Chapitre 28

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 Le concierge salua l'assassin par son nom et ils se retrouvèrent à nouveau dans un ascenseur. Sade sortit une carte de sa veste et la passa sur un capteur. Aussitôt, la machine se mit en branle.

— Où en étions-nous ?

Il s'approcha pour l'embrasser, mais Margaret l'arrêta en posant sa main sur son torse. Il fronça les sourcils.

— Attends, on est chez toi là, non ?

Il soupira.

— Tu as gâché la surprise, marmonna-t-il.

— C'est ici que tu vis quand tu n'es pas en mission ? demanda-t-elle en écarquillant les yeux.

Il hocha la tête et ajouta :

— En dehors des domestiques, personne n'est jamais rentré dans cet appartement.

Soudainement, Margaret se sentit bête de s'être montrée jalouse un peu plus tôt. Il s'était tellement dévoilé au cours des derniers mois. Lui, l'homme perçu comme « sibyllin », la faisait rentrer totalement dans sa vie.

Les portes s'ouvrirent et Maggie pénétra dans l'appartement avec timidité. Deux choses la marquèrent, la vue à travers les fenêtres et l'odeur de Sade dans la pièce. Elle respira profondément et les poils de ses bras se dressèrent. Il laissa les lumières éteintes, mais celles de la ville suffisaient à éclairer les lieux. L'appartement était minimaliste et moderne. Exactement comme elle l'aurait imaginé. Il y avait peu de décorations, mais les meubles avaient été choisis avec goût.

Elle tourna la tête vers lui, même dans la pénombre, elle remarqua ses yeux posés sur elle avec attention.

— C'est splendide, commenta-t-elle pour assouvir la curiosité du tueur.

Il eut un rictus satisfait qu'il tenta de masquer avant d'ajouter :

— Je vais te montrer un truc vraiment cool.

Il la conduisit dans sa cuisine. Une pièce encore une fois complètement immaculée et vide. Pas un objet. Pas de porte-couteaux et cafetière ici. Juste des éléments blancs. On aurait dit un aménagement recrée pour un magazine d'architecture. Elle trouva ça triste. Elle l'imagina dans cette tour d'ivoire, seul, avec le cafard.

Mais elle était là maintenant.

Il appuya sur un bouton caché et un tiroir automatique sortit comme par magie de l'îlot central. À l'intérieur, des dizaines d'armes : poignards et pistolets.

— Tu te la joues 007 ? s'esclaffa-t-elle.

L'espace de quelques secondes, elle perçut de la gêne sur son visage.

— Je trouvais ça... marrant, expliqua-t-il.

Le cœur de Margaret se réchauffa. Il avait l'air d'un gamin qui montrait son jouet favori. Il était hors de question qu'elle éteigne la seule étincelle d'humanité qui devait lui rester. Elle attrapa un pistolet court et le contempla avec une admiration non feinte.

— Attend je rêve ou c'est le Walther ppk ?

— Celui de tous les James Bond justement, acquiesça-t-il de plus en plus mal à l'aise.

— Trop cool ! s'exclama-t-elle en observant attentivement l'arme.

Le tueur regagna sa confiance et ajouta :

— C'est l'original qu'on retrouve dans Dr. No, je l'ai acquis contre une petite fortune.

Margaret fut agréablement surprise par le côté enfantin de son partenaire de mission. Cela ne lui déplaisait pas. Au contraire.

Hunter [Dark Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant