- Anaïs, j'aimerai te proposer quelque chose.
- Vas-y.
- Je peux essayé de te trouver un lycée près de chez moi. Je sais c'est précipité, mais, on pourra trouver une solution. Tu pourras avoir une nouvelle vie. Je peux t'aider.
- Je... Merci. Mais, je préfère finir mon année ici. Je préfère rester avec maman... Et j'ai ma meilleure amie ici. Puis, il y a le père...
- Le père ?
- Des jumelles. Il habite au Canada mais, son père habite non loin d'ici et... Il aimerait rencontrer ses filles et peut-être vivre avec elles. Je ne peux pas lui refuser.
- Je comprends. Je vais devoir retourner en Bretagne, pour aller travailler. Je peux t'aider financièrement si tu le souhaite, je ne peux pas faire beaucoup plus, je suis désolée.
- Ce n'est pas grave. Je vais laisser les enfants à ma grand mère s'il le faut. Si la vie peut être meilleure pour eux.
- Comme tu le sens. Je suis désolée de ne pas pouvoir t'aider plus que ça.
- Ce n'est pas grave.
Le reste de la soirée, nos conversations restent banales. Je reçoit un message d'Alexander:
A 20h53: De Alexander à Anaïs: "Coucou ! Je suis finalement arrivée en France un peu plus tôt que prévu. On peut se voir demain ? Je peux passer chez toi ?"
A 21h00: De Anaïs à Alexander: "Salut... Euh demain, j'ai cours toute la mâtiné. Mais tu peux venir vers 13h après."
A 21h03: De Alexander à Anaïs: "Ok, ça me va ! Bisous, à demain."
Je lui envoie une photo des jumelles en guise d'au revoir puis vais me coucher ainsi que la smala.
Après les cours, Annie est partie avec sa famille, je sui désormais seule avec tout ce petit monde. Il est midi cinquante quand Alexander arrive, il a dans sa main un sac plastique.
- Salut, commençais-je timidement
- Salut.
Il m'embrasse sur la joue. Je l'invite à rentrer. Sacha l'accueille plutôt froidement contrairement aux jumeaux qui comme à leur habitude arrivent joyeusement dans l'entrée dire bonjour. Lou est dans son parc à jouer avec ses jeux tandis que les jumelles dorment. Je range rapidement les quelques jouets qui trainent. J'entraine mon ex, vers la chambre des jumelles. J'ouvre doucement la porte pour ne pas les réveiller. Ce qui ne sert à rien puisque Lucille joue déjà dans son lit. Lorsque je place ma tête au dessus d'elle, son regard me fixe. Je chuchote à Alex:
- C'est Lucille.
- Elle est magnifique. Elle te ressemble.
Je lui souris. Puisqu'elle ne pleure pas, je décide de ne pas la prendre. Erreur. Une fois le dos tourné, ma fille se met à chouiner. Avant que j'ai eu le temps de me retourner, Alexander l'a déjà prise dans ses bras et elle ne pleure presque plus. Je souris. Quelle comédienne ! Gabrielle dort toujours, ce qui ne me déplaît pas.
Nous redescendons dans le salon, juste après avoir remis en marche le baby phone. Une fois posés sur le canapé, nous commençons à discuter:
- Alors ce sont mes filles ?
- Oui.
- Je te crois. L'accouchement s'est bien passé ?
- Ca a été.
- Bien. Elle est belle.
- Oui, magnifique.
Notre conversation est sans réelle conviction. Aucun de nous deux ne sait quoi dire. C'est lui qui reprend:
- Et si on crevait l'abcès ?
- Vas-y...
- Ce n'est pas à moi de le faire Anaïs. C'est toi. Je sais à quel point tu m'en veux...Je suis désolé. J'ai agit comme un imbécile.
- Oui. Un imbécile. Tu m'as laissée tomber sans un mot, sans aucune explication. Je mme suis retrouvée seule du jour au lendemain. Je suis allée mal durant plusieurs humaines. Je me suis goinfrée de nourriture pour la revoir quelques minutes après. Pour combler le manque que j'avais. Je mangeait pour oublier ton absence et vomissait pour me punir. Et personne n'a rien vu. Je suis restée comme ça longtemps. La naissance de Lou a arrangé un peu les choses. Mais pas suffisamment. L'accident de mes parents m'a fait sombrer encore plus. J'ai recommencé à manger et à vomir. Je faisait souvent des malaises. Je voyais Sacha s'inquiéter mais je refusais de le voir. J'ai voulu mourir mainte et maintes fois. Plus rien n'avais d'intérêt. Même mes frère et soeurs. Je ne trouvais plus d'intérêt à m'occuper d'eux. J'étais seule Et c'est tout ce que je voyais, c'était égoïste. Je t'en voulais à mort, à toi et au monde entier. Tu m'avais abandonné. Dans un sens, mes parents aussi. Mes amis également. Je refusais de les voir, de leur montrer mon mal être. Seule Marion est restée avec moi. Puis il y a eu l'annonce de ma grossesse, là, j'ai vu mon monde s'écrouler. Je ne voulais pas de bébé, je m'auto-détruisait, je ne voulais pas à ma charge un gamin. Après il y a eu la naissance des jumelles, quand je les ai vues dans les couveuses je m'en voulais tellement. C'était de ma faute si elles étaient là, je n'avais pas su voir ma grossesse, je ne les avait pas suffisamment nourries parce que je vomissait, je n'ai pas pu leur parler lorsqu'elles étaient en moi. J'ai presque pas pu préparer leur arrivée parce que j'ai été égoïste, seule ma douleur comptait, et ni mon corps ni ma tête n'ont voulu admettre qu'elles faisaient parti de moi. J'ai vu Gabrielle entre la vie et la mort. J'ai compris mes conneries. J'ai mangé, pour elle, pour sa soeur, pour Sacha, pour Elsa et Mahé, pour Lou, pour maman. J'ai compris à quel point ma famille avait besoin de moi. J'ai vu l'influence que j'avais sur eux. J'ai vu à quel point ma meilleure amie tient à moi. Et le monde qui était là pour moi: ma prof', une infirmière, d'autres filles maman ado,...
Aujourd'hui, près d'un mois après la naissance des filles, ma famille est détruite, j'ai plus de parents, ma mère a peu de chances de se réveiller un jour. Ma grand mère me renie, elle refuse mes filles. Je découvre que j'ai une tante, un cousin, un oncle dont personne ne nous a jamais parlé. Ma meilleure amie essaie comme elle peut de se venir mais c'est parents refusent, une gamine mère à dix sept ans, ça ne le fait pas. Les autres personnes ont une vie à côté, je ne suis pas la principale inquiétude, je comprends, je ne suis pas au centre du monde. Malgré ça, je veux m'en sortir. Seule ou pas. J'y arriverais. Pour les petits.Et je mettais notre rupture comme principale cause de tout ça. Parce que si je je ne t'avais jamais connu, je ne serais jamais tombée enceinte, et tout ce qui en suit. Ou alors si tu ne m'avais pas quittée, j'aurais peut être découvert ma grossesse, j'aurais éventuellement pu avorter, je n'aurais pas été malade, mes parents n'auraient pas eu cet accident. Je m'étais imaginé des mondes en "si" où tu étais le principal élément qui changeait l'histoire et sa fin.
J'avais fondu en larme dès le début de mon monologue. En repensant à mes paroles, je découvris à quel point j'avais dévié du sujet, mais je m'en foutais, mon sac était vidé et c'est le principal.
Alexander me prit dans ses bras avec sa main libre. J'étais libérée de ce poids qui me bouffait de jour en jour.
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Maman malgré moi.
Teen FictionAnaïs, dix-sept ans. Un bel âge non ? Pas pour elle. En quelques mois elle perd son petit ami, beaucoup de ses amis et son père, décédé dans un accident de voiture laissant sa mère dans le coma. Elle doit donc s'occuper de ses frères et soeurs, don...