20.3. « Ça a toujours été toi »

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— Luan... qu'est-ce que tu fais ?

Ma voix est rauque, saturée de désir.

— À ton avis ? lance-t-il, effronté.

Son regard liquide me capture, il ondule lascivement. Mes reins s'embrasent, je suffoque. La friction de ses fesses domine mes sens, son érection se dresse contre la mienne, férocement tendue en retour. Je hoquette, tous mes serments envolés.

— Mon dieu, Luan... Tu vas me rendre fou...

J'accroche l'arrière de ses cuisses tendres pour le tirer sauvagement, avide de contact. Il halète et se tortille franchement sur moi. Noyé par des vagues successives de désir, j'empoigne sa nuque, ma paume libre s'insinue jusqu'à l'orée de sa fesse ronde, sous son short. Un geste que je suspends de justesse, effrayé de perdre le contrôle. Luan s'arrime à mon dos avec force, à présent. D'un mouvement assuré, son bassin roule à un rythme effréné, son sexe frotte le mien à travers la barrière de nos vêtements, avec une indécence que je ne lui connaissais pas. Je baisse les yeux sur son entrejambe, soufflé par la vue du renflement évident.

Je ne lui suis clairement pas indifférent...

Je relève son visage, l'embrasse fougueusement. Ma langue conquiert tout ce qu'elle peut, jusqu'à avaler sa salive, j'ai faim de lui. Ma queue sensible est tellement à l'étroit. Nous nous détachons brièvement pour voler un peu d'air à la pièce. Les joues de Luan brûlent, ses pupilles sont si embuées que je peux presque m'y mirer, ses lèvres sont entrouvertes pour moi, écarlates. Une vision obsédante.

Je retourne à l'assaut de sa bouche dans un gâchis humide, tout en intensifiant la danse de nos hanches, une main autoritaire pressée dans le bas de son dos. Il laisse échapper une plainte aiguë sous la tension infernale de nos membres gonflés. Je pourrais jouir dans mon pantalon sur le champ, tant la situation me dépasse.

— Jacob... Je crois que... je vais...

Manifestement, je ne suis pas le seul. Je sens Luan se contracter entre mes bras. Il se cache dans mon cou avant d'expirer de plaisir en tremblant violemment. Parcouru de spasmes, il se déverse dans son short. Ça a été rapide... Nous restons immobiles quelques minutes, à la recherche de notre souffle, laissant notre rythme cardiaque se stabiliser. Doux et suave, j'embrasse sa gorge pour calmer son pouls. Mon érection, elle, palpite toujours douloureusement.

— Eh bien, tu es bon pour reprendre une douche, désamorcé-je, dans un rire léger.

— J'ai honte... murmure-t-il.

— Il n'y a pas de raison. Et puis... c'était très excitant, expiré-je au creux de son oreille.

Une confession échappée de mes défenses, défiant un instant mes craintes absurdes de l'effaroucher. Il est beaucoup trop excitant. À ce rythme, je ne vais pas pouvoir me retenir encore de le dévorer tout cru, de lui montrer le vrai Jacob. Luan ne répond rien, mais il respire fort, relâché contre mon buste comme une poupée de chiffon.

— Et pour toi ? s'anime-t-il soudain.

Aucun de nous deux ne peut ignorer mon pantalon toujours déformé.

— Ne t'inquiète pas pour moi. Tu n'es pas obligé de...

Sans tenir compte de mes fausses hésitations, Luan referme une main tremblante sur mon entrejambe. Ses yeux audacieux se plantent dans les miens, injectant une décharge de désir pur dans mes testicules. Il s'humecte les lèvres d'instinct, et alors, il commence à malaxer la bosse proéminente, sans jamais détourner ses pupilles fiévreuses. Des picotements de plaisir naissent déjà sous l'effet de cette caresse inexpérimentée, mais si généreuse. Mon corps en réclame plus.

J'ouvre ma braguette, puis je le guide sur mon érection pour l'aider à me stimuler à travers mon boxer. Sa bouche humide m'allume, j'y glisse mon pouce, enivré par sa chaude moiteur qui m'avale. Cette vision obscène, associée au massage intenable de ses doigts plus bas, me font gémir puis décoller... jusqu'à ce qu'une déferlante de plaisir insensé me surprenne ! Bordel de merde. Je ferme les paupières, électrisé par cette jouissance fulgurante. Comme un adolescent surchargé d'hormones.

C'est un orgasme maladroit, à l'image de deux écoliers osant à peine se toucher. Imprévu, chaotique et excitant comme une première fois.

Je porte Luan jusqu'à la salle de bain pour y faire un brin de toilette. Je ne peux m'empêcher d'imaginer son joli sexe barbouillé de sperme. Je durcis à nouveau malgré moi à cette pensée. Nous nous glissons ensuite l'un contre l'autre dans son lit une place. Les traits de Luan se voilent de pudeur. Je caresse sa joue, sur mon nuage.

— Ne sois pas timide.

Luan est si versatile, un jour audacieux, le lendemain vulnérable. Cette dualité me rend complètement accro à lui. Je l'ai dans les tripes.

— Je me suis laissé emporter... avoue-t-il, sur un ton d'excuse.

Il couvre ses yeux pour fuir mon observation inflexible. Adorable.

— J'ai déjà entendu ça... le taquiné-je. Est-ce que tu regrettes ?

J'écarte ses mains, découvrant son visage.

— Bien sûr que non. C'était bon, Jacob, affirme-t-il en m'affrontant, cette fois.

Je déglutis.

— Je suis content, alors.

— Mais je ne voulais pas que ça se termine si tôt, tu sais...

— Ne t'inquiète pas pour ça, je n'en ai pas terminé avec toi, mon ange...

Luan couine d'embarras et fait mine de se dérober, sous mon rire extatique. J'ai hâte de lui faire découvrir de nouveaux horizons... de le faire mien sans rémission. Quand il sera temps. Je préférerais ne rien risquer plutôt que de le blesser. Là, il se mord la lèvre d'anticipation. Mon envie de lui culmine. Je me repasse le film de notre petite séance de corps à corps, encore échauffé par cet avant-goût. Je rêve déjà la chair douce – et dure – de Luan sous mes doigts... D'autres fantasmes inavouables s'immiscent, trop intenses pour mes facultés de raisonnement.

— Trop d'émotions pour une seule soirée. Il faut dormir, maintenant. Un câlin et j'y vais.

— J'aimerais que tu restes, minaude-t-il.

Sa tête s'échoue sur mon torse. Au creux de mes bras, il se niche, comme une parfaite extension de moi-même.

— Moi aussi, mais je n'ai pas mes affaires pour demain. Et Phil vient me récupérer à la maison à la première heure. On s'organisera mieux la prochaine fois, promis. Je reste jusqu'à ce que tu t'endormes.

Je le couvre de baisers tendres tout en le berçant. Quelques minutes s'écoulent, et déjà, j'entends sa respiration s'alourdir. Alors qu'il est assoupi, j'en profite pour graver tous les détails de ce tableau intime ; le grain de sa peau, l'ombre de ses longs cils, l'arabesque de ses lèvres, sa silhouette gracieuse, masculine. Mon cœur pèse lourd d'affection dans ma poitrine. Luan est tellement beau et sensuel, sans même le savoir.

Et il est à moi.

The Making-of UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant