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Et ne me demandez pas de quoi elle parle, je serai totalement incapable de vous le dire. Essayez donc de vous concentrer sur un quelconque univers frictionnel quand Clark Winslow se tient face à vous dans toute sa gloire, vêtu en tout et pour tout d'un maillot de bain qui descend très, très bas sur ses hanches !
Que je ne sois plus amoureuse de lui ne m'empêche pas d'avoir des yeux. Et si son corps était déjà impressionnant il y a cinq ans, il est devenu tout simplement spectaculaire.
Béni soit l'inventeur des lunettes de soleil! Elles me permettent de mater sans me faire voir, et de ne rien manquer de ses abdos parfaitement dessinés ou de la ligne de poil qui plonge vers des terres ou même mon imagination refuse de s'aventurer.
Je pense que la première chose qui m'a séduit chez Clark, c'est son physique : ses cheveux dorés, ses bras et son dos musclés par le football et les travaux de la vigne, ses yeux bleu foncé, les fossettes dans ses joues quand il sourit...
Alors que je continue à me rincer l'œil à l'abri derrière mes verres teintés et mon livre, je sursaute quand une serviette m'atterrit brusquement sur les genoux. Quand je relève la tête, Dante m'observe, goguenard.
— Pour essuyer la bave !
— Tu sais que tu es vraiment hilarant comme type ?
— Il parait oui. Qu'est-ce que tu lis ? demande-t-il en se laissant tomber sur le transat à côté du mien.Pendant qu'il déchiffre la quatrième de couverture, en français, de ma lecture, j'en profite pour l'observer. Comme ses trois frères, Dante est très beau : cheveux blonds, corps d'adonis et yeux couleur océan. Pourtant, des quatre frères Winslow c'est Clark qui a ravi mon cœur il y a quelques années. Parce qu'au-delà de son physique, il y avait d'autres choses qui me séduisaient chez lui, des choses auxquelles je préfère ne pas penser. Ce n'est pas parce qu'on est sobre que c'est une bonne idée de visiter une cave à vin.
— À quoi tu penses ?
— Au fait que ma vie aurait surement été plus simple si j'étais tombée amoureuse de toi.
— Parce que tu crois que j'aurais voulu de toi, sourire d'enfer ?Il est gratifié en retour de plusieurs coups de serviette dont il se saisit en riant.
— Ça va ! Ça va ! J'arrête de t'embêter. Parle-moi plutôt du tome quatre. Comment vont Camille et Ansel ?
Une autre chose que j'adore chez Dante ? Son intérêt réel et profond pour mon travail. Plus que n'importe qui, Dante sait combien Ansel et Camille sont importants pour moi. Il a été mon tout premier lecteur, avant même Effie, l'été où j'ai rédigé les premiers chapitres de My life is a love song. Je nous revois presque, assis tous les deux sur mon lit au ranch, lui m'écoutant lire à voix haute ce que j'avais écrit dans la journée. J'ai réalisé que je tenais quelque chose le soir où il est venu réclamer la suite de l'histoire. C'est lui aussi qui m'a convaincue de la poster en ligne. Alors, si c'est à Clark que je dois une partie de mon inspiration, c'est Dante qui m'a donné la motivation nécessaire pour partager mon texte avec le public.
— Après le rendez-vous à L.A, on a décidé de céder les droits à Netflix. Et le tome un va de nouveau être traduit, en danois.
— Wahou, ça fait combien de langues du coup ?
— Dix-sept. En ce qui concerne le tome quatre, mon principal problème pour le moment, c'est de décider comment les choses vont finir.
— Qu'en dit le net ?
— Sur les sites de fans, les avis sont partagés. Environ cinquante pour cent des gens pensent que ce sera un happy end. Le reste est persuadé que je vais me la jouer autrice sadique jusqu'au bout et clore la série sur un drame.
— Et toi, tu en penses quoi ?
— Qu'à ce stade, je ne sais toujours pas où je vais.
— Vu que tu n'as pas encore mis un seul orteil dans l'eau, le prochain endroit où tu vas c'est dans la piscine, sorcière !Clark se tient au pied de mon transat et même après plusieurs années de séparation, je reconnais ce ton de voix entre mille. Nous restons un court instant à nous observer, chacun tentant d'envisager le prochain mouvement de l'autre. Je pourrais essayer de prendre la fuite, bien sûr. Mais à part me massacrer la plante des pieds sur le gravier et transpirer inutilement, le résultat sera le même. Parce que, franchement, quelle chance ai-je de ne pas finir dans la piscine face à un, deux – apparemment Dante a choisi son camp – géants qui ont passé leur adolescence à courir après un ballon ?
— Je ne vous ferai pas l'honneur de me débattre ou de vous demander de ne pas le faire. Ça vous ferait trop plaisir ! Je préviens en leur tendant mes poignets comme une condamnée qui se laisse arrêter.
— Quelle preuve de maturité, Mati ! Très impressionnant vraiment ! Et maintenant ma puce, à l'eau !Beckett qui vient d'apparaitre derrière moi me saisit par les épaules, Dante attrape mes chevilles. Et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, j'effectue un magnifique vol plané et atteins l'eau en aspergeant partout autour de moi. Le temps que je refasse surface, des rires et de suppliques retentissent, alors que les jumeaux tentent de faire suivre le même chemin à Effie, qui, contrairement à moi, n'est pas du tout décidée à les laisser faire. Elle menace, promet des représailles et en dernier recours, s'accroche de toutes ses forces à Beckett qui n'a pas d'autre choix pour l'entraîner dans l'eau que de sauter avec elle.
Restés sur le bord, Dante et Clark se poussent jusqu'à se retrouver tous les deux dans l'eau à leur tour. On se bouscule, on s'arrose, on se met la tête sous l'eau, redevenus soudain des enfants. Occupée à surveiller Dante qui s'avance sous l'eau, sûrement dans le but de me faire boire la tasse, je sursaute quand deux mains gigantesques et brûlantes se posent soudain sur mes hanches.
— Bouh ! chuchote la voix de Clark à mon oreille.
C'est un geste anodin et sans aucun sous-entendu, un jeu. Pourtant, mon corps tout entier est parcouru d'un frisson aussi délicieux que familier. Il faut que je m'éloigne, tout de suite. Aussi, c'est avec soulagement que je laisse Clark me soulever dans ses bras et me jeter un peu plus loin dans la piscine. Mon cerveau sait que retomber amoureuse de lui serait une terrible erreur. Mais mon corps, lui, n'a pas eu le mémo.
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Boys in books are better
RomanceCoup de pouce et finaliste du concours Fyctia "C'est un dix mais..." Matilda a été amoureuse de Clark toute son enfance. Après cinq ans sans le voir, elle s'apprête à retrouver celui qui a fait battre son cœur durant des années et lui a inspiré les...