Chapitre 16

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Sade


Putain, il fallait que ce dépravé l'ait emmenée dans le manoir des De Scorailles. Durant son enfance, il avait croisé plusieurs fois le couple à la messe le dimanche. Les deux libertins mangeaient tranquillement l'hostie quelques heures après leur nuit de débauche.

Son taxi le déposa devant le portique de sécurité et Sade le paya grassement en récompense de sa conduite rapide, mais complètement illégale.

Il passa un temps fou à négocier avec le gardien son entrée dans le domaine tout en luttant contre l'envie de lui coller une balle dans la tête pour aller plus vite.

Il atteignit le manoir avec une rage qui lui cinglait le cœur.

Un deuxième garde. Super.

Par chance, Richard traînait dans les parages et facilita son entrée en expliquant qu'il bossait pour Charles Wood.

Quand il arriva enfin dans le corridor, il était à bout de nerfs. Malgré son humeur, il n'avait égorgé personne jusqu'à présent. Son sang-froid n'avait peut-être pas totalement disparu en somme. Des cris de jouissance se firent entendre. Cela l'indifféra au plus haut point. Il se jeta dans les escaliers et atteint le premier étage en un éclair. Il entendit un « Monsieur, je vous prie » et se retourna vers le majordome qui l'interpellait.

— Je viens chercher ma... (ma quoi ?) partenaire, lui cria-t-il du haut de l'escalier.

Sade ignora l'air pincé du majordome qui ne semblait pas apprécier sa cavalerie, et reprit sa course. Au fond d'un couloir sombre, il intercepta le bruit d'une porte qu'on claque et appela Daisy.

Pour toute réponse, il perçut un son étouffé dans une des pièces. Il se dirigea vers elle et dit :

— Daisy, tu es là ?

Un bruissement.

Il tenta d'actionner la poignée, mais elle était verrouillée. Bien, elle l'avait écouté. Plus qu'une seule solution : il se projeta, épaule en avant sur la porte. Il arriva à arracher le verrou d'un seul coup. Le spectacle qui lui apparut lui glaça le sang : Daisy gisait au sol, ses cheveux lui barraient le visage et sa robe était relevée sur ses cuisses. Il tomba à genoux à ses côtés et vérifia qu'elle respirait toujours. Même allongée, inconsciente au sol, elle était sexy.

T'es vraiment un putain de malade.

Il chassa cette idée de sa tête et réfléchit à la situation. Au téléphone, elle avait parlé d'une chose dans son vin. Du GHB ? Il tenta de la réveiller en la secouant, mais n'arriva qu'à obtenir un léger grognement. C'était tout de même encourageant. Il alla fermer la porte désormais branlante. Il lui fallait de l'intimité. Tout doucement, il la souleva et la tira vers les toilettes au fond de la salle de bain.

Il rassembla ses cheveux en une queue de cheval informe et s'en servit pour tenir sa tête. De son autre main, il enfonça deux doigts au fond de sa gorge. Il eut juste le temps de les retirer avant qu'elle ne vomisse ses tripes dans la cuvette des toilettes. Il réitéra deux fois le processus pour s'assurer que le poison avait totalement quitté son corps. Ses beaux yeux gris s'ouvrirent légèrement.

Mécaniquement, il enleva sa robe et la mit de côté avant de plonger la jeune femme en sous-vêtement dans la baignoire en marbre. Il ne ressentait plus rien. Les émotions laissaient place à une concentration acérée. Parfois, il se retrouvait dans cet état hors temps où l'on pouvait le confondre avec une machine. Il exécutait, point.

Il ouvrit les vannes et l'eau sortit de la pomme de douche. Il la dirigea sur Daisy et celle-ci se mit à gémir en écarquillant davantage les yeux.

Hunter [Dark Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant