Chapitre 21 : Une exécution agitée

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La rencontre inattendue avec Kyllian plongea Madrec dans un état de stupeur absolu. Devant lui se tenait un visage du passé, un frère d'armes avec qui il avait partagé le tumulte des batailles. Les souvenirs affluèrent, empreints de camaraderie et de conflits latents. Il se rappela comment l'ombre de la jalousie avait toujours plané sur Kyllian, sans jamais éclater au grand jour... jusqu'à cette altercation récente dans le quartier de Quost. Le souvenir du regard empli de rancœur que son ami lui avait jeté en quittant l'auberge ce jour-là était encore vif dans sa mémoire. Madrec se prit à réfléchir : et si les actes répréhensibles de Kyllian n'étaient motivés que par une rancune personnelle ? Cette pensée le fit frissonner, d'autant plus qu'il avait eu cette étrange impression de familiarité dans les gestes de l'homme se faisant passer pour Galbasul.

Le traître, dénué de tout scrupules, se tenait prêt à tirer avantage de la confusion de Madrec pour porter le coup fatal. Mais avant que son épée ne puisse s'abaisser, Orland intervint avec une maîtrise magistrale. D'un geste précis, il lança un sort de paralysie, figeant l'agresseur sur place. L'homme, furieux, luttait contre les liens invisibles qui l'entravaient, maudissant l'As du mystère entre ses dents serrées de colère.

— Comment est-il possible que tu puisses encore user de magie alors que tes pouvoirs étaient censés être neutralisés pour trois jours ? lança-t-il avec incrédulité.

— Croire que je serais si facilement vaincu montre bien le peu de considération que tu as pour moi en gobant de telles mensonges. Sache que je suis bien plus coriace que ça, répondit-il.

Intrigué par ces propos, Kyllian lui demanda alors les raisons de cette duperie.

Orland, avec un sourire en coin, révéla la supercherie qui avait trompé l'ennemi :

— Tu sais, avant même le commencement de cette quête, alors que nous étions encore à Jador, Samellia m'avait confié quelque chose à ton sujet. Elle a ce don unique de percevoir les auras, et elle m'avait averti que celle de Galbasul, ou plutôt la tienne, était imprégnée d'une hostilité palpable. Une fois à Tilul, j'ai feint d'être affaibli, prétendant avoir besoin de trois jours pour récupérer mes forces. En vérité, une seule journée suffisait. C'était une ruse pour te faire baisser ta garde, et apparemment, elle a fonctionné à merveille.

— Et Serberg, mon sbire, où est-il ? interrogea le malfaiteur avec frustration.

L'As du mystère répondit avec une pointe de dédain dans la voix, tout en se remémorant le piège mortel qu'il avait tendu :

— Serberg ? Ah, il a commis une très grosse erreur en me sous-estimant. Il croyait nous tenir entre ses griffes, mais il a été trop bavard, révélant non seulement le meurtre d'Alain, mais aussi les horreurs perpétrées sur son corps et celui d'une pauvre victime de son camarade Marco. Sa vantardise m'a donné l'élan nécessaire pour agir. Consumé par la colère face à ce qui était arrivé à Alain, j'ai invoqué la puissance de la terre elle-même. La roche de la grotte a répondu à mon appel, transformant ses pics en armes de justice pour mettre fin aux jours de tes complices criminels.

Orland, émergeant de ses souvenirs, fixa Kyllian avec une assurance inébranlable. Alors qu'il s'approchait, il lui fit comprendre que toute résistance était futile. Ce dernier, avec un rire méprisant, lui rétorqua que la cité-état était déjà condamnée et que ses hommes étaient inarrêtables.

— Tu te trompes lourdement, lança-t-il d'une voix ferme. Un dernier recours demeure. Je vais simplement retourner l'arme que tu chérissais tant contre cette horde de maraudeurs que tu commandes.

Funeste Origine - Tome 1: Des hommes et des monstresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant