Luan. Ici, surtout, nous serons tranquilles. Je ne demande rien d'autre.

The Making-of UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant