Chapitre 3

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13 juin

    Charlotte s'affairait. Elle était en retard pour une réunion et ne se le pardonnerait jamais si elle n'obtenait pas ce contrat. En temps que directrice de sa propre maison d'édition et son unique employé, elle ne pouvait compter que sur elle même pour négocier avec de nouveaux auteurs.
    Buddy était allongé de tout son long sur le canapé et la regardait avec admiration courir à travers la maison pour trouver une baskets qu'elle avait déjà dans la mains. Puis soudain :
    - Tu y crois toi, mon Buddy, ma chaussure je l'avais déjà !!!    
    - Bah oui maman ze le savais, mais z'ai préféré te laisser cersser, Charlotte aimait « faire parler » son chien. Pour elle, il avait forcément un cheveux sur la langue et un humour enfantin. Même si Alex trouvait cette habitude un peu bizarre et n'arrêtait pas de dire que : seule les vieilles filles faisaient ça.
    - Oui je sais bien ma patate. Bon j'y vais. Je te dis à tout à l'heure. Elle lui caressa entre les oreilles et sortie de la maison.
   
    Charlotte habitait depuis presque 10 ans dans un chalet en Savoie, qu'elle avait acheté et retapé au fur et à mesure des années. L'habitation n'était pas immense, mais suffisamment grande pour Buddy et elle. On rentrait dans une pièce de vie en bois blanchie. La cuisine sur la droite, la salle à manger en face et le salon sur la gauche. Tous ces espaces cohabitaient et s'organisaient parfaitement ensemble. Un couloir, au fond de la pièce, desservait : deux chambres, un bureau et la salle de bain. Une porte fenêtre dans la cuisine donnait sur la terrasse. Depuis le chalet on avait une vue exceptionnelle sur les Aiguille d'Arves. Elle avait déjà été démarché par des agents immobiliers pour vendre son bien. Mais à chaque fois sa réponse était : «  ce n'est pas à vendre ». Elle ne voulait pas vendre ce chalet, c'était son chalet qu'elle avait acheté seule, elle avait fait les travaux seule, ou presque. Elle était très fière de ce qu'elle avait pu accomplir dans cette maison pour la vendre au plus offrant.
    Buddy pouvait gambader paisiblement dans le jardin et suivre la piste des petits lapins qui s'y baladaient la nuit.
    Elle était heureuse ici. Loin de tout, surtout en hiver. Le problème de la montagne en hiver, c'est qu'il faut anticiper la neige. Déneiger au besoin et monter les chaînes sur la voiture quand la météo l'impose. Prévoir aussi d'avoir les placards de provisions bien remplis pour ne pas avoir à prendre la voiture quand cela n'est pas nécéssaire et ainsi pouvoir passer quelques jours sans avoir à toucher la voiture.
    Comme elle était son propre patron et qu'elle n'avait pas de locaux, elle travaillait depuis chez elle. Donc en hiver, quand il neigeait, elle pouvait passer par moment, une semaine sans sortir de chez elle. Sauf pour balader Buddy.
    Elle aimait cette vie solitaire, Alex venait de temps en temps se réfugier chez elle avec les enfants. Ils passaient alors la soirée tous ensemble devant un dessin animé à manger des bonbons. Ils finissaient tous par s'endormir devant la cheminée.

    Le temps de trajet fut assez rapide car son potentiel futur client lui avait donnée rendez vous chez : Marcel et Fonsine à La Toussuire.
    Charlotte adorait cette adresse. Leur cuisine était succulente (la cuisson au feu de bois des pièces de boeuf était toujours parfaite), le pain fait maison et le cadre magnifique. Lorsqu'elle arriva son client l'attendait déjà en terrasse, un café devant lui :
    - Excusez moi je suis en retard.
    - Ne vous en faites pas j'étais en avance, je voulais profiter de la vue.
    - Je vous comprends c'est un de mes points de vue préféré de la station.
    Une serveuse arriva, Charlotte commanda un grand café glacé, lait d'avoine et sirop de caramel salé : son péché mignon.
    Charlotte et son client échangèrent pendant près d'une heure et demi sur les termes du contrat. A la fin de leur entretien ils avaient un accord. Charlotte était très satisfaite :
    - J'ai hâte de lire votre prochain ouvrage Yann.
    - Je suis en relecture dessus je vous le fait parvenir au plus tôt. Répondit Yann enjoué. Faites moi rêver quels sont vos projets pour le week-end ? Je cherche des sorties à faire dans la région.
    - Je pense que je vais partir en randonnée avec mon chien. Et vous?
    - Ah si vous avez une liste des randonnées à faire je suis preneur. Moi c'est finalisation de la relecture de mon dernier manuscrit. Ma maison d'édition me pousse pour l'avoir au plus tôt. Il ajoute cette dernière phrase d'un air mutin.
    - Oh mon pauvre. Je compatis pour vous. Il faudrait sûrement penser à changer. Continua-t-elle en riant.
    - Je suis sur le point de signer avec eux mais la directrice est une très belle femme et je ne sais pas lui résister.
    Charlotte se sentie rougir et détourna le regard.
    - Je . . . Hum, je devrais y aller.
    - Non restez. Excusez moi, je n'aurais pas dû.
    - Ce n'est rien. C'est juste que je ne m'y attendais pas et je n'ai plus vraiment l'habitude de ce genre de choses.
    - Faites comme ci je n'avais rien dit. Je vais vous laisser, j'ai encore du travail. Le manuscrit, ajouta-t-il avec un sourire penaud.
    - Je vous fais parvenir le contrat pour signature la semaine prochaine. Vous n'aurez qu'à me le renvoyer quand vous pourrez.
    - Je n'y manquerais pas.
    Il se leva, la salua d'un signe de tête et parti. Charlotte commanda alors un nouveau café. Elle était surprise de la remarque de son client. Charlotte ne manquait pas de confiance en elle. Elle connaissait son potentielle de séduction mais n'avait rien fait pour avoir ce genre de compliment surtout de la part de son client. D'autant plus qu'elle portait un t-shirt blanc col rond, un blazer bleu roi, un jean et une paire de Converse. C'était sa tenue préféré pour ses rendez-vous client. Elle était à l'aise et se sentait sur d'elle. Elle avait laissé ses cheveux brun aux reflets doré détaché, ils arrivaient juste au dessus de ses épaules. Elle s'était très peu maquillé, par manque de temps : du mascara et un baume à lèvre teinté.
    Elle pensait aussi que son client était mignon dans son genre. Si on aime les ornithologues à lunettes.
    D'un coup une image s'imposa à elle: Paul. Paul était un bel homme. Sans aucun doute. Elle avait fait tout son possible pour ne pas repenser à lui depuis qu'ils s'étaient croisé deux semaines plus tôt.
    Elle avait fourré sa carte de visite dans sa poche, en boule. Elle avait voulu la jeter mais le regard noir d'Alex l'en avait dissuadé. Elle devait la voir se soir pour manger. Charlotte savait qu'Alex lui demanderait si elle avait contacté Paul.
    Jusque là sa meilleure amie ne lui avait pas reparler de Paul. Elles s'étaient appelées, de nombreuses fois, mais à aucun moment Alex n'avait fait allusion de près, ou de loin à Paul. Elle lui laissait sûrement le temps de digérer ce qu'il venait de se passer.        
    En vérité, elle s'était tellement appliquée à essayer de ne pas penser à lui qu'elle ne s'était même pas poser la question : devait-elle l'appeler? En avait-elle envie?
    Ce qui l'énervait surtout c'est qu'il avait réussi à semer le doute en elle, juste en l'ayant vue moins de 10 minutes. La route du retour lui avait paru interminable. Elle avait revécu en details leur relation et chacune de leur séparation. Elle avait pleuré une bonne partie du voyage, Buddy la regardant, la tête penchée sur le coté sans vraiment comprendre la situation.

Falling in love, Again ! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant