Chapitre 21

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 La pression commençait doucement à disparaître. Une semaine venait de s'écouler depuis le procès et les trafiquants avaient totalement disparu du paysage. Margaret avait découvert en ouvrant The Liberty Journal qu'un célèbre baron de la drogue dénommé Angel Garcia avait été assassiné à peine arrivé en prison. Elle avait haussé un sourcil en songeant que maintenant que la tête du cartel était tombée, ils pouvaient s'attendre à des conséquences drastiquement opposées : une paix sans ombre ou une vendetta sanglante. La semaine qu'ils venaient de vivre faisait pencher la balance en faveur de la première option.

Alors que Margaret errait dans la maison, elle surprit une conversation téléphonique forte intéressante. Le bureau de Charles Wood était légèrement entrouvert, si bien qu'elle l'entendit distinctement prononcer ces mots :

— Vous deviez me faire le virement à la minute où Garcia foulait le sol de la prison.

Son interlocuteur baragouina quelque chose que Margaret ne put discerner.

— Rappelez-vous que grâce à moi vous venez de prendre les commandes du cartel le plus friqué de la Colombie.

Le juge tressaillit en écoutant la réponse du trafiquant.

Au même instant, Sade apparut de l'autre côté du couloir. Elle lui fit signe de ne pas bouger et posa son index contre ses lèvres.

— Je ne vous manque pas de respect. Je tiens juste à souligner que j'ai pris beaucoup de risques pour vous. Sans compter les deux millions de dollars investis dans ma protection, ajouta le juge d'une voix étranglée par l'angoisse.

Finalement, son allocutaire abrégea son argumentaire.

— Merci. C'est ce que j'espérais entendre, conclut-il rassuré en terminant l'appel.

Sans attendre, Margaret se faufila dans le salon en attrapant Sade par le bras. Celui-ci la dévisagea d'un air interrogateur.

— Allons dehors, chuchota-t-elle.

Ils traversèrent la pelouse tondue au millimètre tout en évitant les arrosages automatiques. Une fois au fond du jardin, à l'abri des regards, Margaret lui partagea son hypothèse :

— L'arrestation et le jugement d'Angel Garcia sont un coup monté. L'objectif derrière était de le faire remplacer par une connaissance de Charles Wood. En échange, il recevait un paquet d'argent.

— Et encore plus de pouvoir sur le trafic international, ajouta Sade.

Elle hocha la tête. Une brise chaude fit virevolter ses cheveux dorés. Les lèvres du tueur se pincèrent et il réfléchit à voix haute :

— Mais Wood n'est pas assez habile pour suivre un tel plan. Cela doit venir d'ailleurs. Je ne serais pas surpris que cela ait un lien avec l'EAA.

— À qui penses-tu ?

Il haussa les épaules, mais elle devina qu'il ne lui disait pas tout.

— Nous devons peut-être nous attendre à ce que des hommes dévoués à Garcia tentent de se venger, suggéra-t-elle.

— La loyauté n'a pas sa place dans leur milieu. Ils seront fidèles à leur nouveau chef.

Cette perspective était triste, mais rassurante.

— C'était donc cela l'explication de ce calme déconcertant, comprit-il. Je m'étonnais de l'absence d'actes revanchards depuis le procès.

— J'ai eu malgré tout l'impression qu'ils se querellaient, car l'argent n'avait pas été versé. J'ai peur que le trafiquant retourne sa veste et ordonne la mise à mort de Wood.

Hunter [Dark Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant