Chapitre XIV

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Il m'était difficile de quitter l'aile nord sans faire le tour des lieux, je n'ai pas encore perdu la tête ! Cette fois, je ne cherche pas à trouver de quoi faire marchander Azarias, pas spécialement. Mais, sa mascarade, pour me léguer les biens d'Horace ne fait pas de lui quelqu'un de bien, qu'il n'aille pas me faire croire qu'il ne trouvait pas du plaisir à m'imposer des tâches absurdes et à me noyer de remarques désobligeantes et de menaces... Il me l'avait pourtant dit : votre visage m'est apparu dans ma chute, le mien apparaîtra dans la vôtre. Sa vengeance ne peut pas se résumer à cela, je refuse de croire que ce maudit capitaine s'est contenté de me voir nettoyer son navire et se satisfait de me voir assiéger la demeure d'Horace sans protester... Il ne me reste plus qu'à attendre de voir son masque tomber.

Néanmoins, ce n'est que pour satisfaire ma curiosité que je souhaite visiter ce pavillon nord, et aussi, car je me demandais si j'étais sur le point d'avoir plus d'informations sur les pouvoirs des descendants. Je m'étonnais de voir qu'aucun membre du conseil des fidèles n'ait demandé à me voir, après tout, il y avait sur le parchemin trois signatures : la mienne, celle d'Azarias et une troisième écriture. Elle ne peut appartenir qu'à un autre membre du conseil, un membre avec assez de pouvoir pour nous laisser hériter des biens d'Horace. Mais, le soleil ne s'était levé que depuis quelques heures, rien ne les oblige à se pavaner dans le château de bon matin.

Je continue mon petit tour et salue du regard les quelques soldats qui passaient dans les couloirs. En me perdant dans les allées de l'aile nord, je me retrouve dans ce qui devait être la serre. Le plafond laissait passer la lumière du soleil, qui n'était pas encore assez haut dans le ciel. Un grand escalier en spirale menait à différents étages de ce bâtiment. Une partie des plantes était aménagée à l'ombre et une autre partie était au centre même de la pièce. Je m'enfonce dans la serre et emprunte l'escalier pour rejoindre l'étage du dessus. De ma hauteur, j'ai une vue d'ensemble sur ce lieu, devant moi s'élevaient d'imposantes colonnes qui retenaient le haut plafond de ce lieu. Il y avait différents étages et je pouvais y apercevoir un nombre incalculable de pots et bacs à plantes, d'étagères et d'outils.

Je n'étais pas peu fière de ma découverte et je poursuis mes recherches en m'intéressant de plus près aux végétaux que cultivaient les gens de la cour. Je déambulais autour des installations du premier niveau alors que ma jupe florale s'accrochait à deux fois aux pots en terre cuite. Thym, romarin, sauge et lavande étaient exposés au plein soleil dans un coin qui laissait passer la lumière à travers le plafond de verre. Mandragore, menthe poivrée, gingembre et camomille étaient placées plus loin, dans un coin ombragé de l'étage. Il m'était intéressant de voir qu'il ne s'agit pas d'une simple serre, les plantes présentent à cet étage sont des plantes médicinales, peut-être que les étages de la serre sont organisés en fonction des facultés de chaque plante. Et je n'avais encore plongé le nez que dans un seul des étages de la serre, je n'ose pas imaginer ce que je peux retrouver ici.

J'ignore pourtant si je peux me permettre de fréquenter cet endroit. Si hier, Solvay était assez bon pour discuter avec moi et me conduire à ma chambre, je n'ose pas espérer le même traitement de la part des autres Adegariens, qu'ils soient des Adegariens du peuple ou des Adegariens du sang ! Effrayée de me faire prendre, je me dirige doucement vers l'escalier pour regagner l'étage inférieur, mais, alors que j'étais sur le point d'emprunter les marches serpentines pour redescendre, j'entendais de faibles bourdonnements accompagnés de bruits d'aciers qui s'entrechoquaient. Je sais que je dois être prudente, mais je décide tout de même de jeter un coup d'œil en m'assurant de ne pas me faire prendre. J'appui alors légèrement sur les marches en pierre blanche, soulevant ma jupe qui retombait sur les souliers que j'avais empruntés aux Corbeaux. Plus je prenais de la hauteur et mieux je voyais ce qui était à l'étage. J'observais une immense crinière rousse sans pouvoir identifier de quoi était composée la silhouette. Des coups de ciseaux et des soupirs faisaient écho au fond de la pièce et j'hésite longuement avant de me déclarer.

Le Tournoi de la Couronne - PitosheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant