Hunter [Dark Romance]

Chapitre 27

Sade

Elle ne prêtait pas la moindre attention au discours. Margaret observait les convives tout en jouant avec son collier. Elle était saoule et il savait ce que cela voulait dire : fougue et imprévisibilité. Deux traits de caractère qui lui plaisaient en temps normal ; pas quand ils étaient entourés de centaines de meurtriers. Encore moins quand une partie de ces personnes voulaient lui faire la peau.

Coleman posa son regard sur elle, brièvement, mais suffisamment longtemps pour que cela alerte Sade. Ça ne lui plaisait pas. Il n'aurait pas dû l'emmener à ce gala. Cela risquait de compliquer les choses.

Le public applaudit le dirigeant de l'EAA quand celui-ci eut terminé son discours. Nikolaï se pencha vers Sade et dit à voix basse :

— Profite tant que tu peux.

Cette menace ne s'adressait pas au tueur, mais à l'homme sur scène qui raccrochait son micro.

— Où est-ce que cela en est ? Le questionna Sade tout en regardant droit devant lui.

— Anton est intéressé, mais Alexei ne veut pas compromettre sa banque avec ce projet.

Sade allait devoir convaincre un des membres les plus influents de la pègre de se rallier à ses troupes. Ce n'était pas gagné.

— J'ai appris quelque chose d'intéressant : Coleman a sûrement des liens avec le cartel le plus influent d'Amérique latine.

Les sourcils de Nikolaï se froncèrent.

— Hum ... ce n'est pas une bonne nouvelle.

Ils continuèrent de comploter et Margaret se leva. Sade la suivit des yeux.

— Je vais me repoudrer le nez, psalmodia-t-elle.

Elle s'ennuyait. Mais malheureusement, Sade devait profiter de la présence de Nikolaï pour régler des affaires importantes. D'autant plus que le Lys d'or se terminait bientôt et qu'il allait, enfin, pouvoir retrouver sa liberté. Une sensation étrange se fit ressentir dans son ventre quand il songea à la fin de la cohabitation avec Margaret. Il fallait qu'ils parlent de la suite. Si quelques mois auparavant on lui avait dit qu'il ressentirait de... l'appréhension (c'était cela ?) à l'idée de finir ce contrat, il n'y aurait pas cru.

Elle s'éloigna et il continua de la contempler jusqu'à ce qu'elle ne soit plus visible. En passant elle faisait tourner les têtes. Elle n'était pas que belle, elle était envoûtante. Et c'était avec lui qu'elle partageait sa nuit. Il sourit à cette pensée.

— Eh bien, t'es complètement foutu, déclara Nikolaï qui l'observait.

Sade se tourna vers lui et fronça les sourcils.

— Tu l'as dans la peau, non ?

Sade haussa les épaules. Même s'il pensait pouvoir faire confiance à Nikolaï, il ne valait mieux pas trop en dire.

— Ce n'est pas comme ça que tu vas me faire croire que c'est juste quelque chose de casual.

Il enchaîna :

— Tu connais son surnom dans le milieu ? Darlingtonia.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Sade avec agacement.

— C'est le nom d'une plante carnivore qui attire ses victimes dans un piège mortel.

Sade ne sut pas comment réagir. Il oscilla entre l'amusement provoqué par ce nom risible et l'énervement. La réputation de Margaret reposait sur la séduction d'autres hommes. Il n'aimait pas ça ... vraiment pas. Et en même temps il se demanda comment une femme aussi impulsive pouvait jouer la comédie et se contenir au point d'être perçue comme une vamp. Il garda le silence.