Épilogue

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6 mois plus tard





Margaret sortit de la salle de bain complètement relaxée. Malheureusement, une odeur de brûlé vint ruiner sa détente. Elle se précipita vers la cuisine. Marius y gesticulait dans tous les sens, une poêle à la main, une assiette pleine de pain cramé dans l'autre.

— Comment était le bain ? Demanda-t-il le plus naturellement du monde, comme s'il ne venait pas de saccager la moitié de la cuisine.

— Bien. Marius, qu'est-ce que tu as essayé de faire ?

Il soupira.

— Du pain perdu, mais je me suis laissé distraire par Pogo.

Le berger australien leva son museau vers son maître l'air de dire « Ne m'accuse pas à ta place ». Maggie se mit à rire en voyant ce spectacle.

— Pogo, pourquoi est-ce que tu me trahis comme cela ? s'exclama Marius en fixant le chien qui s'allongea avec désintérêt.

Il sourit à son tour et annonça :

— Bon, je retente l'expérience, le petit déjeuner sera prêt dans dix minutes.

— Merci mon amour.

Les yeux de la jeune femme tombèrent sur un cliché peu conventionnel accroché au mur. Il la représentait couverte de sang, un sourire aux lèvres et Marius à ses côtés qui la tenait d'un bras sur ses épaules. La photo avait été prise dans la salle de boxe où Marius l'avait emmenée pour s'entraîner. Il lui avait avoué récemment avoir passé beaucoup de temps à se morfondre en contemplant ce polaroid durant les deux dernières années. Désormais, ils chérissaient tous les deux cette image qui leur évoquait le début de leur complicité.

Margaret marcha jusqu'à la terrasse et s'assit sur un des fauteuils d'extérieur. Elle ferma les yeux et profita des rayons du soleil matinal qui lui réchauffaient le visage. Pour l'heure, le climat était clément, mais dans quelques heures, la chaleur de l'Arizona allait les empêcher de sortir dehors.

Des bruits stridents s'échappèrent de la cuisine. Maggie décida d'aller voir ce que Marius trafiquait. Ce dernier affûtait un couteau de plus de vingt centimètres avec passion. Elle leva un sourcil équivoque.

— Tu comptes faire quoi avec ce couteau ?

— Eh bien, je vais faire la peau à ces tomates, s'amusa-t-il en désignant les aliments du bout de sa lame.

Elle se demanda s'il ne s'ennuyait pas, on effaçait pas plus d'une décennie d'habitudes en six mois. Comme s'il lisait dans ses pensées, il expliqua avec un sourire taquin :

— J'ai lu quelque part que les chirurgiens à la retraite se mettaient souvent à la cuisine. J'imagine que cela fonctionne pareil pour les tueurs à gages.

— Espérons, dit-elle en haussant les épaules.

Il posa le couteau et déclara :

— La vie que j'ai aujourd'hui me convient à cent pour cent. Je ne pensais pas qu'un jour j'aurais la chance de vivre normalement. Je n'ai jamais connu cela : le bonheur d'un foyer aimant. Cela ne me manquait pas, car je ne l'avais jamais expérimenté par moi-même.

Il a raison, les gens changent. Elle en avait la preuve. Quelques mois auparavant, elle pensait mettre fin à ses jours, et aujourd'hui elle vivait dans la maison de ses rêves en plein milieu du désert.

Quand elle était partie avec Sade, elle se croyait brisée, ses traumas impossibles à soigner. Finalement, elle avait rencontré Marius, un être doux et attentif qui l'avait aidée à surmonter ses peurs.

— Et l'adrénaline, le pouvoir ? Tu m'as dit un jour que c'étaient des facteurs qui poussaient à replonger. Est-ce qu'ils te manquent ? l'interrogea-t-elle malgré tout.

— Parfois, mais dans ces moments, je n'ai qu'à te regarder toi ou Pogo pour me rappeler qu'il serait stupide de tout foutre en l'air pour une sensation aussi éphémère.

Le discours de Marius rassura Margaret.

— Et puis... rajouta-t-il, espiègle, je sais que je n'ai qu'à prendre mes gants de sparring et l'amour de ma vie se fera un plaisir de me boxer les fesses. Tu vois, j'ai toute l'adrénaline dont j'ai besoin.

— Ça, c'est clair, approuva-t-elle en pouffant.

L'odeur de brûlé inonda la pièce derechef.

— Marius ! Le pain perdu !

Il l'avait encore laissé cramer. Il regarda la poêle avec dépit et la mit de côté.

— Bon, je crois que la cuisine, ce n'est pas fait pour moi.

Il plongea ses yeux dans ceux de Maggie et dit :

— Je crois que j'ai une autre activité qui m'aiderait à me défouler, tu veux bien la tester ? Elle se déroule dans la chambre à coucher.

— Hum... tu crois que je vais apprécier cette activité ? susurra-t-elle en reculant vers la chambre en roulant des hanches.

— Oh oui, tu vas beaucoup, beaucoup aimer.

— C'est toi que j'aime, répliqua-t-elle.

La fierté s'inscrivit sur le visage de l'homme.

Oui. Cette fois elle pouvait dire honnêtement qu'elle était comblée.




FIN

Hunter [Dark Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant