Chapitre 20

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Margaret


Les jours qui suivirent furent moroses. La relation entre les deux tueurs était redevenue ce qu'elle était dans les premiers temps de leur cohabitation : froide et tendue. Le désir montait lentement, mais ils le combattaient avec rage. Margaret se remettait bien de ses blessures et Sade passait son temps à faire du sport dans la salle de gym. Quant à Charles Wood il remontait doucement la pente. Le procès arrivant à grands pas, il se sevrait progressivement. À sa demande, le chef cuisinier qui leur apportait des repas frais ne lui ramenait plus d'alcool. Peu à peu son visage perdit cet aspect bouffi qu'il traînait depuis quelques semaines.

Richard profita de ce confinement pour s'adonner à un plaisir inattendu : le piano. Il laissait courir ses doigts sur les touches blanches pendant des heures. Il était doué. Ses mélodies les bercèrent pendant ces jours tristes et nuageux.

La veille du procès, ils prirent tous l'avion vers les États-Unis. Ils se réfugièrent dans la résidence principale de Charles Wood, une incroyable propriété avec piscine à Bel air en Californie. La météo était beaucoup plus douce qu'en France et Margaret se fit livrer quelques vêtements pour pouvoir s'adapter aux trois semaines restantes.

Le matin de l'audience, tout le monde était sur les nerfs, excepté Charles Wood qui, étrangement, était gai comme un pinson.

— Vous n'avez pas l'air très ébranlé à l'idée de vous retrouver dans une salle pleine de personnes qui souhaitent votre mort, fit remarquer Margaret, perplexe, en entendant le juge siffloter.

— C'est l'odeur de la liberté qui me fait cet effet, chantonna-t-il.

« Mais il n'a aucune assurance qu'ils arrêteront de le traquer dans trois semaines, quel imbécile » songea-t-elle. Margaret observait les environs à travers les immenses baies vitrées quand Sade pénétra dans la pièce. Il portait un chino gris et un t-shirt blanc. La vue de son torse athlétique sous le tissu fin réveilla la soif que Maggie tentait laborieusement d'enfouir.

— Prête pour tout à l'heure ? s'informa-t-il.

— Oui. J'ai hâte que ça se termine.

Il fronça les sourcils. Comment avait-il interprété ce commentaire ?

— Tu dois être impatiente de retourner à Chicago, supposa-t-il en scrutant attentivement sa réaction.

— Je ne suis pas sûre d'y retourner.

— Ah... que comptes-tu faire ?

Elle n'eut pas le temps d'expliquer ses plans : Richard débarqua, livide, dans la pièce.

— Qu'il y a-t-il Richard ? le questionna Charles Wood assis dans son canapé en cuir, le Forbes sur les genoux.

Le chauffeur se plaça face à lui et sembla hésiter. Il commença à baragouiner quelques mots inéligibles et son regard paniqué passa de Margaret à Sade.

— Qu'est-ce qui se passe ? insista Margaret inquiète de la détresse de l'homme.

Sans que personne ait pu le prévoir, Richard passa rapidement sa main dans son dos et la ressortit chargée d'un pistolet. Il pointa ce dernier en direction du juge.

— Richard, que faites-vous ? balbutia Mr Wood.

Du coin de l'œil, Margaret remarqua que Sade tendait tout doucement sa main vers sa cheville. Elle savait qu'il y trouverait son couteau favori.

— Il m'ont... pro... promis..., bégaya Richard d'une voix étranglée.

Sans terminer sa phrase, il chargea l'arme, prêt à tirer. Sade n'attendit pas, d'un mouvement fluide, il attrapa son couteau et l'envoya dans l'épaule du chauffeur. Ce dernier s'écroula en hurlant de douleur. L'arme tomba au sol en provoquant un tir accidentel. Personne ne fut touché, mais une des fenêtres explosa en mille morceaux. Le millionnaire semblait complètement sidéré. Ses yeux étaient exorbités. Margaret était également sous le choc. Elle n'arrivait pas à intégrer ce qu'il venait de se passer. Richard était une personne si douce...

Hunter [Dark Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant