"Tout ce que je voulais, c'était être l'égale de ma mère"
Charlotte n'a qu'une ambition : devenir une grande gymnaste. Comme sa mère. Alors quand l'occasion se présente, elle n'hésite pas une seule seconde. Pourtant elle n'imagine pas le nombre d'ob...
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« You know how to ball, I know Aristotle »
So High School – Taylor Swift
— Attendez, on peut vraiment rien faire ?
C'est une catastrophe !
Je presse mes paupières jusqu'à voir des étoiles pour ne pas pleurer alors que le garagiste m'annonce – après une longue semaine d'attente et d'espoir – que réparer ma voiture relève de l'impossible. Quelques étudiants traversent bruyamment les couloirs du bâtiment John Wooden et m'obligent à couvrir mon oreille pour mieux entendre. À l'autre bout du fil, le mécanicien m'explique qu'il est difficile de trouver le modèle de la voiture dans les casses automobiles et qu'obtenir les pièces de remplacement va être compliqué.
J'ai la sensation que mon monde s'effondre. Tout ce qu'il me reste de ma mère disparait petit à petit, ne laissant à la place qu'une floppé que j'essaierais de garder en tête pour ne pas oublier. J'ai la gorge serrée en retenant un sanglot.
— Vous récupérerez quelques billets si vous décidez d'la mettre à la casse, sinon si vous y t'nez vraiment, on peut la remorquer jusque chez vous.
— Ça couterait combien ? m'enquiers-je.
— J'peux vous faire un prix à cinquante dollars, ma p'tite. Vous m'faites d'la peine.
J'accepte sa proposition sans hésiter avant de raccrocher. C'est toujours mieux que rien, si ça me permet de garder encore un peu d'elle. Je me laisse glisser contre le mur aux couleurs de l'université derrière moi. Je ramène mes genoux contre ma poitrine et plonge la tête dedans, le temps d'assimiler que je ne conduirais plus ce vieux taco. La fissure dans mon cœur s'élargit un peu plus.
Le manque est un drôle de sentiment. Tantôt amer, parfois léger et souvent cruel. Comme de l'alcool qui coule en permanence sur une plaie ouverte.
— Salut !
Je relève la tête à la vitesse de l'éclair et tombe nez-à-nez avec Ezra, dans sa tenue d'entraînement.
— Oh... salut.
— Tout va bien ?
Mes lèvres tremblent et je fond en larmes. Je déteste pleurer, surtout en public. Tout le monde vous dévisage, tout le monde vous juge mais personne ne vient vers vous, ne serait-ce que pour vous tendre un mouchoir. Cependant, entre mes découvertes dans le grenier hier et l'appel que je viens de raccrocher, j'ai atteint le trop-plein.
Ezra s'avance sur son assise et passe une main dans ma nuque, m'invitant à poser ma tête contre ses genoux. Son geste est un peu crispé mais il n'en reste pas moins sincère. Cette étreinte, c'est tout ce dont j'avais besoin, là tout de suite : un peu de baume au cœur.