Je me lèvre les yeux bouffis et la bouche sèche d'avoir trop pleuré. J'ai l'impression d'être un gigantesque raisin sec. Et ma tête dans le miroir de la salle de bain me confirme que j'ai aussi l'air d'un raisin sec. Magnifique ! Et joyeux anniversaire surtout !
La lumière qui filtre par les persiennes me laisse à penser qu'il est encore tôt et je décide de m'accorder une petite session d'écriture avant le début des festivités. Après tout, c'est aussi l'anniversaire de Camille aujourd'hui. Et quoi de mieux que d'offrir à mon héroïne une bonne scène d'amour non réciproque et de frustration en ce jour spécial ?Comme hier, je descends doucement l'escalier, mon ordinateur et mon carnet sous le bras. En revanche, l'accueil que je reçois en passant la porte de la cuisine est bien moins chaleureux.
— Non ! Non ! Non ! Interdiction de passer la porte de cette pièce pour toi aujourd'hui trésor.
— Bonjour à toi aussi Jean.
— Pardon, je manque à tous mes devoirs.
Mon beau-père m'écrase dans un énorme câlin.
— Bonjour trésor et très joyeux anniversaire. Maintenant, éloigne-toi de cette cuisine et si je te vois roder à plus de dix pas de cette porte, tu auras des ennuis.
— Je voulais juste un thé.
— Je t'apporte ça dans une minute. File !
Et Jean me claque littéralement la porte au nez. Bon, il ne me reste plus qu'à m'installer sur la terrasse, je suppose.
Moi qui me pensais seule, j'ai la désagréable surprise de me rendre compte que quelqu'un est déjà levé. Adossé à la rambarde, un homme fixe le jardin, dos à moi. Un instant, je me demande si ce n'est pas Clark et tout mon corps se tend. Je ne suis pas encore assez réveillé pour l'affronter de bon matin.
Mais quand je pose mon ordinateur sur la table, attirant l'attention de l'homme, je réalise soudain que ce n'est absolument pas Clark. Et que je connais parfaitement cette silhouette chaussée d'une paire de santiags usées. Du coin de l'œil, je repère un Senton posé sur une chaise. Et avant que mon cerveau ait eu le temps de faire la mise à jour, l'inconnu cesse d'en être un quand il se retourne pour m'adresser un grand sourire.
— Tu es drôlement matinale, petite.
Cet accent trainant me fait aussitôt monter le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux. En trois pas, je me blottis dans les bras de...
— Alcott !
L'ainé des frères Winslow m'enferme dans un câlin qui sent la paille fraîche, la lessive et certains de mes meilleurs souvenirs d'enfance.
— Eh bien quel accueil ! Bonjour gamine.
— Tu es arrivé quand ?
— Il y a une heure. Juste à temps pour l'anniversaire de mon rase-mottes favori.
— Je ne suis pas un rase-mottes.
— Petite, si je regarde droit devant moi, tu n'entres même pas dans mon champ de vision.
Alcott est là ! Alcott est là ! Alcott est là ! Mon cœur malmené se gonfle de joie et d'amour.
Comme hier, Jean apparait en portant un plateau qui ne contient cette fois qu'un service à thé et une tasse de café.
— Pas de petit déjeuner d'anniversaire pour moi ? Je demande avec une moue exagérément triste.
— Ta mère me tuera si tu déjeunes avant que tout le monde soit levé. Désolé trésor, mais tu vas devoir patienter encore un peu.
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Boys in books are better
RomanceCoup de pouce et finaliste du concours Fyctia "C'est un dix mais..." Matilda a été amoureuse de Clark toute son enfance. Après cinq ans sans le voir, elle s'apprête à retrouver celui qui a fait battre son cœur durant des années et lui a inspiré les...