26.1. « C'est toi ma lumière »

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❁ LUAN ❁

Dans mon dos nu, un corps ferme m'imprègne de sa chaleur exquise. La lumière, filtrée par les rideaux couleur crème, offense mes paupières encore lourdes de sommeil. Je me tourne pour échapper à l'éclat cru du matin et me blottis contre Jacob. Je me gorge de sa peau douce, sa poitrine musclée, son odeur enivrante, mélange de gel douche à la noix de coco et d'une autre fragrance plus intime, musquée.

Soudain, les événements de la nuit dernière se déroulent à toute allure dans ma mémoire engourdie, comme un film en accéléré. Jacob et son sourire heureux à mon arrivée inattendue, ses gestes pudiques, son regard incandescent. Puis, sa réserve, sa peur de me blesser, cédant enfin sous mon invariable ténacité. Enfin, son corps nu, son abandon... et le mien entre ses bras. Ma confiance inébranlable en lui. Des détails me font rougir. Sa langue dans les endroits les plus secrets de mon anatomie, la pulpe de ses doigts explorant les moindres recoins de mon corps offert, mes mots audacieux. Et surtout, son sexe imposant en moi, me conquérant entièrement, absolument, divinement, jusqu'au vertige.

Cette nuit, il m'a fait sien. Cette nuit, il était mien...

Mon cœur s'affole. J'ouvre les paupières, parfaitement éveillé désormais. Les tétons bruns de Jacob, dressés sur sa poitrine solide, me donnent envie d'y accrocher les lèvres. Je redresse le menton, pour le surprendre en train de m'observer avec un sourire enjôleur, malicieux.

— Bien dormi ?

Une chaleur incontrôlable irrigue mes joues. Je me retourne, enfouis mon visage dans l'oreiller ; comportement plus proche d'un adolescent naïf que d'un homme qui s'est livré sans retenue au plaisir charnel. Hier, j'étais totalement désinhibé, plus rien ne comptait si ce n’est ma quête de plaisir entre les bras de mon amant et le besoin délirant de fusionner avec lui. À présent que la raison m'est revenue, un vif embarras infiltre ma chair.

— Alors, on est timide, mon bébé ?

Depuis cette nuit, ce pronom possessif a fait son apparition : je suis tout à lui désormais. J'en frémis d'une satisfaction insoupçonnée, gêné cependant par les frasques de cette nuit torride. J'avais une vague idée de ce qu'impliquait la pénétration, mais notre étreinte est allée au-delà de mes espérances et des limites de mon imagination. Je n’avais jamais pris un tel plaisir de toute ma vie. Il ne s'agit pas de sexe, à ce niveau-là, mais du baiser de l'enfer et du paradis réunis. Ces pensées absurdes embrument mon cerveau peu matinal. Je reste pétrifié par l'intensité de sensations encore vives, jusque dans mon postérieur...

Grâce aux baisers humides que Jacob sème sur ma nuque, je me détends peu à peu, expirant même un petit gémissement de bien-être. Sa main trace des cercles imaginaires sur ma peau.

— Est-ce que tu vas bien ? chuchote-t-il à mon oreille.

« Tu n’imagines pas à quel point je me sens bien, et c'est bien ce qui me paralyse. » Je me contente de hocher la tête, appréciant la douceur de ses lèvres et la tiédeur de son épiderme. Il me fait pivoter pour m'obliger à le regarder.

— Cette nuit à tes côtés était merveilleuse, confesse-t-il.

Son visage penché sur moi, baigné par la lumière du matin, m'émeut. Il m'apparaît tel qu'il est vraiment, dans sa nudité la plus totale, sa vulnérabilité secrète et sublime... Un cadeau de sincérité déposé à mes pieds.

Je pose la main sur sa joue.

— Tu étais merveilleux... livré-je à mon tour, doué de la parole, enfin.

Il sourit et niche son nez dans mon cou, qu'il frotte doucement. Puis, il s'allonge sur moi, me recouvrant de son corps sculptural.

— Je t'aime...

Je ne réponds pas, figé de bonheur. Je me contente d'embrasser son front et d'enrouler mes bras autour de son cou. Sans crier gare, il me soulève en agrippant l'arrière de mes cuisses.

— Jacob !

— Il est l'heure. Tu crois que tu vas pouvoir paresser au lit toute la matinée ? Allez, à la douche, petite marmotte.

Je me débats en riant, bien décidé à lutter pour grappiller encore quelques miettes de sommeil.

— Trop fatigué... grommelé-je en me retournant lourdement, mon visage écrasé dans l'oreiller.

La couverture glisse sur mon corps nu... et la main de Jacob s'écrase violemment sur mon postérieur ! Je me cabre, atrocement embarrassé. Vient-il de me claquer les fesses ? Il mordille le morceau de peau échauffée, comme pour soulager la brûlure de sa gifle.

— Jacob ! protesté-je en m'allongeant sur le dos.

— Désolé, je n’ai pas pu m'en empêcher, s'excuse-t-il, faussement innocent, une lueur prédatrice au fond de ses yeux sombres.

— Tu comptes me réveiller comme ça tous les matins ? ronchonné-je.

Tous les matins, hein ?

Un sourire narquois se dessine sur son beau visage. Beaucoup trop beau pour mon bien. Je lui balance un oreiller, qu'il évite de justesse.

— Tu es gêné car tu viens de révéler que tu veux passer toutes tes nuits avec moi, c'est pour ça que tu m'attaques, chaton ?

Il est calme. Amusé, même. À quatre pattes, il s'avance vers moi pour me surplomber, le regard coquin et affamé, tel un félin fondant sur une biche blessée. Je me recroqueville sous lui, le fixant déjà avec désir. Toute velléité de rébellion s'est éteinte, fondue sous son regard à la fois autoritaire et enveloppant.

Je me mords la lèvre. Jacob se penche sur moi, toujours plus près. Son souffle caresse mes lèvres. Il me vole un baiser, si profond qu'il me coupe le souffle, me laissant sans la moindre volonté de protester. Ensorcelé. S'il était un vampire, je lui tendrais le cou sans l'ombre d'une hésitation...

Cette fois, je consens à ce qu'il me porte, en proie à l'envie irrésistible – difficile à accepter, pour moi, mais néanmoins irrésistible – de me sentir vulnérable entre ses bras forts. C'est alors que des coups résonnent contre la porte, nous figeant tous les deux dans une position peu conventionnelle. Je lance un regard de détresse à Jacob. En réponse, il barre sa bouche de son index, m'intimant de garder le silence. Comme si j'avais d'autres plans en tête...

— Jacob ? Mon chéri ? Tu dors toujours ?

Je reconnais la voix de sa mère. Mon rythme cardiaque s'emballe. Pourvu qu'elle ne rentre pas.

The Making-of UsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant