Chapitre 6

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 — Je ne sais vraiment pas quoi te dire, dit Ruby à l'autre bout du fil d'une voix atterrée. Nous n'avons jamais été mis au courant qu'il y avait une deuxième personne sur ce contrat Lys d'or.

— Et en plus c'est ce putain de fou furieux !

— Tu peux toujours rompre le contrat et rentrer chez toi. La non révélation de la présence de Sade peut-être une raison invoquée pour l'annulation des frais.

Maggie reconnaissait bien là le côté calculateur de son amie, elle n'était pas trésorière pour rien.

— Non je veux vraiment ce fric. Et c'est peut-être ma seule chance de mettre fin à cette histoire, d'une façon ou d'une autre.

Elles changèrent de sujet, Ruby raconta à la jeune femme comment s'était déroulée sa rencontre avec Christopher, le patron de Voss, la veille.

— Il m'a complètement snobée, tu peux croire ça ? Je travaille pour l'agence depuis des années et c'est la première fois que je le voyais. Et avec ça, il a réussi à me faire la pire impression possible. Il m'a à peine dit bonjour. Quel mufle !

La tueuse s'esclaffa. Elle non plus ne l'avait jamais croisé, Joseph lui avait expliqué qu'il gérait l'agence à distance. Quand Maggie raccrocha son téléphone, elle avait un sourire aux lèvres. Son amie avait su lui remonter le moral. Elle décida qu'il était temps qu'elle sorte de sa chambre.

Dans le salon, Charles Wood lisait le journal en sirotant une coupe de ce qui semblait être du vin blanc.

— Nous allons bientôt passer dans la salle à manger, annonça-t-il en la voyant arriver. J'ai jugé opportun d'organiser un déjeuner pour faire connaissance. Disons que c'est en l'honneur de notre collaboration. Richard se joindra également à nous.

Le juge lui paraissait amical, il était certain qu'ils allaient s'entendre. Bien que cette invitation partait d'une bonne intention, elle préférait la faim à la compagnie de son ennemi. Maggie allait sortir une excuse fabriquée de toute pièce pour échapper à ce repas, mais elle se ravisa. C'était peut-être une bonne idée d'avoir des garde-fous lors de son prochain affrontement avec Sade.

Ce dernier les rejoint tous les trois avec un peu de retard. Il s'excusa et s'assit aux côtés de Maggie avec une réticence évidente. Ils purent commencer à déguster leur entrée. La jeune femme cassa le silence gêné en s'adressant à Charles Wood :

— J'ai vu votre piano à queue. Vous jouez ?

— Oui, mais en comparaison avec mes frères et sœurs, je ne suis qu'un piètre musicien, répondit-il d'un air contrit. C'est un ornement.

— Votre appartement est vraiment somptueux en tout cas.

Une expression narquoise apparut sur le visage de Sade. A peine dix minutes ensemble et il l'exaspérait déjà.

— Merci beaucoup, le décorateur d'intérieur a fait un très bon travail, s'enorgueillit-il avec un sourire ravi.

— Daisy ne doit pas avoir l'habitude de ce genre d'endroit, commenta le tueur.

Le cœur de Maggie eut un raté. Que connaissait-il d'elle ? Il savait peut-être qu'elle était pauvre... enfin, qu'elle avait été pauvre. Le juge ne releva pas la pique et resta concentré sur la jeune femme.

— Où étiez-vous avant de nous rejoindre en France ? Votre bronzage indique un pays ensoleillé.

La question était indiscrète. Margaret n'aimait pas cela. Elle se raisonna en se disant que le juge ne devait pas avoir l'habitude d'interagir avec des tueurs à gages.

Hunter [Dark Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant