Chapitre 6

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22 juin

Cela faisait un semaine que Charlotte avait dit qu'elle allait appeler Paul mais elle ne l'avait toujours pas fait. Ce n'est pas qu'elle ne voulait plus mais elle n'avait tout simplement pas le temps. Oui elle aurait pu avoir le temps mais à 23h. Et d'après elle quand on appelle quelqu'un à cette heure là c'est que quelques chose de grave était arrivée. Alors elle ne l'avait pas fait.
Mais là, en ce dimanche après midi, elle avait le temps. Assise sur sa terrasse elle fixait la carte de visite de Paul comme si elle attendait qu'elle prenne vie et lui dise quoi faire. Elle resta ainsi de longues minutes. Puis rassemblant tout son courage elle attrapa son téléphone et composa le numéro sur la carte. Alors que la première tonalité retenti Charlotte est prise de panique : était-ce une bonne idée ? Avait-elle vraiment envie d'entendre ce qu'il avait à lui dire ? N'était-elle pas un peu maso à vouloir se faire souffrir ainsi ? Pourquoi maintenant ?
Les questions défilaient ainsi dans sa tête lorsqu'elle entendit :
- Allo ?
La bouche de Charlotte s'assécha d'un coup. Elle paniqua. Son cerveau ne semblait pas vouloir fonctionner :
- Lottie, je sais que c'est toi, tu as toujours le même numéro. Respire profondément et compte jusqu'à dix.
Charlotte le détesta, il la connaissait vraiment bien. Mais elle s'exécuta. En entendant Charlotte expirer, Paul repris :
- Ça va mieux ?
- Oui, réussi à articuler Charlotte
- Bon tant mieux.
La jeune femme ne répondit rien. Un silence s'installa. Au début quelques secondes, qui se transformèrent en minutes. Charlotte qui avait mis son téléphone en haut parleur voyait défiler le temps d'appel à l'écran. Au bout de cinq minutes, Paul repris :
- Ce n'est pas que ça me dérange de ne rien se dire ensemble mais souvent les gens se parlent au téléphone.
- Oui je sais, répondit enfin Charlotte, mais c'est toi qui m'a demandé de t'appeler.
- C'est vrai en effet. Je t'avoue que je commençait à me dire que tu ne m'appellerais pas.
- En même temps tu veux qu'on se dise quoi ? Que seize ans se sont écoulées, qu'on a vieilli ? Si c'est pour se dire ce genre de banalité je pense qu'on peut raccrocher toi et moi. Justement on a vieilli et on a sûrement bien mieux à faire.
- Étant donné que tu m'appelles un Dimanche après midi à 15h, je doute que tu aies mieux a faire Lottie.
- Oui et tu prends le temps de répondre donc j'en conclu que toi non plus tu n'as rien de mieux à faire. Il ne l'a pas volé celle là pensa Charlotte.
- Tu marques un point.
- Donc, que veux tu?
- Toi !
Elle ne l'avait pas vu venir. Elle s'était attendue à tout un tas de chose venant de Paul mais qu'il soit aussi direct elle n'y aurait jamais pensé, il ne l'avait jamais été.
- Ça fait 18 ans que je me voile la face. 18 ans au cours desquelles je t'ai repoussé, fait souffrir, tenté de t'oublier. Alors maintenant je pense qu'il est grand temps de te reconquérir.
A ses mots Charlotte réagis de la seule manière humainement possible, elle raccrocha et jeta le téléphone dans l'herbe aussi loin que possible, comme si le téléphone était recouvert d'acide et que le moindre contact la brulait. Puis elle partis en courant dans la direction opposée : la maison. Elle alla se cacher dans la salle de bain, ferma la porte et s'assit par terre contre cette dernière.
Lorsqu'elle eut repris son souffle, elle réfléchit : pourquoi avoir jeté le téléphone ? Lui raccrocher au nez : d'accord c'était justifié mais partir en courant était-ce vraiment nécéssaire? Il n'était pas là ! Elle était chez elle et lui, chez lui ! C'était tout l'intérêt des appels téléphoniques. Alors elle décida de sortir de sa cachette. Elle alla chercher son téléphone. Il y avait de multiples appels en absences de Paul et un unique texto :
Rappelle moi quand tu vois ce message.
Elle lui répondit :
Pas sur que ce soit une bonne idée.
La réponse de Paul ne se fit pas attendre :
Ne fait pas l'enfant, Lottie, s'il te plait. J'aimerais vraiment qu'on parle.
Elle réfléchit quelques instants, voulait-elle vraiment lui parler ? Voulait-elle vraiment entendre ce qu'il avait à lui dire ? Avant même qu'elle ne trouve les réponses à ses questions, son téléphone sonna : Paul. Il était entrain de l'appeler. Elle se rendit compte qu'il n'avait pas changé de numéro lui non plus mais surtout qu'elle avait gardé son numéro malgré toutes ces années. A la troisième sonnerie elle décrocha :
- Oui Paul?
- J'ai une question à te poser.
- Une seule en seize ans ?
- C'est celle que je dois te poser maintenant avant d'oublier.
- Ok.
- Laisse moi deviner, après m'avoir raccroché au nez tu t'es sauvée en courant pour aller te cacher ?
Elle était estomaquée, comment pouvait-il savoir ?
- Ne te fais pas de noeud au cerveau, je te connais par cœur.
- Peut être il y a seize ans mais comme tout le monde : j'ai changé.
- Certaines choses sont immuables et tu le sais. Et je suis persuadé que tes réactions quand tu paniques ne peuvent pas avoir changé. J'espérais seulement que tu ne paniquerais pas en te disant ça.
- Peut être, répondit-elle, dubitative.
- Tu sais que j'ai raison et tu détestes ça.
- C'est bien jolie mais maintenant que tu as vidé ton sac, tu ne penses quand même pas que : petit un je vais te croire, petit deux je vais te reprendre la bouche en cœur et petit trois qu'on va gambader dans les champs en étant heureux pour toujours ?
- Qu'est ce que tu peux être rabat-joie quand tu t'y mets. Je me doute bien que ça ne va pas être facile. Mais donne moi un mois. Seulement un mois. Et si en un mois je n'ai pas réussi à ce que tu retombes amoureuse de moi, je te laisserais tranquille.
- Un mois ? Tu crois vraiment que j'ai encore envie de t'accorder un mois de mon temps après tout ce qu'on s'est fait subir mutuellement ?
- Lottie . . .
- Je t'ai déjà dit d'arrêter de m'appeler comme ça ! S'écria-t-elle excédée.
- Ok. Charlotte s'il te plait, juste un mois c'est tout ce que je demande.
Avant de répondre elle prit le temps de réfléchir, après tout un mois ce n'était rien. Et il habitait à une heure de route, donc en plus de son travail il ne devrait pas être trop sur son dos.
- D'accord. Un mois mais pas un jour de plus.
- Tu ne vas pas le regretter je te le promet. À demain.
Charlotte voulu répondre mais trop tard il avait déjà raccroché. Elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre mais par expérience elle savait qu'elle devait s'attendre à tout avec Paul.

Falling in love, Again ! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant