Chapitre 32

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Deux mois plus tard





Sade


Sade regardait le plafond de sa chambre, les doigts croisés sur son nombril. Depuis trois heures il était là, allongé sur son lit à contempler le néant. Nikolaï lui avait annoncé le matin même que Margaret se mariait. Une date avait été officialisée.

Il attrapa son téléphone et se passa un message vocal qu'il avait archivé. Margaret lui avait envoyé des mois auparavant. La voix désespérée de la jeune femme lui lacérait le cœur.

« Allo, Sade, je t'en prie, décroche. Je sais que tu n'as pas encore résilié ta ligne téléphonique. Arrête de te cacher. (elle se mit à pleurer). Je ne comprends pas pourquoi tu fais ça. J'ai tellement besoin de toi. Je t'en prie .... on ... on traversera les obstacles ensemble. Pourquoi est-ce que tu me fais ça ? ». Ses sanglots l'empêchaient de parler pendant quelques minutes puis elle reprenait ainsi : « Je sais que tu es en Angleterre, je vais te rejoindre. On pourrait juste parler. Si tu ne veux plus rien avoir avec moi, dis-le-moi clairement. Mais ne disparais pas de ma vie comme ça. Si c'est pour ... ce que Choi m'a fait, je ne t'en veux pas. Je sais pourquoi tu as mis du temps à venir. Et ce qu'il m'a dit de toi ... je m'en fous ! Je t'aime ! Je t'aime pour ce que tu es, sans artifice ni déguisement ... ». Il raccrocha, il ne parvenait jamais à écouter la suite. Des larmes coulèrent sur ses joues et s'écrasèrent sur le matelas.

Évidemment, il n'était pas resté en Angleterre suite à son message. Tel un lâche, il s'était terré dans un autre pays, car il savait ... Il savait que s'il la rencontrait, il ne serait pas capable de la laisser à nouveau. Elle mourrait véritablement cette fois par son égoïsme. Cela, il ne pouvait le tolérer.

Elle avait beau être son âme, son énergie, sa vitalité, il préférait mourir que de la revoir couverte de sang, inconsciente.

Il avait engagé des hommes pour la protéger, de loin, mais cela n'avait pas suffi. Maintenant, elle se liait au diable en personne. Il songea aux paroles de Heathcliff : « Bien que je le haïsse d'une haine qui a empoisonné ma vie, je n'aurais jamais levé la main sur lui. Dès le moment qu'elle aurait cessé de lui porter intérêt, je lui aurais arraché le cœur et j'aurais bu son sang ! Jusque-là je serais mort à petit feu avant de toucher à un seul cheveu de sa tête ». Il devait s'y résigner : elle allait passer le reste de sa vie avec un autre.

Il se leva enfin pour ouvrit le tiroir de son bureau. Un cliché de Margaret au bras de son futur mari y était caché. Sur l'image, elle souriait. Cela faisait un an qu'il ne l'avait pas vue sourire, et pourtant, la chaleur qu'il ressentait jadis quand il la voyait heureuse lui semblait encore familière. Aujourd'hui, il n'arrivait pas à être ravi de son bonheur. Quel monstre d'égoïsme.

Quelle importance avait sa propre vie s'il n'était plus celui qui faisait briller ses yeux de joie ? Son regard s'arrêta sur le pistolet rangé au fond du tiroir. Et si ...

Le désespoir le prit à la gorge. Il envoya valser tous les objets de la chambre par terre en criant. Il hurlait sa rage et sa détresse. Les larmes continuaient de couler sur ses joues crispées et l'émotion tordait ses traits. Pourquoi fallait-il que la vie soit aussi cruelle ? Elle lui avait laissé juste le temps d'entrevoir le bonheur l'espace d'un instant avant de le ramener les pieds sur terre. Il avait passé deux mois avec Margaret et quand enfin il avait baissé sa garde, quand enfin il avait fait rentrer quelqu'un dans sa vie ... le drame s'était produit. Pourtant, il aurait dû savoir que cela se passait toujours comme ça.

Hunter [Dark Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant