Chapitre XII

39 9 1
                                    

Deux soldats à chaque porte, le deuxième étage se confondait entre toutes les allées. Un gigantesque lustre décorait le haut plafond. À lui seul, il illuminait l'étage du dessus, où je me trouvais, et celui d'en bas. Sur ma gauche, se trouvait un mur de verre, un imposant mur qui rapportait ce qui se passait dans les jardins intérieurs du palais. Alors que ma curiosité dictait encore mes actions, je m'avance près de ce mur et observe ce que ce paysage avait à m'offrir. Bien que la nuit noire ne pouvait me laisser percevoir, avec clarté, la beauté qui devait se trouver de l'autre côté de cette vitre, les quelques lanternes du jardin s'imposaient comme des étoiles dans le ciel. De ma hauteur, je les voyais éclairer quelques parcelles vertes séparées d'un long cours d'eau qui parcourait le jardin intérieur. Il s'émancipait et aussi loin que je pouvais jeter mon regard, je ne pouvais voir d'où le ruisseau prenait sa source. Il n'allait pas au-delà de ce jardin, mais il s'étendait suffisamment, séparant les petites parcelles de terre qui ne se rejoignaient que par le moyen de ponts en pierre. S'élevait à chaque îlot de terre, un pavillon garnis de fleurs autour duquel se trouvait des buissons dont les feuilles commençaient à tomber en cette saison. Des statues, différentes les unes des autres s'inséraient dans les bassins qui entouraient la verdure et alors que je me penchais pour mieux y voir, une voix grave parvient à mes oreilles.

— Ne sont-elles pas magnifiques ?

Dans un cri de surprise que je retiens à peine, je me tourne pour découvrir le visage de mon interlocuteur. 

— Marcus... soupiré-je dans un soulagement, que fais-tu ici ?

— Ça fait du bien de te revoir, assure-t-il en remettant ses mèches rousses en place, j'accompagne le caporal et le capitaine.

— Sept et Azarias sont là ? Demandé-je alors que je sentais mes os se raidir.

— Oui, des babioles, c'est pas évident tu sais... fin le capitaine quoi, marmonne-t-il. En-tout-cas, tu m'avais manquée, il me tape violemment l'épaule dans un geste qu'il devait vouloir amical.

Quel sentimental, nous nous étions vus la veille pourtant. Mais je ne m'étonne pas de le voir ici.

— Et où sont les autres Corbeaux ? L'interrogé-je.

— À l'auberge, bien moins luxueuse... Je te fais visiter ?

— Avons-nous le droit ?

— B... Bah... balbutie-t-il, pourquoi pas ? Moi, à ta place, je profiterai de chaque instant ici.

— L'auberge où logent les Corbeaux ne te plaît pas ?

— C'est que... il soupire, on la partage avec tous les chevaliers de la capitale.

— Et donc ? m'enquis-je.

—Et donc : c'est... Problématique, cède-t-il après un long moment d'hésitation. Ils nous respectent, mais nous sommes perçus comme une menace ou comme des pions pour atteindre le capitaine.

— J'en suis navrée Marcus, à t'entendre parler, les autres soldats doivent envier vos avantages, s'il y'en a, à être des Corbeaux.

— Ce qu'ils envient réellement, c'est d'avoir été choisi par le général de l'armée, après tout, il est difficile de le nier, que le capitaine nous ait choisis pour faire partie de son escouade, une brigade indépendante de la couronne ! S'écrie-t-il avant de poursuivre, ça ne peut que nous ouvrir des portes pour l'avenir. Il me tape à nouveau l'épaule, imagine moi Artemis dans cinq ans : grand chevalier de la cour royale d'Adegar, à la tête d'une escouade armée. Non encore mieux, imagine moi dans dix ans : Moi, Marcus, Général de l'armée Adegarienne, à la tête de toutes les escouades armées d'Adegar.

Le Tournoi de la Couronne - PitosheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant