Mahi... Maïs...
Mais quel voyou !
David je te déteste.
Je t’ai demandé, moi, si David rimait avec... euh... je ne sais pas moi... !
Et puis zut, il m’énerve.
Mahi se glissa souplement du mur ou elle était assise depuis déjà quelques minutes afin de ruminer ses pensées. Elle allait faire payer à David de s’être moquer de son prénom.
Le soleil était lentement entrain de descendre, ce qui signifiait, d’après les calculs de Mahi, qu’ils devaient être en fin d’après midi. Il faisait encore très chaud, et les hautes herbes jaunes, qui faisaient la taille de la petite fille, entravaient sa progression.
— Je déteste ces herbes, pesta t-elle, ça pique.
Mahi était en effet de mauvaise humeur. D’habitude, à cette heure là, elle serait entrain de sauter dans la cascade pour se rafraichir, mais des garçons étaient venus se moquer d’elle. De plus, normalement, elle aimait jouer avec ces longues herbes, qu’elle tressait pour fabriquer des bateaux miniatures, qu’elle jetait ensuite dans l’eau.
En traversant le champ, elle sentit le sol poussiéreux sous ses pieds nus. Autour d'elle, les étendues de blé doré semblaient danser sous la légère brise de fin d'été. Les chaumières des paysans se dessinaient à l'horizon, avec leurs toits de chaume et leurs murs en torchis. Les champs étaient parsemés de silhouettes courbées, des hommes et des femmes qui travaillaient la terre, leurs visages rougis par le soleil. Elle entendait au loin les cris joyeux des autres enfants qui jouaient autour d'un moulin, tandis que les chiens aboyaient paresseusement en gardant les troupeaux de moutons.Un peu plus loin, un petit pont de pierre enjambait une rivière scintillante, sa rivière préférée. Les roseaux ondulaient doucement au bord de l'eau, créant une mélodie apaisante. Des oiseaux chantaient haut dans les arbres, leur trille se mêlant au bourdonnement des abeilles qui butinaient les fleurs sauvages. À côté de la rivière, une forge dégageait une chaleur intense, et Mahi pouvait voir les étincelles jaillir sous les coups de marteau du forgeron, martelant le fer incandescent. Si elle avait été de bonne humeur, elle serait partie le voir, pour sagement observer Jean le forgeron. Mais pas aujourd’hui.
Mahi se fraya alors un chemin jusqu'à une clairière ombragée, où une vieille cabane en bois se tenait au bord de l’étang. C’était un endroit secret où elle venait souvent se réfugier. Elle se laissa tomber dans l’herbe douce, épuisée. Le visage de David flottait toujours devant ses yeux, avec son sourire narquois. Mais ici, entourée de la beauté tranquille de la nature, sa colère commençait à s’estomper.
– Un jour, je leur montrerai, murmura-t-elle en serrant les poings.
Ils ne se moqueront plus de moi.
Le ciel commençait à prendre des teintes de pourpre et d’orange, annonçant la fin de la journée. Des paysans commençaient à rentrer chez eux, portant leurs outils sur l’épaule et discutant joyeusement de la récolte. Mahi se releva, épousseta sa robe et se dirigea vers le sentier qui menait au village. Elle savait qu’elle devait rentrer avant la tombée de la nuit, sinon elle risquait d’être privée de repas.Sur le chemin du retour, elle croisa des voyageurs venus de contrées lointaines, leurs chariots chargés de marchandises exotiques. Leurs récits d’aventures captivaient les villageois, qui se rassemblaient autour d’eux pour écouter leurs histoires. Mahi s’arrêta un instant pour écouter, rêvant de voyages et de découvertes. Elle se glissa discrètement parmi les villageois rassemblés autour d'un voyageur à l'air intrépide. Il portait un chapeau de feutre usé, et sa cape en lambeaux témoignait des nombreuses aventures qu’il avait vécues. Sa voix résonnait avec une assurance captivante, et Mahi, petite fille de dix ans seulement, se laissa emporter par son récit.
– ...et c’est alors que je me suis retrouvé face à face avec le dragon rouge des montagnes d’Azgaroth, disait-il en désignant le ciel de son bras robuste. Ses écailles étincelaient comme des rubis sous la lumière de la pleine lune, et ses yeux, oh ses yeux, étaient deux flammes vivantes qui semblaient percer mon âme.
Les villageois écoutaient, bouche bée, les yeux écarquillés d’émerveillement. Mahi sentit son cœur battre plus fort. Un dragon rouge ! Elle n’avait jamais entendu parler d’une créature aussi fantastique dans leur paisible village.
– Comment avez-vous survécu ? demanda un enfant, ses yeux brillants d’admiration.
Le voyageur esquissa un sourire mystérieux.
– Grâce à cette dague, répondit-il en sortant une petite lame ornée de gemmes scintillantes de sa ceinture. Elle a été forgée par les nains de la cité souterraine de Khazad-Dûm, dans le plus pur mithril. Une arme aussi légère qu'une plume, mais capable de percer les écailles les plus résistantes.
Mahi ne pouvait détacher son regard de la dague. Elle imaginait déjà ses propres aventures, armée d'une telle arme, affrontant des dragons et explorant des cités cachées. Mais le voyageur ne s’arrêta pas là.
– Après avoir terrassé le dragon, je suis descendu dans la vallée des vents éternels, où les arbres chantent au rythme du vent. C’est là que j’ai découvert la fontaine de jouvence, dont l’eau a le pouvoir de guérir toutes les blessures et de prolonger la vie. J’ai vu des fleurs qui n’existent nulle part ailleurs, des couleurs si vives qu’elles semblaient irréelles.
Les villageois échangeaient des regards émerveillés, rêvant probablement eux aussi de ces contrées lointaines et magiques. Mahi, cependant, sentit une détermination nouvelle naître en elle. Un jour, elle partirait à l’aventure, elle aussi. Elle découvrirait des lieux incroyables et vivrait des expériences extraordinaires.
Cependant, l’appel de la maison était plus fort, et elle reprit son chemin, le cœur un peu plus léger. En arrivant devant la petite maison de ses parents, elle vit sa mère qui l’attendait sur le seuil, un sourire tendre sur les lèvres.
– Tu es rentrée, ma chérie. Le souper est prêt.
Mahi sourit en retour et se précipita dans les bras de sa mère, oubliant un instant sa colère et ses soucis. La chaleur du foyer et l’amour de sa famille étaient tout ce dont elle avait besoin pour apaiser son cœur. Mais au fond d’elle, une petite flamme de détermination continuait de brûler. Un jour, elle prouverait à David et à tous les autres qu’elle était bien plus que son stupide prénom.
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Le Château De Feu
RomancePlongée dans la guerre, Mahi n'a pas d'autre choix que de s'y engager. Au milieu des dangers, elle découvre le prince. Ce mystérieux personnage qui semble semble s'intéresser à elle. Elle vient d'avoir dix huit ans, et son destin est déjà tout tracé...