— Tu n'es absolument pas concentré sur le jeu. C'est déjà suffisamment facile de te battre, si tu n'essayes même pas de te défendre ça va devenir carrément ennuyeux.
L'esprit ailleurs, je n'ai pas entendu Effie arriver. Elle a parfaitement raison, je n'ai pas la tête à la compétition ce soir. À dire vrai, mon cerveau tourne à plein régime et toutes mes pensées sont dirigées vers une seule et même personne.
— Tu sais, réfléchir si fort quand on n'a pas l'habitude, c'est risqué. On ne parle pas assez des dangers d'un claquage au cerveau.
— Je suis quasiment sûr que le cerveau n'est pas un muscle.
— Ah ! Il répond. Le voilà de retour ! Bonsoir, Effie enchantée, je suis ta meilleure amie depuis presque trente ans, tu me remets ?
— C'est fou comme ton humour va décroissant par rapport à ton niveau d'ébriété.
— Même saoule comme une barrique, je serai toujours plus drôle que toi petit con. Et capable de me rendre compte quand tu tentes de changer de sujet. Qu'est-ce qui se passe là-dedans ? demande-t-elle en me tapotant le front de l'index.
— Rien de particulier, je suis un peu fatigué moi aussi. Il faut dire qu'un certain sergent-chef de ma connaissance nous mène un train d'enfer.Effie me pince la cuisse fort, pour me venger, je lui ébouriffe les cheveux et manque perdre une main quand elle tente de me l'arracher. Nous nous chamaillons comme des gosses jusqu'à ce que je coince la tête d'Effie sous mon bras et lui frotte le crâne du poing.
— Arrête ! C'est bon, tu as gagné !
— Ah le doux parfum de la victoire.Je la relâche et cette tricheuse me colle un coup de coude dans l'estomac en se redressant.
— Oups !
— Tu ne perds rien pour attendre, sale peste !Plus mature que jamais, Effie me tire la langue. Et avant que j'aie eu le temps de démarrer une nouvelle bagarre, elle lâche.
— Matilda va bien, tu sais.
J'aurais dû me douter qu'Effie verrait aussi clair dans mon jeu que lors de nos parties de cartes.
— Elle avait l'air triste.
— Elle avait l'air fatiguée surtout. Contrairement à toi et moi, Mati n'est pas une créature sociale, parfois, elle a besoin d'un moment seul pour recharger ses batteries. Et vu qu'elle passe le plus clair de son temps avec toi en ce moment, je ne serais pas surprise qu'elle ait besoin d'encore plus de temps pour refaire le plein.
— Personne ne sait jamais plein d'avoir été épuisé par moi, je rétorque en jouant des sourcils.
— Tu es vraiment un porc ! C'est de ma sœur dont on parle.Je le sais bien, trop bien. Cette même sœur qui remplit mon esprit d'idée et d'image imprévues. Mais je ne veux pas penser à ça. Tout comme je ne veux pas penser à la tristesse qu'il m'a semblé voir dans les yeux de Matilda quand elle a m'a dit bonne nuit. Quelque chose l'a contrarié et je donnerais cher pour savoir quoi. Effie me fait les gros yeux. Et je me reconcentre sur mon activité favorite : l'embêter.
— Ne sois pas jalouse, chaton, tu aurais pu goûter à tout ça toi aussi, mais tu as préféré mon artiste maigrichon de frère jumeau, je la taquine.
Quoi de mieux pour se changer les idées que de faire chier sa plus vieille amie ?
— Oh mon Dieu ! Je vais vomir. Je ne te toucherai même pas avec bâton gros crétin.
— Ça tombe bien parce qu'en général le bâton, c'est moi qui l'ai. Dans mon pantalon.
— Tu. Me. Dégoutes.Je m'approche d'elle en faisant, une nouvelle fois, danser mes sourcils et incapable de retenir son sourire, Effie me repousse en riant à moitié.
— Dégage de là, gros naze !
Nous recommençons à nous chamailler et elle piaille quand je lui pince le genou pour la chatouiller. Cette petite peste se venge évidemment en s'attaquant à mon estomac.
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Boys in books are better
RomansaCoup de pouce et finaliste du concours Fyctia "C'est un dix mais..." Matilda a été amoureuse de Clark toute son enfance. Après cinq ans sans le voir, elle s'apprête à retrouver celui qui a fait battre son cœur durant des années et lui a inspiré les...