Maman malgré moi.

Chapitre 16.

La fin de semaine fut rude. Mon budget est de plus en plus serré. Les couches et les biberons me coûtent extrêmement chers. Ma grand mère n'est pas encore repassée. Céline vient de moins en moins souvent, je ne sais pas pourquoi. Au lycée, Marion reste la plupart du temps avec moi, bien que ses parents ne veuillent plus qu'elle reste avec moi depuis qu'ils ont appris que je suis mère. Je me rapproche un peu plus de Clara qui me montre pleins de techniques pour pouvoir économiser de l'argent, m'occuper de mes enfants,... J'ai aussi eu des nouvelles d'Alexander. Il a prévu de venir pendant les vacances de Noël, son père habite à dix kilomètres de chez moi. Il devrait arriver le 19 décembre, c'est à dire dans un peu moins d'une semaine. Et il reste jusqu'au début janvier. 

- Ana' ? hurle ma petite soeur, Elsa

- Quoi ?

- Y'a Lou qui se réveille.

- Laisse la Zouzou. Pour l'instant, elle ne fait pas de bruit, on va attendre qu'elle demande le biberon. Viens avec moi. 

Je lui tends la main, elle la prend, nous allons dans sa chambre ranger un peu le bazar qui y règne. 

- Tu as envie d'aller chez mamie toi ?

- J'aimerais bien aller chez elle mais aussi rester chez toi. J'ai envie de voir Lulu et Gabrielle. Je sais que si je vais chez mamie je ne pourrais plus les voir. C'est Sacha qui me l'a dit. En plus, je ne veux pas laisser seule... 

- Oh ma chérie ! Mais ne t'inquiète pas, on peut se voir quand tu veux. Tu verras Lucillet et Gabrielle quand tu veux aussi ! Et puis, il y a l'ordinateur ! 

Je prends ma soeur dans mes bras. son petit corps frêle est enveloppé par le mien plus imposant. 

- Je t'aime ma chérie. 

Puis les pleurs de Lou résonnent dans la maison. Je desserre mon étreinte et me relève pour aller chercher ma soeur. Son biberon est déjà fait. JE le prends dans la cuisine puis commence à lui donner. Au fond, je sais très bien que ma grand-mère va revenir d'ici quelques jours. Elle aura récupéré le droit de garde de mes frères et soeurs. Elle va ensuite refuser que je les vois. Et elle va vouloir garder la maison. Ainsi, je serais seule, à la rue avec deux bébés. Les larmes coulent le long de mes joues. Je ne remarque pas l'arrivée des jumeaux et de Sacha. Ils me prennent dans leurs bras tel un cocon protecteur. Nous fondons tous en larmes. 

Une fois le biberon de ma soeur terminé, je me relève échappant ainsi à l'étreinte de ma famille. Je pose Lou dans son parc puis retourne vers eux. 

- Vous voulez aller chez mamie ?

- Non. Me répond sèchement mon frère. Moi, je reste avec toi. 

- Moi, je veux rester avec Loulou et Sachou ! Continue la voix faible de ma soeur 

- Et moi, je pars pas sans Elsa ! Finit Mahé.

Ils ne me laisserons pas tomber. Non. Jamais. Notre famille est déjà assez détruite pour continuer. je dois me battre pour pouvoir les garder. Tous.

- Merci mes amours.

La journée est passée relativement vite. Comme la plupart en ce moment. Je laisse les petits dans le salon jusqu'à 22h puis les couche. Sacha lui a quartier libre.

Je rentre dans la chambre de mes parents. Elle n'a pas changé depuis l'accident. Le lit est fait, il est au centre de la pièce. Entouré de deux table de chevet. Le lieu porte encore l'odeur de mes parents. C'est tellement rassurant. Je me pose sur leur lit. Puis observe lentement la pièce. J'ouvre le tiroir de la table de nuit de ma mère. Nous avions toujours eu interdiction de regarder à l'intérieur. J'y trouve ne petite boite. La couverture semble vieille, il y a un prénom dessus: "Annie"
Je l'ouvre délicatement. Elle est remplie de lettres et de photos. Je prends la première. C'est deux femmes, je reconnais la plus âgée, c'est ma mère. La seconde lui ressemble beaucoup, mais ça tête ne me dis rien. Elles sont assises sur une balançoire. Ma mère semble avoir une quinzaine d'années, l'autre légèrement moins. Au dos, une date: 27 août 1985.

Je prends ensuite une lettre:
"Le 30 avril 1997.

Coucou Stéphanie.

Comment vas-tu ? Ça fait un bout de temps que je ne t'ai pas envoyé de lettre. Comment s'appelle ta fille alors ? Je suis si pressée de recevoir une photo de ma nièce ! Elle doit être née depuis deux mois maintenant !

Je suis revenue en France, en Bretagne, dans les Côtes d'Armor. J'ai trouvé un métier, je suis pour l'instant serveuse dans un resto plutôt sympa. Je loue un appartement non loin de là. Je suis encore célibataire mais ça ne va pas durer ! Enfin j'espère...

Embrasse Chris pour moi ! Et à ta fille aussi ! Bisous, je vous aime. 

Annie"

Je relie la lettre une seconde fois. Cette femme Annie dit être ma tante ? Mais je ne la connais pas ! Je lis un bon nombre de lettre plus ou moins ancienne. La dernière date d'il y a un an. 

"Coucou ma soeur. 

Octave, notre bébé tant attendu est né !! Notre amour nous a rejoint  il y a bientôt quatre mois, le 18 juillet. Il est magnifique !! Notre parcours fut tellement long ! Et voilà que notre ange vient enfin nous combler !! 

Et toi, comment vont tes quatre loulous ? Anaïs a maintenant 16  ans passés non ? Et Sacha, 12 ans ? Et  les jumeaux ! J'ai reçu la photo, ils sont magnifiques !! Ils se ressemblent énormément ! 

Donnes moi des nouvelles. Je suis toujours à la même adresse. Bisous à tout le monde."

Je me lève doucement. J'ai. Une. Tante. !! Maman ne nous a jamais parlé d'une quelconque soeur. Ni mamie d'ailleurs. Je retourne dans ma chambre avec la boite en mains. Puis m'endors. 

Le lendemain, avec l'accord de Sacha, je laisse Lou et les jumeaux sous sa garde le temps que j'aille voir ma mère. Je prends la poussette double avec à l'intérieur mes filles, ainsi que la boite avec les photos. 

Arrivée à l'hôpital, je retrouve ma mère, elle est accompagnée de ma grand mère. J'hésite à rentrer. Je ne veux pas la voir. Malheureusement, elle me voit les deux berceaux de mes filles en main. Dans celui de Lucille se trouve la boite. J'avance lentement vers elles. Je pose mes bébés près de la porte. Elles dorment. Puis m'avance vers maman. Je l'embrasse puis m'assieds près d'elle. Je commence à lui parler de ma découverte. Au fil de mes paroles, ma grand mère se décompose. Je me retourne vers elle: 

- Qui est cette Annie ?

- Personne qui peut être intéressant. 

- C'est ta fille. Et tu le sais. Pourquoi je ne la connais pas ? 

- C'est pas tes affaires jeune fille. 

- Finalement si ! Tu vois, j'en ai marre de tous ce secret ! De ces non dit ! De ces mensonges. Je veux la vérité. C'est clair ? 

- Tu n'as pas à savoir ! Tu es juste une pute ! Mère à dix-sept ans ! Parce qu'elle baise pendant que s mère est à l'hosto !!

- J'étais enceinte bien avant !! Une grossesse dure neuf mois et l'accident était il y a trois mois !! Je ne savais pas que j'étais enceinte !! Et tu vois, même si j'avais su, je les aurait gardées. Je ne renie pas ma famille comme toi, moi !! 

- Espèce de garce !! De quel droit tu me parle ainsi ? 

 Mes filles se mettent à pleurer. Je ne supporte plus d'entendre les insultes de ma grand mère. Je prends la boite. Embrasse ma mère, prends les jumelles et m'en vais. Je me mets soudainement à étouffer. Mon coeur bat trop vite. Je tremble de partout. J'ai déjà eu ce genre de sensation. Je pose les cosys de mes filles au sol et m'appuie sur la mur. Ma tête tourne. Mes jambes ne me tiennent plus. Je sens mon corps me lâcher puis tomber au sol. Et c'est le trou noir.