Chapitre 35

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 Edward Coleman était en plein discours sur l'estrade quand Margaret réapparut dans la salle de réception. La lumière tamisée lui permit de se faufiler discrètement jusqu'à sa place autour de la table principale. Elle pouvait duper les autres, mais pas lui. Ses yeux la transperçaient de part en part. Sa voix ne flancha pas, son discours ne changea pas, mais son regard... il en disait long. Elle respira profondément pour calmer son stress et afficha l'expression la plus ingénue et naturelle possible.

— Pour finir, je souhaiterais remercier ma magnifique femme pour son soutien inaltérable, articula Edward avec un sourire pervers et un bras tendu vers Margaret.

Le cœur de la tueuse s'arrêta de battre et elle souleva la commissure de ses lèvres en un sourire d'automate. Des applaudissements retentirent. Il n'ajouta rien et son rythme cardiaque se stabilisa à nouveau. Vivement que cette soirée se termine.

Une fois son discours terminé, Edward vint s'asseoir aux côtés de Margaret. « Ne laisse rien transparaître », s'ordonna-t-elle. Comme à l'accoutumée, les membres les plus importants de l'EAA qui partageaient leur table le complimentèrent pendant des heures. Habituellement, Maggie abhorrait ces courbettes, mais pour une fois, elles lui furent salutaires. Cela retardait la confrontation avec Edward.

Malheureusement, le patron de l'EAA était d'une humeur de chien et les convives cessèrent progressivement d'interagir avec lui.

— Où étais-tu pendant la dernière demi-heure ? l'interrogea-t-il d'une voix menaçante.

Cache ta peur et attaque.

— Eh bien, pour commencer j'ai aperçu l'homme qui m'a abandonnée après avoir provoqué mon enlèvement. Ensuite, la maîtresse de mon mari, la personne en qui je suis censée avoir le plus confiance, est venue me parler. Disons simplement que cela m'a donné un intense mal de crâne et j'ai dû m'isoler le temps que le médicament agisse, déclara-t-elle en mobilisant tous ses talents d'actrice.

Faites qu'il y croit.

— Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Lui demanda-t-il le ton légèrement radouci.

Merci, merci.

— Elle s'est excusée. Mais la voir n'a fait que me remettre toutes ces images en tête.

Je ne pouvais pas plus en avoir rien à cirer.

— Je suis désolé que tu aies eu à la rencontrer comme cela.

— Le mieux aurait été de ne pas me tromper, commenta-t-elle.

Une petite voix lui souffla qu'elle était bien hypocrite de lui dire cela, mais elle n'y fit pas attention. Elle jouait la comédie. Elle donnait à Edward ce qu'il voulait : de la jalousie, une preuve d'attachement, de l'espoir pour leur relation en somme.

Il ne fit point d'autres commentaires et ils passèrent le reste de la soirée à discuter avec les autres invités. Sade semblait s'être volatilisé depuis leur passage dans la laverie. Son absence réveilla sa peur. Est-ce qu'il allait revenir cette fois ? Elle comprenait les motivations de son départ. Une partie d'elle lui avait répété qu'il était sorti de sa vie quand les choses s'étaient compliquées. Mais au fond, elle se doutait que c'était pour la protéger qu'il était parti. Et cela l'enrageait. Tant de temps perdu. Elle se demanda même si elle n'avait pas fini dans les bras d'Edward pour pousser Sade à revenir.

Margaret rentra avant le patron de l'EAA à l'appartement. Ce dernier avait encore des mains à serrer. Dans la voiture, le chauffeur et les deux gardes du corps ne dirent pas un mot. Même quand elle posa une question, on ne lui répondit pas. Elle pensait trop à Sade pour s'en préoccuper. Plus elle s'éloignait de lui, plus son malaise grandissait.

Hunter [Dark Romance]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant