Chapitre 9

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25 juin - Jour 3

Charlotte travaillait dans son bureau, Buddy, couché dans son panier, ronflait paisiblement. C'était le milieu d'après midi mais la jeune femme n'arrivait pas vraiment à se concentrer. Elle n'arrêtait pas de repenser à la discussion de la veille avec Paul. Il avait débarqué sans prévenir, blanc comme un linge et avant même qu'elle n'ai eut le temps de dire quoique ce soit :
- Pardon.
un silence s'installa entre eux, puis Charlotte demanda :
- Pourquoi?
- Je suis un idiot.
- C'est pas nouveau, répondit-elle.
- Non en effet ce n'est pas nouveau. Mais je me suis rendu compte qu'il fallait que je te présente des excuses pour tout ce qu'il s'est passé il y a dix-sept ans. Je ne l'avais jamais fait. Donc excuse moi de t'avoir fait souffrir, excuse moi d'avoir été un idiot et enfin excuse moi de ne pas avoir été honnête avec toi. J'aurais dû te dire à l'époque que je t'aimais, parce que c'était le cas. Et ce matin j'aurais dû te rattraper. Encore mieux je n'aurais pas dû me cacher quand tu es partie. J'aurais dû te dire tout ça à ce moment là. Excuse moi pour ça aussi.
Charlotte ne répondit pas. Elle regardait Paul avec intensité. Après un certain temps de réflexion elle était prête à répondre mais Paul enchaîna :
- Je vais te laisser, je venais juste pour ça. Je pense que c'était important que je te présente des excuses si tu dois me laisser une chance de te reconquérir.
Il la regarda une dernière fois et parti. Charlotte était toujours devant la porte, les bras ballant quand elle entendit la voiture de Paul démarre et partir. 

Elle avait beau essayer de se concentrer sur les mails qu'elle devait traiter, Charlotte ne savait toujours pas quoi penser de ce qu'il s'était passé la veille. Elle avait tellement attendu ce moment, qu'elle avait fini par penser que Paul ne lui présenterait jamais d'excuse. En même temps, un mois plus tôt elle ne pensait pas le revoir un jour. Et maintenant qu'il lui avait fait ses excuses elle ne savait pas si elle devait les accepter.
Elle était sur sa troisième tentative pour rédiger son mail lorsqu'on sonna à sa porte. Elle n'attendait personne.
Elle ouvrit la porte et y découvrit un livreur souriant :
- Charlotte BERARD ?
- Oui c'est moi.
- J'ai un colis pour vous, pouvez vous me signer le reçut ?
Elle attrapa la tablette que le livreur lui tendait et signa avec son doigt. Une fois fait il lui tendit son colis.
- Vous êtes sur que c'est pour moi ? Je n'ai rien commandé. Elle regarda le colis. Et il n'y a pas le nom de l'expéditeur.
- Oui oui c'est bien pour vous madame. Bonne journée.
Elle regarda le livreur partir et rentra pour ouvrir son colis mystère.
Elle le posa sur la table de la salle à manger, attrapa une paire de ciseaux dans la cuisine et coupa le scotch qui scellait le colis. A l'intérieur se trouvait une lettre, et une boîte. Elle commença par la lettre. Lorsqu'elle dépliât le papier, elle reconnu aussitôt l'écriture. Paul lui avait écrit une lettre :

Ma Lottie,

Je suis un idiot et je sais que tu ne voudra pas me voir pendant quelques jours le temps que tu digères tout ça. Je vais te laisser du temps et de l'espace. Mais pour ne pas que tu m'oublies, même si je suis quelqu'un d'inoubliable (Charlotte leva les yeux au ciel), je préfère être prudent, je t'ai préparé un petit quelque chose. Avec cette lettre il y a une boite. J'aimerais que tu chausses tes plus belles chaussures de randonnées, ne fait pas comme si tu n'en avais pas, et que tu montes aux Trois Croix avec cette boite. Une fois en haut tu pourras l'ouvrir.
Ne fais pas la forte tête à ne pas vouloir le faire et à prétexter que tu as mieux à faire.
Je sais que je ne suis pas en position de te demander quoi que ce soit, mais je vais le faire quand même. S'il te plait, fait le pour moi.

Bien à toi
Paul

C'était bien du Paul tout craché : faire un mystère de pas grand chose. Et les Trois Croix ! Elle détestait l'ascension de cette randonnée en hiver. Mais elle ne se lassait pas de la vue. On pouvait voir tous les hameaux entre Fontcouverte et la Toussuire ainsi qu'une partie de la vallée. Cette vue était incroyable.
Elle ne réfléchit pas longtemps. Elle voulait savoir ce que contenait cette boite. Elle enfila un short, un t-shirt et ses chaussures de randonnées. Elle attrapa son sac a dos, y mis la boite, une casquette ainsi qu'une bouteille d'eau. Avant de partir elle mis à Buddy son harnais et attrapa sa laisse avant de claquer la porte. Depuis chez elle, elle pouvait rejoindre le sentier menant aux Trois Croix sans prendre la voiture. Elle marcha quelques minutes et arriva au départ du sentier. Elle prit une grande inspiration et entama l'ascension.
La randonnée n'était pas très longue. Une trentaine de minutes tout au plus, en prenant son temps. Il faisait grand ciel bleu et chaud ce jour là et elle se félicita d'avoir prit une casquette. Arrivée à mi-chemin elle s'arrêta et bu un peu d'eau sous le couvert des arbres. Buddy, lui, courait joyeusement un peu plus loin devant.
Lorsque Charlotte arriva en haut, Buddy était allongé sous la table d'observation, cherchant l'ombre. Il était 17h et bientôt il commencerait à faire un peu moins chaud. Elle sorti la gamelle de son chien et la rempli d'eau. Buddy ne se fit pas prier.
Charlotte observait la vue. Elle ne savait pas laquelle elle préférait ; celle en hiver lorsque le manteau blanc de neige recouvre tout, ou celle d'été quand le vert chatoyant des près et des arbres donne encore plus de relief à la montagne.
Elle sorti enfin la boîte de son sac. C'était une boîte en métal, elle ressemblait étrangement en caisse en métal que peuvent avoir certain commerçant.  Il y avait un fermoir à levier pour l'ouvrir. Elle ouvrit la boîte et y trouva : un dictaphone, un sachet de friandises pour chien, un paquet de ses biscuits préférés : des petits écoliers chocolat au lait avec éclats de noisettes et un baume à lèvres avec protection solaire. Sur le dictaphone une petite étiquette blanche indiquait « écoute moi ». Elle s'exécuta.
« Je vois que pour une fois tu m'as écouté ! Si tu écoutes ce message c'est que tu as ouvert la boîte. Alors commence par donner des friandises à Buddy, il les a bien mérité. » Le chien redressa la tête, Charlotte lui tendit une friandise, qu'il ne se fit pas prié pour la manger.
« Pense aussi à mettre du baume à lèvres, il fait un sacré soleil là haut et beaucoup de gens ne pensent pas à se protéger les lèvres. Je me doute que tu as déjà commencé à manger des biscuits. . . » Charlotte releva la tête à son tour la bouche pleine, persuadée que Paul était là à l'épier.
« . . . Et tu as eut raison, ils risquaient de fondre. Enfin régale toi avec la vue. Je te laisse de l'espace, mais je suis un peu avec toi pour partager ce moment. »
Charlotte était touchée par cette boîte. Paul avait pensé à tout. S'en était presque irritant. Mais elle appréciait sincèrement le geste. Alors pour le remercier elle dégaina son téléphone et avec Buddy, il firent un selfie qu'elle envoya aussitôt à Paul avec pour légende : tu es un peu avec nous, merci

Falling in love, Again ! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant